Algérie : La « Mecque des révolutionnaires » pleure Fidel Castro
Pour comprendre l’onde de choc provoquée par la mort de Fidel Castro en Algérie, il faut se souvenir que le 14 août dernier, c’est… dans un survêtement aux couleurs de l’équipe algérienne de football que le leader cubain était apparu à la cérémonie organisée pour ses 90 ans.
Dans un long message diffusé samedi soir, le président Abdelaziz Bouteflika s’est désolé de perdre « un ami et un compagnon de plus d'un demi-siècle ».
« J'ai déjà dit que Fidel avait la rare faculté de voyager dans le futur, de revenir et nous le raconter. Il aura mérité sans conteste de figurer au panthéon des rares hommes qui ont été à la fois précurseurs et acteurs des dynamiques qui ont dessiné la marche de notre monde », a-t-il ajouté.
La présidence a également décrété un deuil national de huit jours.
Les quotidiens ce dimanche matin lui rendent quasiment tous hommage.
L'éditorialiste Tayeb Belghiche, qui a vécu la visite de Fidel Castro à Alger en mai 1972, se souvient dans El Watan : « Houari Boumediène et Fidel Castro descendaient la rue Didouche Mourad à bord d’une limousine décapotable. À un moment, la voiture s’arrête, elle ne pouvait plus avancer. La foule était si dense, si enthousiaste, au point que les deux hommes d’État ont été obligés de poursuivre à pied, en violation de toutes les règles de sécurité. Jamais le peuple d’Alger ne s’est autant mobilisé pour accueillir un hôte étranger et un tel accueil ne s’est pas reproduit jusqu’à ce jour. »
Fidel Castro est venu en Algérie en 1972 et 1976. Sa dernière visite officielle remonte à mai 2001. Abdelaziz Bouteflika s’est rendu à Cuba en 2000 et en 2009.
Cette amitié entre le dirigeant cubain et l’Algérie, explique-t-il, est née « d’un même combat ». Celui pour la liberté lorsque les Cubains se battaient contre Batista, et celui des Algériens contre le colon français. Si bien que quelques mois après l’indépendance, Ahmed Ben Bella se rendra à Cuba au mépris de l’embargo américain.
En 1963, lors de la guerre des Sables (conflit entre le Maroc et l’Algérie), Cuba envoie des soldats et des armes pour soutenir l’armée algérienne.
« L'Algérie et Cuba entretiennent des relations privilégiées depuis plus de 50 ans qui se traduisent par des positions et approches semblables sur nombre de questions internationales [comme la cause palestinienne ou la cause sahraouie] », résume l’APS, l’agence de presse officielle.
En octobre dernier, le Premier ministre Abdelmalek Sellal, qui s’était rendu à La Havane pour une visite officielle de trois jours, avait rencontré Fidel Castro à qui il avait remis un burnous (tenue traditionnelle algérienne) et à qui il avait confié « se sentir chez lui » à Cuba.
Sur les réseaux sociaux, de nombreux Algériens ont plaisanté sur la récente visite du Premier ministre, célèbre pour ses blagues, et le décès de Fidel Castro.
Cette amitié politique « indestructible », pour reprendre les mots de Raul Castro en visite à Alger en 2009, s’était traduite par de nombreux accords bilatéraux, en particuliers ces quinze dernières années, notamment dans le secteur de la santé et de l’éducation.
Les derniers accords signés en octobre dernier prévoient un partenariat entre l'Institut Pasteur d'Algérie (IPA) et l'Instituto Finlay de Vacunas (IFV), pour la création d'une unité de production locale de vaccins à base de l'association antigénique diphtérique et tétanique.
D’autres conventions ont aussi été signées entre l'école nationale polytechnique d'Oran et l'Université de Cienfuegos ainsi qu'entre l'école nationale d'informatique d'Alger et l'université des sciences informatiques de Cuba.
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