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Chelsea Manning : sept informations divulguées qui ont secoué le Moyen-Orient

La peine de Chelsea Manning, analyste des renseignements militaires, a été commuée par le président sortant des États-Unis Barack Obama
Abigail Edward tient une pancarte réclamant la libération de Chelsea Manning, lanceuse d’alerte de WikiLeaks, lors de la Gay Pride de San Francisco, en Californie
By MEE

Après que le président Obama a commué la peine de prison de 35 ans de la lanceuse d’alerte américaine Chelsea Manning mardi – rapprochant la date de sa libération au 17 mai –, Middle East Eye regarde de plus près les effets des informations qu’elle a divulguées à Wikileaks. Certains l’ont condamnée pour avoir mis en péril les intérêts américains en matière de sécurité, tandis que d’autres l’ont acclamée comme défenseuse des droits de l’homme et de la transparence.

La plupart des informations publiées par Chelsea Manning se rapportaient au Moyen-Orient et aux interventions américaines dans la région. Voici les sept principales révélations qui se rapportaient à la région trouvées dans les documents publiés :

1.       Meurtre collatéral

Peut-être la révélation la plus tristement célèbre, la vidéo d’une attaque de l’armée américaine au cours de laquelle douze personnes sont tuées – dont deux journalistes de Reuters – a choqué le monde, et notamment le dialogue moqueur entre les deux soldats entendus dans la vidéo.

L’hélicoptère de tête ouvre le feu, et un membre de l’équipe s’exclame « Hahaha. J’les ai touchés. »

Un autre répond : « Ah ouais, regarde ces bâtards morts. »


2.       Les États-Unis ont évité l’interdiction britannique de bombes à fragmentation

Les câbles de l’ambassade divulgués ont révélé que l’ancien ministre des Affaires étrangères britannique David Miliband a aidé les États-Unis à contourner une interdiction sur les bombes à fragmentation et à garder les armes sur le territoire britannique.

Miliband a approuvé une échappatoire créée par des diplomates pour autoriser les armes à rester sur le sol britannique, malgré le fait que le pays a signé le traité international interdisant ces armes en 2008. Les informations divulguées contenaient des discussions au sujet de l’échappatoire et comment elle aiderait à éviter un débat au parlement qui aurait « compliqué ou embourbé » le problème.

Les États-Unis n’ont jamais signé l’interdiction sur les bombes à fragmentation, et les considèrent comme « des armes légitimes qui fournissent une capacité militaire vitale » malgré le taux élevé de victimes civiles.

3.       L’enlèvement d’Abu Omar

Des dépêches secrètes de l’ambassade américaine à Rome ont révélé que le gouvernement américain a fait pression sur gouvernement italien à propos du cas de plusieurs agents de la CIA jugés par contumace pour le kidnapping du religieux égyptien Abu Omar en 2003.

L’ambassadeur américain et Robert Gates, le secrétaire de la défense aux États-Unis, ont fait directement pression sur le gouvernement italien pour abandonner les charges contre les agents. Ils ont été jusqu’à menacer de dégradation drastique des relations bilatérales en cas de de livraison de mandats d’arrêts.

Abu Omar a été présumé membre d’ al-Gama’a al-Islamiyya, un groupe combattant égyptien responsable de nombreuses attaques à la bombe. Il a été transporté via l’Allemagne au Caire où un tribunal égyptien a jugé en 2007 que sa détention était « sans fondement ».

4.       Des exécutions sommaires en Irak

Selon un câble diplomatique américain, les troupes américaines ont exécuté au moins dix civils irakiens, dont un nouveau-né et une femme de 70 ans, puis ont demandé à ce qu’une frappe aérienne soit effectuée pour détruire les preuves.

L’incident, qui s’est déroulé en 2006, a provoqué des questions de la part du rapporteur spécial des Nations unies au sujet des exécutions extrajudiciaires, sommaires et arbitraires. Il avait aussi déclaré que les preuves réunies dans la ville de Tikrit, en Irak, montraient que ceux qui ont été tués avaient été menottés et exécutés d’une balle dans la tête.

La première fois qu’ils ont raconté l’incident, les porte-paroles de l’armée américaine ont déclaré qu’un suspect d’al-Qaïda en Irak avait été capturé dans une chambre du premier étage après la destruction de la maison dans laquelle il se cachait lors de combats.

Toutefois, selon le câble, « les troupes sont entrées dans la maison, ont menotté tous les résidents et les ont tous exécutés. Apres l’intervention initiale de la MNF, un raid américain s’en est suivi et a détruit la maison ».

La divulgation de la lettre a été considérée comme un facteur majeur dans la décision du gouvernement irakien de ne pas garantir une immunité aux soldats américains dans le pays après 2011.

5.       Le bilan des civils tués en Irak

Les officiels américains ont indiqué par le passé qu’il n’existait pas de registre des civils tués depuis l’invasion et l’occupation de l’Irak en 2003 – mais un câble a montré que 66 081 morts de « non-combattants » ont été enregistrées sur un total de 109 000 morts entre 2004 et 2009.

Le câble a également révélé que plus de 15 000 civils étaient morts dans des incidents jusqu’à présent inconnus.

Des câbles ont aussi indiqué que les autorités américaines en Irak n’avaient pas ordonné d’enquête sur les allégations de torture, de viol, d’abus et de meurtres par les officiels de sécurité irakiens. 

6.       Le Printemps arabe

Les détails de la corruption rampante et du népotisme au sein du gouvernement de Ben Ali en Tunisie ont été révélés dans un câble du gouvernement divulgué par Wikileaks. L’indignation et le dégoût des Tunisiens provoqués par ces révélations sont considérés comme l’un des déclencheurs qui ont fini par mener au renversement du gouvernement de Ben Ali et l’émergence du Printemps arabe en 2011.

Une partie très visionnaire du câble prévient que « bien que la corruption irrite, ce sont les excès de la famille du président Ben Ali qui causent l’indignation parmi les Tunisiens. Tandis que les Tunisiens font face à une inflation grandissante et un fort taux de chômage, les démonstrations manifestes de richesse et les rumeurs persistantes de corruption ont rajouté de l’huile sur le feu. »

7.       Les Saoudiens ont exhorté les États-Unis à attaquer l’Iran

Un câble diplomatique a révélé que l’ancien dirigeant de l’Arabie saoudite, le roi Abdallah, a exhorté les États-Unis à de nombreuses reprises à attaquer l’Iran pour détruire son programme nucléaire.

L’ancien monarque a été enregistré à plusieurs reprises en train « d'exhorter les États-Unis à attaquer l’Iran pour mettre fin à leur programme d’armes nucléaires » et l’ambassadeur saoudien à Washington, Adel al-Jubeir, aurait dit aux Américains de « couper la tête du serpent » en parlant du pays.

D’autres dirigeants du Moyen-Orient, y compris les Émirats arabes unis et l’Égypte, ont qualifié l’Iran de « diabolique » dans les câbles, de « menace existentielle » et de pouvoir qui « va nous mener à la guerre ».

Traduit de l’anglais (original).

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