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Menaces et sécurité renforcée : la nouvelle réalité de Téhéran

L’Iran a renforcé la sécurité après une série de menaces proférées par l’EI. Pour les Téhéranais, la vie continue comme à l’accoutumée, malgré la présence des « forces spéciales » dans les rues
Les unités spéciales de Téhéran sont en alerte élevée depuis décembre (AFP)

TÉHÉRAN – À l’entrée d’une station de métro du centre de Téhéran, des hommes armés vêtus d’uniformes noirs vérifient les bagages et les mallettes qu’ils jugent suspects. Si les usagers se dirigent calmement vers leur destination et coopèrent, la présence de membres de « l’unité spéciale » des forces de sécurité iraniennes trahit une nouvelle réalité dans la capitale iranienne.  

L’« unité spéciale » patrouille les rues de la capitale depuis début décembre, suite à plusieurs menaces proférées par le groupe État islamique (EI) ainsi qu’aux attentats de Paris en novembre, durant lesquels 130 personnes ont perdu la vie dans trois attaques simultanées commises par des membres de l’EI.

L’Iran se sait être une cible, dans la mesure où il soutient Bachar al-Assad dans la guerre civile en Syrie, entraîne des miliciens chiites en Irak et est accusé de soutenir le mouvement houthi au Yémen. L’EI, connu aussi sous le nom de Daech parmi les Iraniens, considère l’Iran chiite comme un ennemi.

Cette situation s’est traduite par une sécurité renforcée et des avertissements réguliers quant à la possibilité d’attentats sur le sol national – tout particulièrement dans les transports en commun. Bien que les Téhéranais aient exprimé leurs peurs, ils ont fini par accepter ces mesures. En fait, la pollution dans la ville semble être une préoccupation majeure pour certains.

« Je suis vraiment reconnaissant envers nos forces de sécurité, parce que c’est à leurs efforts que nous devons la sécurité de l’Iran », a déclaré à Middle East Eye Mojtaba Bozorgzade, professeur à l’université islamique Azad. « C’est pourquoi, chaque fois que j’ai eu affaire à eux, j’ai coopéré et leur ai permis de m’inspecter. »

Un sentiment partagé par Sara Pourahmadi, étudiante en histoire à l’Université de Téhéran : « Quand j’ai appris que l’EI avait menacé mon pays après le carnage de Paris, je n’étais pas du tout terrifiée, je devinais que les forces armées seraient en alerte », a-t-elle assuré à MEE

Le programme de sécurité renforcé a été annoncé au public le 28 novembre – deux semaines après les attentats de Paris – quand le chef de la police de Téhéran, le général Hossein Sajedinia, a déclaré que ses effectifs avaient participé à un entraînement de lutte contre le terrorisme afin de se préparer à toute menace éventuelle.

Les unités spéciales, l’unité de secours, les unités de déminage et des officiers en civil ont tous été impliqués dans ces exercices, a expliqué Sajedinia.

Une histoire de violence

Ce n’est toutefois pas la première fois que Téhéran fait face à de telles menaces. 

L’année dernière, le ministère des Renseignements iranien a indiqué qu’il a déjoué des tentatives d’attentats dans la capitale durant le mois lunaire de Mouharram (du 15 octobre au 12 novembre), au moment où les chiites marquent la mort d’Hussein ibn Ali, le petit-fils du Prophète Mohammed, pendant la bataille de Karbala.

L’armée iranienne a été placée en haute alerte quand l’EI s’est emparé de vastes territoires au nord de l’Irak et menacé d’atteindre les zones frontalières avec l’Iran.

Le général Ahmad Reza Pourdastan, un commandant de l’armée iranienne, a indiqué que celle-ci avait identifié une ligne rouge située à 40 kilomètres à l’intérieur du territoire irakien, et que si elle était franchie, « l’armée [serait] totalement préparée à contre-attaquer ».

« Nous leur avons fait comprendre que s’ils traversaient cette ligne rouge, ils devraient faire face à une réponse impitoyable de la part des forces armées iraniennes », a-t-il dit en référence aux combattants de l’EI. « Nous avons remarqué que les terroristes takfiris avaient reçu notre message et quitté la zone immédiatement. »

Ce sentiment de confiance est partagé dans les milieux politique et militaire iraniens. 

« Les forces de sécurité iraniennes ont jusqu’à présent réussi à contrecarrer les attaques terroristes en Iran. Elles ont capturé les opérateurs et leur ont soutiré des informations importantes », a affirmé à MEE Heshmatollah Falahatpishe, un ancien homme politique.

« Les actions des terroristes à l’extérieur des frontières iraniennes sont sous notre surveillance. Contrairement à l’année dernière, l’EI est désormais loin de nos frontières. »

Mais qu’en est-il de la peur d’une « cinquième colonne » sunnite à l’intérieur de l’Iran ? Les commentateurs dans les médias affirment que l’EI a largement échoué dans ses efforts de recrutement, et que peu de sunnites iraniens ont été tués en combattant pour l’EI.

Shima Islamiczade, professeure de langue, a déclaré à MEE : « Je suis peut-être un peu anxieuse au sujet des attaques de l’EI à l’intérieur de l’Iran, mais je suis sûre que les terroristes n’arriveront pas à utiliser les sunnites iraniens pour commettre des attentats-suicides en Iran. En Iran, tous nos sunnites sont pacifiques, et fort heureusement nous n’avons pas de wahhabites dans le pays ».

Le commandant de la police de Téhéran, Hossein Sajedinia, a toutefois précisé que les mesures actuelles de sécurité « seraient maintenues aussi longtemps que nécessaire ».

Traduction de l’anglais (original).

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