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Selon les ONG, plus de 250 000 enfants syriens sont pris au piège dans les zones assiégées

« Je regardais mes enfants perdre du poids tous les jours et je ne pouvais rien y faire » confie un père à Save The Children
Un enfant pousse son vélo à travers la ville, dans la Ghouta orientale (Amer Al Shami/Save the Children)
By MEE

Plus d’un quart de million d’enfants dans les zones assiégées de Syrie vivent dans la « terreur », régulièrement soumis aux bombes barils, aux frappes aériennes et aux bombardements, a déclaré mercredi une organisation humanitaire.

Selon un nouveau rapport de Save the Children, au moins 250 000 enfants ont un accès insuffisant à la nourriture, à l’eau potable et aux médicaments et sont devenus plus « renfermés, agressifs ou déprimés » en raison des effets des combats.

« Les enfants frôlent la mort. Ils sont contraints de manger des feuilles – même la farine et le lait ne peuvent entrer », a indiqué Raed, un travailleur humanitaire.

Le rapport « Childhood Under Siege », reposant sur des entretiens approfondis avec des personnes vivant dans les zones assiégées, révèle que les restrictions d’accès et les combats ont empiré ces six derniers mois. Beaucoup d’enfants souffrent de malnutrition et on compte de nombreux cas de décès d’enfants en conséquence des sièges.

Des familles qui tentaient de s’échapper auraient été abattues par des snipers, qui ont piégé de nombreux Syriens dans des prisons en plein air, selon Save the Children.

« Le nourrisson d’un de mes proches est décédé de malnutrition en raison du manque de lait maternisé et de nourriture pour les enfants. Sa mère n’a pas pu l’allaiter parce qu’elle était dans un mauvais état de santé », a rapporté au groupe humanitaire Oum Tarek, une mère de Misraba (une banlieue de Damas).

Hassan, un père qui a fui la ville orientale de Deir Ez-Zor, a dit qu’il avait désespérément essayé de protéger sa famille de la terreur à l’extérieur.

« Pendant les pilonnages, mes enfants étaient terrifiés… j’ai vu quatre enfants qui ont été touchés par les bombes », dit-il. « C’était si tragique, je ne pouvais même pas regarder ce qui se passait. Certains enfants ont perdu leurs membres. »

Même lorsque les bombes ne tombaient pas, la famille était confrontée à une multitude de défis.

« Je mentais à mes enfants et leur disais que l’herbe est comestible. Mais de qui me moquais-je ? L’herbe n’était pas comestible… j’essayais de les convaincre que nous l’avions achetée afin de la manger comme tout le monde. Je l’ai mangée devant eux pour les convaincre », a-t-il raconté.

« J’ai regardé mes enfants perdre du poids tous les jours et je ne pouvais rien y faire. Mes enfants ont perdu plus d’un quart de leur poids. »

Une analyse récente de la Société médicale syro-américaine (SAMS) révèle que sur les 560 décès examinés, près de 50 % des victimes étaient des enfants de moins de 14 ans.

Beaucoup de ces décès étaient dus à des causes évitables, dont l’ingestion accidentelle de poison en faisant les poubelles à la recherche de nourriture ou un manque de soins médicaux d’urgence, a indiqué l’organisation.

« Les enfants meurent par manque de nourriture et de médicaments dans certaines parties de la Syrie, à quelques kilomètres d’entrepôts où s’empile l’aide humanitaire. Ils paient le prix de l’inaction du monde », a déclaré Tanya Steele, présidente de Save the Children.

« Les familles interrogées pour ce rapport ont parlé de bébés malades qui meurent aux check-points, de vétérinaires qui soignent les humains et d’enfants contraints de manger des aliments pour animaux tandis qu’ils se recroquevillent dans les sous-sols pour se protéger des frappes aériennes. Cela suffit. Après près de cinq années de conflit en Syrie, il est temps de mettre fin aux sièges. »

Hassan a fui la Syrie avec sa famille pour le Liban (Nour Wahid/Save the Children)

Rihab, une mère de la Ghouta orientale qui s’est confiée à l’organisation sous couvert d’anonymat, a déclaré que « la peur a pris le contrôle ».

« Les enfants attendent maintenant leur tour d’être tués. Même les adultes ne vivent que dans l’attente que ce soit leur tour de mourir », dit-elle.

La Ghouta orientale est l’une des dix-huit zones en Syrie maintenant considérées comme assiégées par l’ONU, bien que certaines organisations humanitaires revoient sensiblement ce chiffre à la hausse.

Au début du mois de février, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a indiqué qu’il croyait que 486 700 personnes étaient assiégées tandis que le réseau de surveillance Siege Watch estime qu’on est plus proche d’un million de personnes. Médecins Sans Frontières (MSF) a avancé jusqu’à deux millions de personnes.

Un cessez-le-feu durement acquis est entré en vigueur le mois dernier, les livraisons d’aide aux zones assiégées sont finalement autorisées, mais les violations sont continues et les groupes d’aide ont décrit la distribution d’aide comme, au mieux, « ponctuelle » et ont « souvent [été] dépouillés de fournitures vitales, notamment du matériel médical ».

Ahmed, un garçon de Douma, a confié qu’il trouvait très difficile d’oublier les combats.

« Lorsque j’entends le bruit d’un obus ou d’un avion, j’ai très peur et je me dépêche de m’échapper et de me cacher sous mon lit », explique-t-il.

Traduction de l’anglais (original) par VECTranslation.

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