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Un an après son éviction, Benkirane sort de sa réserve

Un an après avoir été remercié, l'ex-chef de gouvernement marocain, Abdelilah Benkirane, sort enfin de sa réserve
L'ancien chef de gouvernement Abdelilah Benkirane (AFP)
By MEE

En accueillant chez lui, à Rabat, une journaliste d’Al Jazeera.net, l’ancien leader du Parti de la justice et du développement (PJD) Abdelilah Benkirane s’autorise quelques révélations. La maison de Benkirane dans la capitale marocaine est « modeste », rapporte la journaliste, et ne désemplit jamais.

Sympathisants, militants du PJD ou simples citoyens s’invitent chez l’ancien chef de gouvernement, sous l’œil des gardes qui assurent discrètement la protection des Benkirane. Ce dispositif « est un acte de gentillesse de la part de Sa Majesté et je lui en suis très reconnaissant », explique-t-il.

Au détour de la conversation, il confie que, sans son garde du corps, il aurait perdu la vie, en août dernier, dans des bousculades lors des funérailles du cheikh Mohamed Zohal, figure du salafisme marocain.   

A LIRE : Maroc : première crise politique pour Othmani, poignardé par les siens 

Abdelilah Benkirane reconnaît que « beaucoup de choses ont changé dans sa vie ». Il dort désormais plus longtemps et a le temps de lire, « notamment le Coran et des romans ». Ce qui a aussi changé, c’est que le cercle des amis de Benkirane s’est beaucoup rétréci. Dans une récente déclaration au journal Akbar El Yaoum l’ancien numéro un de l’Exécutif expliquait que seulement cinq amis lui sont restés fidèles après son éviction de son poste, citant Driss El Azami El Idrissi et Mustapha El Khalfi du PJD, ainsi que Mohamed Nabil Benabdallah, secrétaire général du Parti du Progrès et du Socialisme, M’hamed el-Khalifa, personnalité politique et cadre historique du parti de l'Istiqlal, et l’universitaire Abdessamad Belkebir.   

Il y a un an, le 15 mars 2017, après avoir tenté en vain pendant plusieurs mois de former un gouvernement de coalition après les législatives d’octobre 2016, le Palais remplace Benkirane par une autre figure du PJD, Saâdeddine el-Othmani.

Selon sa version des faits, au moment où il rencontrait les conseillers du roi Mohammed VI qui devaient lui signifier son éviction, Abdelilah Benkirane portait déjà sa lettre de démission sur lui, écrite par Jamaâ Mouâtassim, un des cadres du parti.

Mohammed VI refuse la démission de Benkirane en février 2017, car il n’y a que lui qui peut remercier ses Premiers ministres (AFP)

Il raconte avoir gardé jusqu’à aujourd’hui cette lettre, où, en deux lignes, il exprime son incapacité à former un nouveau gouvernement et s’en remet donc au roi.

Quelques semaines avant, en février 2017, Mohammed VI, en tournée en Afrique, avait appelé son chef de gouvernement pour s’enquérir de l’évolution de la situation politique. Benkirane l’avait informé qu’il présenterait, au retour du roi au Maroc, ou un gouvernement ou sa démission. Mais Mohammed VI lui explique alors qu’une démission est impossible car il n’y a que lui qui peut remercier ses Premiers ministres.

Aujourd’hui, Benkirane a-t-il définitivement quitté la politique ? « Je n’ai rien quitté, je réfléchis à quelques idées, mais je n’ai encore rien décidé », affirme-t-il. « Je ne vais pas acheter mon propre linceul et attendre la mort, je suis en bonne santé et la vie est une opportunité offerte par Dieu pour que l’être humain soit bénéfique pour lui-même et pour les autres ».

« Personne ne peut m’interdire de parler, si les causes pour lesquelles j’ai milité toute ma vie sont attaquées »

- Abdelilah Benkirane

Revenant brièvement sur le gouvernement d’Othmani, il s’étonne qu’on lui impute une volonté de « gêner le gouvernement », notamment depuis son discours du 3 février.

Benkirane assure qu’il préfère rester silencieux sur la chose politique, afin de « donner une chance à l’actuelle expérience pour réussir ».

« Mais personne ne peut m’interdire de parler, si les causes pour lesquelles j’ai milité toute ma vie sont attaquées sans qu’on les défende, alors je serais obligé de m’exprimer », prévient-il. Un message codé aux anciens camarades du PJD qui l’ont empêché de briguer un troisième mandat à la tête du parti islamiste ? L’avenir le dira.

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