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L’envoyé de l'ONU au Proche-Orient avertit qu’un camp de Cisjordanie pourrait « exploser »

Le camp de Balata est considéré comme la base arrière du principal rival de Mahmoud Abbas, Mohammed Dahlan, actuellement exilé aux Émirats arabes unis
Des Palestiniens entrent et sortent d'une école dirigée par l'ONU dans le camp de réfugiés de Balata en Cisjordanie le premier jour de la nouvelle année scolaire (AFP)

Le Coordonnateur spécial des Nations unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, Nickolay Mladenov, a déclaré lundi qu'il était préoccupé par la situation dans le plus grand camp de réfugiés de Cisjordanie, qui selon lui peut « exploser » si les affrontements intra-palestiniens s'aggravent.

Lors d'une rare visite au camp de Balata, la première effectuée par un haut fonctionnaire de l'ONU « depuis des années » selon ses aides, l'émissaire de l’ONU a rencontré des hommes politiques et des personnalités de la société civile palestiniens, dont certains connus pour être opposés au président Mahmoud Abbas.  

Le camp de Balata, situé près de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie, a connu une recrudescence de la violence ces dernières semaines lorsque des descentes des services de sécurité palestiniens pour y capturer des criminels présumés ont dégénéré en batailles à l’arme à feu.

Selon des analystes, Abbas considère le camp comme une base arrière de son rival politique, Mohammed Dahlan, qui est actuellement en exil aux Émirats arabes unis.

Mladenov a indiqué que sa visite du camp avait pour objectif d’envoyer le message que la « communauté internationale surveill[ait] » la situation sur le terrain.

« Si vous oubliez ces communautés, elles exploseront », a-t-il déclaré dans une interview à l'AFP.

Balata, où vivent 30 000 personnes sur une superficie de 25 hectares, est le plus grand camp de réfugiés palestiniens en Cisjordanie et a joué un rôle clé dans les précédentes intifadas, ou soulèvements, contre Israël.

Les conditions de vie des résidents s’y sont aggravées en raison de la situation économique, négligée par rapport à celle des grandes villes palestiniennes, a expliqué Mukhaimer Abusada, professeur de science politique à l'Université al-Azhar.

« Dahlan, qui est le principal concurrent d’Abou Mazen [surnom d'Abbas], a exploité la situation dans les camps en offrant une aide à ses habitants », a-t-il ajouté.

Mohammed Dahlan, ancien homme fort du Fatah à Gaza, a été expulsé du parti en 2011. Il semblerait toutefois disposer de l’appui significatif d’un certain nombre d'États arabes clés dans la bataille pour le remplacement d’Abbas, qui est âgé de 81 ans et est au pouvoir depuis onze ans.

Nickolay Mladenov a rencontré des dirigeants de la société civile locale et des enseignants, ainsi que des membres du Comité populaire du camp – un organe de direction politique – lors d'une réunion non accessible aux médias.

Abusada a déclaré qu'un certain nombre de membres du comité étaient considérés comme des alliés de Dahlan.

Mladenov a souligné que l'ONU ne s'ingérait pas dans la politique palestinienne mais essayait d'empêcher les différences politiques de déborder dans « un environnement qui devient violent et dans lequel les Palestiniens se dressent les uns contre les autres avec des armes ».

« Notre rôle est de pouvoir parler à tout le monde et d'envoyer à tout le monde un message très clair selon lequel la violence n'est pas la réponse. »

Il a ajouté que l'ONU continuait de soutenir les efforts d'Abbas pour apporter une solution pacifique au conflit.

« Abou Mazen est la personne la plus dévouée à la non-violence et à une résolution pacifique. Si son autorité est sapée, cela affectera la cause palestinienne », a-t-il affirmé.

Bien que les résidents de ce camp délabré soient réticents à parler de politique, l’un d’entre eux a déclaré sous couvert d’anonymat que l'Autorité palestinienne dirigée par Abbas y était profondément impopulaire.

Traduit de l’anglais (original).

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