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Israël : Ben-Gvir ordonne à la police d’interdire les drapeaux palestiniens dans l’espace public

Auparavant, en raison des lois sur la liberté d’expression, le drapeau ne pouvait être confisqué que s’il « risquait de provoquer des troubles à l’ordre public »
Un manifestant palestinien brandit un drapeau devant des soldats israéliens après une manifestation contre l’expropriation de terres palestiniennes dans le village de Kafr Qaddum, près de la colonie juive de Kedumim, le 6 janvier (AFP)
Par MEE

Le nouveau ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, a ordonné à l’inspecteur général de la police d’appliquer une directive visant à éliminer les drapeaux palestiniens de l’espace public après qu’il a été brandi lors d’une manifestation contre le gouvernement mené par des Israéliens à Tel Aviv. 

Ben-Gvir a donné cet ordre à l’inspecteur général Kobi Shabtai dimanche, ce politicien ultranationaliste se servant des pouvoirs sans précédent qui lui ont été accordés dans le cadre des récentes négociations de coalition pour former le gouvernement du Premier ministre Benyamin Netanyahou. 

La chaîne de télévision Channel 13, qui a rapporté l’ordre initial, évoque également les incertitudes de la police israélienne face à ce décret unilatéral, car de nombreuses décisions de la Cour suprême israélienne stipulent que le droit d’expression ne doit pas être restreint à moins de la quasi-certitude d’une menace grave et avérée pour l’ordre public.

Le 7 novembre, la cour a rejeté un recours déposé par l’Association pour les droits civils en Israël (ACRI) contre l’inspecteur général, le commandant du district de Jérusalem et le procureur général, demandant la fin du harcèlement des manifestants portant des drapeaux palestiniens. La cour a rejeté ce recours parce que le procureur général avait déjà modifié les directives et informé les policiers de ne pas interférer avec les drapeaux à moins qu’ils ne « risquent de provoquer un trouble à l’ordre public ». 

Traduction : « Le dernier scandale qui secoue #Israël en son cœur : un drapeau palestinien a été brandi, dans une mer de drapeaux israéliens, lors d’une manifestation pour la démocratie à Tel Aviv la nuit dernière.
“Le drapeau du terrorisme et du grand ennemi de l’État d’Israël” a écrit un journaliste !
De nombreuses personnalités sont intervenues dans le débat… »

Néanmoins, des experts et des législateurs d’extrême droite ont exprimé leur indignation après avoir vu ce drapeau à Tel Aviv samedi, y compris le Premier ministre Netanyahou qui a vivement critiqué « l’opposition » et « les médias mainstream » pour n’avoir pas condamné cette « violente incitation à la haine ». 

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« J’exige que tout le monde cesse ceci immédiatement », a tweeté le Premier ministre. 

En 2021, l’ancien ministre de la Sécurité publique Omer Bar-Lev avait dit à l’inspecteur général Shabtai de n’ordonner la confiscation des drapeaux palestiniens que dans des situations sécuritaires exceptionnelles. 

Autrefois, la question de savoir si le drapeau palestinien devait être autorisé était en grande partie laissée à l’appréciation de l’inspecteur général. En général, le drapeau était interdit à Jérusalem, où il est perçu comme « ayant de grandes chances d’atteinte majeure à l’ordre public », mais autorisé à Tel Aviv, qui n’est pas autant une poudrière que la ville sainte.

Ben-Gvir s’est toutefois insurgé de la présence du drapeau à Ara, village du district de Haïfa, ce week-end pour célébrer la libération du plus ancien détenu politique palestinien, Karim Younis, qui est sorti de prison jeudi dernier après 40 ans dans les geôles israéliennes. 

Lors de l’annonce de la nouvelle directive concernant le drapeau, le bureau de Ben-Gvir a également noté que le ministre avait donné pour instruction à Shabtai d’ouvrir une enquête interne pour savoir pourquoi ses précédentes instructions d’empêcher de fêter la libération de Younis à Ara n’avaient pas été pleinement appliquées par les policiers, selon Haaretz.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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