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Un imam d’al-Aqsa met en garde contre une possible explosion à Jérusalem

Si Israël ne retire pas aujourd’hui les dispositifs de sécurité mis en place après l’attaque de vendredi dernier, « la situation va exploser et alors, tout sera possible », prévient le cheikh Ikrima Sabri
Un Palestinien lève les mains lors d’affrontements avec la police israélienne à l'extérieur de la porte des Lion (Reuters)

JÉRUSALEM – L’ancien grand moufti de Jérusalem et actuel imam de la mosquée al-Aqsa de Jérusalem, cheikh Ikrima Sabri, a mis en garde contre une possible « explosion » provoquée par le contrôle renforcé de l'accès au site le plus saint de la ville, le Noble sanctuaire, par les autorités israéliennes. Ikrima Sabri s’est entretenu avec Middle East Eye quelques heures après avoir lui-même été touché par une balle en caoutchouc tirée par les forces de police israéliennes lors des derniers affrontements avec des manifestants palestiniens.

Interviewé à sa sortie de l'hôpital, le dignitaire religieux a déclaré que le verrouillage du site par la police israélienne entraînerait davantage de violences – et que seul le retrait des check-points et la réouverture des portes de la vieille ville pourraient mettre fin aux tensions.

« Si Israël veut la paix, il lui faut immédiatement retirer les portes à détecteurs de métaux et les autres obstacles sécuritaires »

- Cheikh Ikrima Sabri

« Je veux dire à Israël et au monde que si Israël veut la paix, il lui faut immédiatement retirer les portes à détecteurs de métaux et les autres obstacles sécuritaires qu'il a installés la semaine dernière », a-t-il précisé.

« Et cela doit se produire aujourd'hui et avant la prière du vendredi. Sinon, la situation va exploser et alors, tout sera possible. Et ne dites pas que nous ne vous l'avions pas dit. »

Le cheikh Ikrima Sabri hospitalisé après avoir été touché par une balle en caoutchouc tiré par la police israélienne (capture d’écran)

Ces commentaires interviennent à la vielle d’un « jour de colère » annoncé à Jérusalem et en Cisjordanie occupée par le mouvement Fatah, indigné par la réaction israélienne à une attaque, survenue vendredi dernier près du site, qui a coûté la vie à trois Palestiniens armés et deux policiers israéliens.

La police israélienne a depuis installé des check-points à deux des sept portes du Noble sanctuaire, qui abrite la mosquée al-Aqsa – le troisième site le plus saint de l'islam – et fermé les cinq autres. Sabri a été arrêté quelques heures après l'attaque et a été interrogé par la police israélienne.

La zone est appelée « mont du Temple » par les juifs. Elle est administrée par les autorités religieuses jordaniennes, le Waqf.

Sabri a été légèrement blessé lors des affrontements de jeudi soir, après avoir guidé des milliers de Palestiniens dans une prière de protestation à la porte des Lions, l’épicentre de près d’une semaine de violences.

Des manifestations ont également eu lieu à Qalandia, Shuafat et Bethléem en Cisjordanie occupée, les Palestiniens refusant les mesures renforcées de sécurité prises par Israël dans la vieille ville de Jérusalem.

À LIRE : Attaque d’al-Aqsa : les Palestiniens quasiment abandonnés

Peu de temps après l'attaque de vendredi, le ministre israélien de la Sécurité publique, Gilad Erdan, a justifié ces mesures de sécurité supplémentaires en affirmant qu'al-Aqsa était utilisée pour « inciter au terrorisme » et qu'Israël devrait en prendre le contrôle.

« Nous ne sommes pas heureux de devoir agir sur le mont du Temple, mais quand nous devrons le faire, nous le ferons. »

Le cheikh Ikrima Sabri a, pour sa part, insisté sur le fait qu’« aucune puissance occupante n’a le droit de contrôler la mosquée al-Aqsa et [que] les agissements d’Israël constituent une violation déplorable des lois internationales ».

« Nous demandons à Erdan de revenir sur sa déclaration selon laquelle le mont du Temple leur appartient et qu’il est sous leur autorité. C'est une déclaration très dangereuse », a-t-il ajouté.

« Israël exploite l'attaque de vendredi dernier pour renforcer son contrôle sur la mosquée al-Aqsa dans le cadre de son plan visant à changer le statu quo. Nous refusons cela et les milliers de personnes qui ont protesté ces derniers jours ont désemparé les autorités israéliennes. »

Le cheik Sabri a estimé que les autorités israéliennes avaient enflammé la situation avant même l'attaque de vendredi.

« Israël viole constamment la situation à al-Aqsa et laisse entrer de nombreux colons. Ils essaient de retirer au Waqf islamique son autorité. »

Ce jeudi, les États-Unis se sont dits préoccupés par une éventuelle escalade si Israël maintenait ses détecteurs de métaux.

La Maison Blanche a appelé Israël et la Jordanie à trouver une solution appropriée pour maintenir le statu quo, déclarant dans un communiqué : « Les États-Unis sont vivement préoccupés par les tensions entourant le mont du Temple/Haram al-Sharif [Noble sanctuaire], un site saint pour les juifs, les musulmans et les chrétiens.

« [Ils] appellent Israël et la Jordanie à s’efforcer en toute bonne foi de réduire les tensions et trouver une solution qui assure la sécurité publique du site et maintienne le statu quo. »

Les services de sécurité israéliens seraient, quant à eux, divisés sur la question de savoir si les mesures sécuritaires supplémentaires devraient être ou non maintenues.

Selon certains rapports, le Shin Bet, le service de sécurité intérieure israélien, préconiserait leur retrait, tandis que la police israélienne aurait insisté auprès du ministre Erdan afin qu’elles soient maintenues en place.

Traduit de l’anglais (original).

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