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11 septembre : le Congrès rejette le véto de Barack Obama

C’est le premier véto du président américain que le Congrès rejette. Les familles des victimes du 11 septembre 2001 pourront donc poursuivre l’Arabie saoudite
Les familles des victimes du 11 septembre ont fait campagne pour la loi, convaincues que le gouvernement saoudien est impliqué dans les attaques qui ont tué presque 3 000 personnes (AFP)
Par MEE

Les deux chambres du Congrès américain ont voté ce mercredi pour passer outre un véto de Barack Obama sur une loi autorisant les familles victimes du 11 septembre 2001 à poursuivre l’Arabie saoudite. Plusieurs de ces familles estiment que le gouvernement saoudien est impliqué dans le financement et l’organisation des attentats.

Lors d’un vote historique, 97 sénateurs sur 100 ont appuyé le rejet du véto. Seul l’allié du président sortant, Harry Reid, chef de la minorité démocrate à la chambre haute, a voté contre. La Chambre des représentants a également désavoué le président en votant contre le véto à 348 voix contre 76.

Ce vote bipartisan est un coup dur pour Barack Obama qui avait tout fait pour que ce texte, le Justice Against Sponsors of Terrorism Act (JASTA), ne soit pas adopté.  

Cette décision du Congrès marquera les derniers mois du mandat du président américain et montre combien la Maison Blanche est affaiblie.

Pendant sa présidence, Barack Obama a usé de son droit de véto à douze reprises. Jusqu’à maintenant, aucun n’avait été révoqué, un tour de force car les Républicains contrôlent le Sénat depuis très longtemps.

Selon la Maison blanche, cette loi affaiblirait le principe d’immunité qui protège les États – et leurs diplomates – et exposerait les États-Unis à des poursuites.

Dans une lettre aux membres républicains et démocrates du Sénat, que l’AFP s’est procurée, Barack Obama a écrit : « J’ai l’intime conviction que l’adoption de la loi JASTA se ferait au détriment des intérêts nationaux américains. »

Obama a mis en garde sur ses conséquences « dévastatrices » pour le Pentagone, les membres des services de sécurité, les diplomates et les services de renseignements.

« Cela ne permettrait ni de protéger les Américains des attaques terroristes, ni d’améliorer l’efficacité de notre réponse à de telles attaques », a-t-il prévenu.

Les familles des victimes du 11 septembre ont fait campagne pour la loi, convaincues que le gouvernement saoudien est impliqué dans les attaques qui ont tué presque 3 000 personnes.

Quinze des dix-neuf pirates de l’air étaient des citoyens saoudiens, mais aucun lien avec le gouvernement n’a été prouvé. Le gouvernement nie quant à lui toute relation avec les conspirateurs.

Contre les principes fondamentaux du droit international

Des documents déclassifiés ont montré que les renseignements américains ont également de nombreux soupçons sur les liens entre le gouvernement saoudien et les assaillants.

« Pendant qu’aux États-Unis, certains des pirates du 11 septembre ont été en contact avec, ont reçu un soutien ou de l’assistance d’individus qui pourraient être liés au gouvernement saoudien », peut-on lire dans une conclusion.

En coulisses, Riyad a fait pression pour que le projet de loi soit supprimé. Un prince saoudien aurait menacé de retirer ses milliards de dollars des actifs américains si la loi venait à passer. Mais les officiels saoudiens se sont démarqués de ces propos.

Le candidat républicain à la présidence Donald Trump a déjà essayé de dépeindre Barack Obama et sa potentielle successeuse Hillary Clinton comme « faibles » sur les questions de terrorisme.

Hillary Clinton a préalablement exprimé son soutien aux efforts du Congrès pour « garantir la capacité des familles des victimes du 11 septembre et d’autres victimes de la terreur de demander des comptes aux responsables », selon Jesse Lehrich, un porte-parole de la campagne.

Dans une note diplomatique que l’AFP s’est procurée, l’Union européenne avait averti que les dispositions de la loi pourraient entrer « en conflit avec les principes fondamentaux du droit international. »

Dans une lettre aux législateurs, que l’AFP a également pu lire, l’ancien secrétaire de la Défense William Cohen, l’ancien chef de la CIA Michael Morell et Stephen Hadkey, le conseiller aux questions de sécurité nationale de George W. Bush, figurent dans un groupe de figures notoires de la sécurité qui ont mis en garde contre cette loi susceptible de porter atteinte aux intérêts américains.

« Nos intérêts en termes de sécurité nationale, notre capacité à combattre le terrorisme et notre rôle de leader dans le monde pourraient se retrouver en danger », ont-ils déclaré.

Traduit de l'anglais (original).

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