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Des responsables américains pourraient avoir faussé les analyses sur l’EI

Si les évaluations ont été contrefaites, cela expliquerait pourquoi les descriptions officielles de la campagne anti-EI ont fortement varié
Un bombardier B-1B Lancer de l’US Air Force photographié avant des opérations de frappes aériennes en Syrie en septembre dernier (AFP)

Le Pentagone a ouvert une enquête pour déterminer si des responsables de l’armée ont contrefait des analyses de renseignement afin d’exagérer le succès de la campagne menée par les États-Unis contre le groupe État islamique (EI) en Irak, a révélé le New York Times mercredi.

L’ouverture de l’enquête a été provoquée par le témoignage d’au moins un analyste civil de l’Agence du renseignement de la Défense (DIA) indiquant qu’il avait des preuves que des responsables du Commandement central des États-Unis, qui supervisent la campagne contre l’EI, ont retravaillé les conclusions de rapports de renseignement préparés pour le président Barack Obama et d’autres décideurs.

S’exprimant sous couvert d’anonymat, des agents gouvernementaux ont fourni au New York Times le détail de ces accusations, mais la date et le nom des responsables de ces falsifications présumées demeurent inconnus.

D’après une directive du cabinet du directeur du renseignement national, qui supervise les 17 agences de renseignement des États-Unis, les évaluations analytiques « ne doivent pas être déformées » en fonction d’un public et d’objectifs ou vues politiques particuliers.

Selon la loi fédérale, des agents des services de renseignement peuvent déposer des plaintes auprès de l’inspecteur général du Pentagone. Si une plainte est jugée crédible, ce dernier doit alors en aviser les comités du renseignement du Sénat et de la Chambre des représentants. C’est ce qui s’est passé depuis que l’analyste de la DIA a déposé sa plainte, selon le New York Times.

Si certaines analyses ont bel et bien été contrefaites, cela pourrait expliquer pourquoi les descriptions officielles de la campagne anti-EI ont fortement varié.

Cela pourrait également faire monter la pression sur les responsables américains qui ont été critiqués suite à l’enlèvement du premier groupe de combattants entraînés par les États-Unis, dans le cadre d’un programme d’approvisionnement en armes et équipements, par le Front al-Nosra fin juillet. Al-Nosra, le groupe affilié à al-Qaïda en Syrie, détiendrait toujours 22 membres de la Division 30. 

La semaine dernière, dans un éditorial pour le Washington Post, le journaliste américain David Ignatius a comparé le kidnapping du groupe à l’invasion ratée de la baie des Cochons en 1961.

Depuis le lancement de la campagne de bombardements dirigée par les États-Unis contre l’EI en Irak, puis en Syrie, il y a un an, les forces de sécurité irakiennes ont reconquis certains territoires saisis par la milice, mais aucune ville importante comme Mossoul ou Ramadi.

Les agences de renseignement américaines ont récemment indiqué que l’EI n’avait guère été affaibli par la campagne militaire, continuant en revanche son expansion en Afrique du Nord et en Asie centrale, d’après le Times.

Le mois dernier, l’envoyé spécial de l’administration Obama, le général John Allen, a déclaré que l’EI était « en train de perdre ».

Le secrétaire à la Défense, Ashton Carter, a pour sa part concédé la semaine dernière que la guerre était « difficile » et « prendrait du temps », mais a insisté sur le fait qu’il était « convaincu que [la coalition dirigée par les États-Unis] viendrait à bout de l’EI et que la stratégie employée était la bonne ».

Traduction de l’anglais (original).

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