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Syrie : une offensive menée par le Hezbollah repousse les rebelles dans le sud

Une vaste offensive pousse les officiels syriens à admettre le soutien du Hezbollah et de l’Iran pour la première fois depuis quatre ans de combats
Deir al-Adas mardi après que l’armée syrienne, appuyée par le Hezbollah et des officiers iraniens, a expulsé les rebelles (AFP).

Le Hezbollah, les forces gouvernementales syriennes et des combattants iraniens ont lancé une vaste offensive contre les rebelles dans le sud de la Syrie, offensive décrite par le Hezbollah comme « le début de la guerre sur le plateau du Golan ».

« Les troupes du régime et leurs alliés, menés par le Hezbollah, progressent dans la zone reliant les provinces de Deraa, Quneitra [près du plateau du Golan occupé par Israël] et Damas », a déclaré l’Observatoire syrien des droits de l’homme.

Neuf soldats du gouvernement ont été tués dans les combats depuis lundi, a ajouté le groupe.

L’agence de presse du gouvernement syrien SANA a pour sa part reporté « des avancées réalisées dans le cadre d’une vaste opération de l’armée et des groupes armés ».

L’assaut donné près de la ligne d’armistice sur le plateau du Golan vise à « briser la zone territoriale que [les rebelles] essayent d’établirent » à la frontière, selon une source des forces de sécurité.

Les avancées contre les rebelles syriens, qui incluent les combattants du Front al-Nosra affiliés à al-Qaïda, ont débuté il y a cinq jours. Il y a plusieurs semaines, les groupes combattant le gouvernement Assad avaient réalisé d’importantes victoires dans le sud du pays. Selon des analystes contactés par Middle East Eye la semaine dernière, l’offensive interviendrait alors que la CIA aurait arrêté, ou diminué, son approvisionnement en armes et financements aux différents groupes rebelles qu’elle soutient dans le nord de la Syrie au profit de ceux du sud.

L’offensive dans le sud semble avoir encouragé le leadership syrien à rendre publics ses liens avec le Hezbollah et l’Iran : pour la première fois dans la guerre civile qui sévit depuis près de quatre ans, la télévision d’Etat syrienne a admis mardi que l’armée du président Bachar al-Assad dispose du soutien des deux forces.

« L’opération lancée par l’armée syrienne est menée de concert avec […] le Hezbollah et l’Iran », a déclaré un officier de l’armée syrienne à la télévision d’Etat.

Le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme, Rami Abdel Rahman, a indiqué à l’AFP que « c’est le Hezbollah qui mène l’attaque sur le front sud ».

Un général iranien influent, qui aurait été présent près de la ligne de front contre l’Etat islamique (EI), a également déclaré à l’agence de presse semi-officielle Fars que l’EI, qui contrôle la plupart de l’est de la Syrie, « s’approchait de la fin de son existence ».

Le général Qassem Suleimani, commandant de la puissante force Quds, était jusqu’à présent très rarement vu dans les médias. Or, il est récemment devenu la face publique du soutien de l’Iran aux gouvernements irakiens et syriens contre les miliciens.

Il est apparu fréquemment sur les médias sociaux en compagnie de forces pro-gouvernementales, dont les combattants kurdes et les milices chiites, dans des zones de combat en Irak. On ignore s’il s’est rendu personnellement sur les lignes de front syriennes.

« Au vu des lourdes pertes subies par Daesh [l’Etat islamique] et d’autres groupes terroristes en Irak et en Syrie, nous sommes certains que ces groupes s’approchent de la fin de leur existence, » a déclaré Suleimani à l’agence Fars.

Ces très rares commentaires publics ont été faits lors d’un discours donné mercredi dans la province de Kerman, où il réside, pour marquer le 36e anniversaire de la révolution islamique iranienne. Suleimani a ajouté que l’influence régionale de Téhéran allait en s’accroissant.

« Aujourd’hui, plusieurs éléments indiquent que la révolution islamique est exportée à travers la région, du Bahreïn à l’Irak, et de la Syrie au Yémen et à l’Afrique du nord », a-t-il annoncé.

Le 18 janvier, six combattants du Hezbollah et un général iranien avaient été tuées par une frappe aérienne israélienne sur Quneitra. Les médias locaux ont supposé que cette manœuvre visait à juguler la future offensive d’Assad.

L’Observatoire syrien des droits de l’homme estime que 5 000 combattants du Hezbollah sont déployés en Syrie.

Le groupe a indiqué par ailleurs que les forces gouvernementales syriennes s’étaient emparées mercredi du village de Deir Maker, à l’ouest de la province de Damas, près de Quneitra.

La veille, elles avaient repoussé les rebelles hors du village de Deir al-Adas et des collines environnantes.

Selon l’Observatoire, vingt rebelles auraient perdu la vie lors de la bataille pour Deir al-Adas, un village qui se trouvait hors du contrôle du gouvernement Assad depuis janvier 2014.

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