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Un an plus tard, la réconciliation palestinienne est au point mort

Les grands espoirs nés avec l'accord signé à al-Shati ont été anéantis par des différends sur des salaires impayés et les accusations mutuelles des deux camps
Ehab Bessaiso, porte-parole du gouvernement d'unité palestinien (au centre), et Mufeed al-Hasayneh, ministre des Travaux publics et du Logement (à droite) tiennent une conférence de presse conjointe lors d'une visite officielle dans la ville de Gaza, le 19 avril 2015 (AA)

Cela fait un an que les deux mouvements palestiniens, le Fatah et le Hamas, ont convenu lors d'un accord signé à al-Shati de mettre fin à leur division, avec l'espoir d'un processus électoral dans les six mois. Aujourd'hui, un an plus tard, il n'y a pas d'élections, mais seulement un gouvernement de consensus fragile et incapable de poser les pieds sur terre, poussant ainsi l'accord au bord du précipice.

La semaine dernière, une délégation de ministres du gouvernement de consensus palestinien s’est rendue à Gaza, officiellement pour une visite d'une semaine destinée à régler toutes les questions liées à des différends de longue date relatifs aux employés du secteur public. Mais la visite s'est terminée en moins de 24 heures.

Suite aux affrontements entre factions survenus en 2007, le Hamas avait employé environ 45 000 des fonctionnaires à qui l'Autorité palestinienne avait ordonné de rester chez eux en signe de proteste contre la prise de la bande de Gaza par le Hamas.

La majorité des employés de l'Autorité palestinienne (70 000 personnes) sont encore à la maison mais perçoivent un salaire complet versé par Ramallah. Le Fatah et le Hamas ne parviennent toujours pas à trouver un compromis sur l'intégration des anciens et nouveaux employés sous une même direction.

La délégation ministérielle n'est restée qu'un jour avant de recevoir l'ordre du Premier ministre palestinien, le Dr Rami Hamdallah, de rentrer à Ramallah.

Abou Ali Dayak, secrétaire général du cabinet palestinien, rejette la responsabilité de l'échec de la réunion sur le Hamas, qui a selon lui « posé une série d'obstacles ».

Une bonne surprise mais aucune avancée

Lorsque le Fatah et le Hamas ont convenu de mettre fin à leur division et de créer un gouvernement de consensus, cela a été une bonne surprise pour le peuple palestinien après sept ans de division et de campagnes médiatiques négatives menées dans le seul but de se nuire mutuellement.

Mais, un an plus tard, peu de choses se sont améliorées. Le pacte de réconciliation affiche des signes de graves tensions et il est peu probable que les deux factions soient en mesure de résoudre la situation de crise de sitôt.

Le gouvernement de consensus, constitué en juin dernier, n'est guère en mesure d'avancer dans la mesure où le gouvernement de facto du Hamas garde le contrôle à Gaza, bien qu'ayant officiellement démissionné.

Le Hamas soutient que le gouvernement de consensus ne fait pas son travail à Gaza, tandis que le gouvernement de consensus reproche au Hamas de ne pas lui laisser la place nécessaire pour fonctionner correctement. Alors que les deux camps politiques s'échangent des accusations, 1,8 million de Gazaouis subissent la pire crise humanitaire depuis des années, d'après les organismes de secours.

Depuis l'accord passé en avril 2014, les employés de facto n'ont pas reçu de salaires réguliers, juste un paiement unique d'environ la moitié de leurs salaires en octobre dernier.

Des accusations de « discrimination » à l'encontre des employés du Hamas non payés

Lorsque la délégation ministérielle s'est rendue à Gaza, l'objectif était d'enregistrer l'ensemble des 70 000 employés. Cependant, le gouvernement a annoncé qu'il allait engager seulement une partie des employés de facto, « en fonction des besoins ». Une démarche que les dirigeants du Hamas ont qualifiée de « discrimination », selon le porte-parole du mouvement, le Dr Sami Abou Zuhri.

Le Jihad islamique a également jugé cette décision comme étant discriminatoire. Son porte-parole, Daoud Shihab, a déclaré que « la discrimination contre ces employés entrave la réconciliation et le projet national ».

« Il devrait y avoir une solution pour tous les membres du personnel et nous refusons de négliger les salaires de certaines personnes et d'imposer d'autres obstacles à leur vie quotidienne », a-t-il indiqué aux journalistes lors d'une manifestation de solidarité avec les employés qui n'ont pas reçu leurs salaires.

Un an après l'accord signé à al-Shati, le Fatah accuse le Hamas de ne pas faire preuve d'un engagement sérieux envers la réconciliation palestinienne, a affirmé le dirigeant du Fatah Mohammad Shtayyeh pour Sky News Arabia.

« Nous voulons que le gouvernement de consensus ait le plein contrôle de la bande de Gaza [...] Le Hamas veut nous donner le gouvernement mais garder le contrôle entre ses propres mains. »

Le Hamas soutient pour sa part que le gouvernement de consensus doit se charger de résoudre toutes les crises actuelles affectant les employés, affirme Taher al-Nouno, le chargé de presse du Hamas.

« Le Premier ministre doit s'en tenir à sa responsabilité nationale qui est de résoudre ce problème, et prouver ainsi qu'il se situe à égale distance de tous ceux qui font partie de sa nation. »

Les efforts de réconciliation au plus bas

Cette semaine, les efforts de réconciliation sont au plus bas suite à la fin prématurée de la visite. Cependant, Khaled al-Batch, dirigeant du Jihad islamique, affirme que son mouvement est entré en contact avec le Premier ministre Hamdallah, qui a indiqué qu'il se rendrait à Gaza la semaine prochaine. Le Jihad islamique espère jouer un rôle dans le rapprochement entre le Hamas et le Fatah.

« Le chemin reste difficile », concède à MEE Saed Sweirki, présentateur à la télévision palestinienne. « Certains peuvent penser que le chemin est couvert de roses, mais en réalité, il est couvert de braises », a-t-il ajouté.

Pendant ce temps, la frustration de la population grandit dans la bande de Gaza, face au taux de chômage élevé et au manque d'opportunités pour les jeunes diplômés, laissant peu de portes ouvertes à l'intérieur de frontières verrouillées par Israël et l'Egypte.

La crise actuelle ne devrait pas se terminer rapidement, étant donné que la perspective de nouvelles élections est peu probable. En mars dernier, le Président Mahmoud Abbas a déclaré lors d'une conférence de presse qu'il était d'accord pour commencer à préparer des élections. Mais ce programme est également au point mort.

Abbas avait alors déclaré : « Je mets au défi le Hamas d'envoyer une lettre écrite au directeur de la commission électorale, Hanna Nasser, disant qu’il accepte l'organisation d'élections ; je délivrerai alors un décret présidentiel le jour même. »

Le Hamas a répondu que « la tenue des élections [était] prévue par l'accord de réconciliation » et a accusé le Président Abbas de bloquer l'option électorale.
 

Traduction de l'anglais (original) par VECTranslation.

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