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France : forte hausse des actes anti-musulmans en 2023, dont plus de la moitié depuis le 7 octobre

Reconnaissant que les actes islamophobes en France sont « manifestement encore sous-estimés », le ministre de l’Intérieur a annoncé la création d’une association contre les discriminations et violences touchant la communauté musulmane
Un fidèle quitte une mosquée où des graffitis nazis ont été tagués, le 20 décembre 2011 à Décines, une banlieue voisine de la ville de Lyon, dans le sud-est de la France (Jean-Philippe Ksiazek/AFP)
Par MEE

30 %. C’est l’ampleur de la hausse des actes antimusulmans pour l’année 2023 par rapport à 2022 en France annoncée par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin ce lundi.

Parmi les 242 faits recensés, plus de la moitié ont été commis au cours des trois derniers mois de l’année, a rapporté le ministre, qui y voit un lien avec les attaques du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre et la subséquente offensive israélienne à Gaza.

Ceci « montre que le conflit au Proche-Orient a des résonances évidentes sur notre sol et qu’il touche des musulmans français », a souligné le ministre lors du Forum de l’islam de France (FORIF), structure créée par le gouvernement en 2022 pour favoriser le dialogue avec le culte musulman.

« Je condamne, au nom de l’État en particulier, tous les actes commis contre des mosquées, à Pau, à Persan ou à Talence, parfois en présence de fidèles pendant la prière. Je pense notamment à l’incendie criminel du 13 janvier dernier contre la mosquée de Morlaix dans le Finistère, pour lequel l’auteur a d’ailleurs été interpellé en dix jours et est aujourd’hui placé en détention », a ajouté Gérald Darmanin.

Reconnaissant que les actes antimusulmans dans le pays sont « manifestement encore sous-estimés », le ministre a annoncé la création, « avec le soutien de l’État », d’une nouvelle organisation à but non lucratif, l’Association de défense contre les discriminations et actes antimusulmans (ADDAM), dont l’objectif sera d’assurer une « meilleure remontée auprès des autorités » de ces violences.

Elle sera présidée par Basssirou Camara, qui officie actuellement au sein de la Fédération des musulmans du Tarn.

« Comme pour tous les Français, je suis le ministre de la protection des croyants, et donc de la protection des musulmans », a assuré Gérald Darmanin devant un parterre de responsables musulmans.

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Le nombre d’actes antimusulmans recensés en France a fortement fluctué au cours des dix dernières années. C’est en 2015, l’année des attentats du 13 novembre et de Charlie Hebdo, que la population musulmane a été la plus touchée, avec près de 430 actes recensés par le Service central du renseignement territorial (SCRT).

En novembre dernier, la communauté musulmane de France s’inquiétait déjà de cette montée de l’islamophobie dans le pays, d’aucuns pointant la responsabilité des médias et de certaines personnalités politiques.

« De nombreuses mosquées et citoyens de confession musulmane ont fait l’objet de menaces directes. Sur les chaînes d’information en continu et les réseaux sociaux, un déferlement décomplexé de la haine des musulmans s’exprime également au quotidien dans une totale impunité », s’indignait ainsi Abdallah Zekri, membre de la direction du Conseil français du culte musulman (CFCM) et président de l’Observatoire contre l’islamophobie (OCI), auprès de Middle East Eye.

Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, s’alarmait pour sa part de « la libération progressive » d’une « parole essentialiste, stigmatisante, raciste et haineuse contre les musulmans de France ».

En parallèle, le ministère de l’Intérieur a souvent évoqué une forte hausse des actes antisémites depuis le 7 octobre.

« Un statut de l’imam »

En lançant la seconde session des travaux du Forum de l’islam de France lundi, Gérald Darmanin a également renouvelé sa promesse de création d’un « statut de l’imam », demandant au FORIF de « travailler sous six mois à [sa] création ».

Ce statut impliquerait une protection sociale des imams embauchés par les mosquées ou associations ainsi qu’un certain niveau linguistique et universitaire, grâce aux 34 formations « laïcité » accessibles en France.

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« Il reste un gros effort à fournir pour que les croyants de France aient des cadres religieux mieux formés, dignement rémunérés et pleinement insérés dans la société française », a affirmé le ministre de l’Intérieur, qui estime cependant que « ce n’est pas à l’État de présider à cette structuration ». Il faut « renforcer l’offre de formation en France, dans sa dimension théologique et profane, ce qui n’est pas le rôle de l’État ».

Cette annonce intervient quelques jours après l’expulsion vers la Tunisie de Mahjoub Mahjoubi, imam de Bagnols-sur-Cèze (sud-est) accusé d’avoir tenu des propos polémiques dans ses prêches au début du mois de février, et alors que la justice administrative étudie la demande d’annulation de l’arrêté d’expulsion visant l’imam marocain Hassan Iquioussen, à qui le ministre de l’Intérieur avait reproché en 2022 d’avoir prêché un discours « séparatiste ». La cour rendra son jugement le 11 mars.

Depuis le 1er janvier, la France n’accueille plus d’imams détachés, c’est-à-dire envoyés par d’autres pays, conformément à une annonce faite par le président Emmanuel Macron en 2020.

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