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Guerre à Gaza : plus d’un millier d’enfants amputés d’un membre, selon l’UNICEF

L’agence des Nations unies a indiqué que de nombreux blessés avaient été amputés sans anesthésie
Des enfants palestiniens blessés lors des bombardements israéliens de la bande de Gaza sont soignés à l’hôpital al-Aqsa de Deir al-Balah, le 21 novembre (AP)

Plus de 1 000 enfants de Gaza ont été amputés d’un ou de plusieurs membres depuis le début de l’attaque israélienne sur la zone assiégée, le 7 octobre, la plupart d’entre eux subissant cette opération sans anesthésie, a révélé fin décembre le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF).

James Elder, porte-parole de l’agence, a déclaré que les enfants de Gaza subissaient « dix semaines d’enfer et aucun d’entre eux ne [pouvait] s’échapper ».

James Elder, qui est revenu récemment de l’enclave assiégée, a rapporté que les rares hôpitaux restants à Gaza étaient débordés par l’afflux d’enfants et de leurs parents, portant tous « les horribles blessures de la guerre ». Il a précisé que beaucoup d’entre eux étaient des enfants amputés.

« Comme me l’a dit un parent d’un enfant gravement malade, ‘’notre situation est une pure misère... Je ne sais pas si nous allons nous en sortir’’ », a-t-il raconté.

En raison du blocus « total » imposé par Israël à l’enclave et de la pénurie d’anesthésiques, d’électricité et d’eau courante, les professionnels de la santé sont contraints de pratiquer ces opérations dans des conditions insalubres et sans antidouleurs.

« Ce n’est pas comme s’il y avait une catastrophe naturelle qui empêchait le matériel d’anesthésie [d’entrer] à Gaza », a déclaré Steve Sosebee, fondateur du Fonds de secours pour les enfants de Palestine (PCRF), lors d’une interview accordée à Democracy Now.

« C’est absolument inimaginable que cela se produise dans notre monde moderne », a-t-il déclaré.

Il a ajouté que le nombre d’enfants amputés était susceptible d’augmenter « puisqu’un grand nombre de ces enfants souffrent de blessures graves [ce qui signifie] qu’ils auront besoin d’une amputation dans les semaines et les mois à venir ».

« Non seulement ils ont été amputés sans anesthésie, mais nombre d’entre eux l’ont été très brusquement », a-t-il souligné.

« Près de la moitié de ma liste d’opérations, soit dix à douze cas par jour... étaient des enfants », a déclaré lors d’une conférence de presse en novembre le Dr Ghassan Abu Sitta, un chirurgien londonien qui s’est rendu à Gaza pour soigner des patients au cours de l’assaut israélien en cours.

« Une nuit, à l’hôpital al-Ahli, j’ai pratiqué des amputations sur six enfants », a raconté le médecin.

Dans une interview accordée à Middle East Eye, le docteur Sittah a confié que pratiquer ces opérations sans anesthésie était « l’une des choses les plus difficiles qu’[il ait] eues à faire dans [s]a carrière ».

« Crise des amputés »

Avant la guerre en cours à Gaza, 12 % des enfants palestiniens âgés de 2 à 17 ans étaient confrontés à une ou plusieurs limitations fonctionnelles, et 21 % des ménages de Gaza comptaient au moins un membre souffrant d’un handicap physique ou mental.

Selon le PCRF, avant le début des hostilités actuelles, Gaza souffrait déjà d’une « crise des amputés ».

Le siège israélien qui se poursuit sur l’enclave, et qui contrôle strictement la circulation des personnes, du matériel médical et des produits pharmaceutiques à l’intérieur et à l’extérieur de la zone, implique qu’il est souvent impossible d’évacuer à temps les blessés vers des hôpitaux mieux équipés en Cisjordanie occupée.

Les restrictions à l’accès aux soins de santé sont telles que les Nations Unies ont défini les « personnes ayant besoin de soins médicaux » comme étant un groupe vulnérable au sein de la population palestinienne.

Selon le PCRF, de nombreux Palestiniens risquent de contracter une ostéomyélite (infection des os) due à une blessure si le traitement médical est retardé. La pénurie de ressources médicales et les restrictions de mouvement dans la bande de Gaza ont pour conséquence que de nombreuses blessures traitables nécessitent une amputation.

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Qui plus est, l’accès aux prothèses après une amputation était déjà extrêmement difficile à Gaza avant les hostilités actuelles, puisqu’un seul centre de prothèses fonctionnait dans l’enclave.

En 2018-19, les forces israéliennes ont tiré sur des milliers de Palestiniens lors des manifestations de la Grande marche du retour, tuant 214 personnes, dont 46 enfants, et en blessant plus de 36 100, dont près de 8 800 enfants.

Plus de 7 000 des blessures par balles réelles (88 %) étaient des blessures aux membres, 156 d’entre elles ayant nécessité une amputation.

Après l’assaut contre les manifestants de la Marche du retour, Israël a refusé la plupart des demandes de permis médical des manifestants blessés pour accéder à des traitements spécialisés en Cisjordanie occupée, à Jérusalem-Est et dans les hôpitaux israéliens.

Selon une étude de Physicians for Human Rights Israel, si les patients avaient eu accès à un traitement spécialisé, de nombreux amputés auraient pu conserver leurs membres.

Selon un dernier bilan, les opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza ont fait 21 978 morts depuis le début de la guerre le 7 octobre, dont 70 % de femmes et d’enfants.

Les attaques israéliennes contre l’enclave assiégée ont également fait 57 697 blessés.

Traduit de l’anglais (original) par Imène Guiza.

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