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Egypte : une victime de harcèlement sexuel gagne son procès contre un tabloïd populaire

Le quotidien égyptien a reçu l’ordre de verser des indemnités à la jeune femme après avoir publié son nom et son adresse l’année dernière
Manifestation contre le harcèlement sexuel devant l’opéra du Caire, où une agression s’est produite en juin dernier (AFP)

Une Egyptienne a gagné un procès historique contre l’un des tabloïds les plus populaires du pays après que celui-ci avait publié ses informations personnelles suite à l’incident de harcèlement sexuel dont elle avait été victime.

Le Mouvement anti-harcèlement a porté plainte contre le quotidien al-Yaum al-Sabie après que celui-ci a publié le nom complet, le numéro de carte d’identité, l’âge et l’adresse de la femme, qui était mineure lorsqu’elle s’était fait agresser pendant une manifestation contre le harcèlement organisée dans la capitale égyptienne l’année dernière.

Le juge d’un tribunal du Caire a décidé mercredi que le quotidien privé devrait verser à la jeune femme 10 000 livres égyptiennes (1 300 dollars) de dommages et intérêts.

La version online de l’article a été retirée peu après sa publication le 24 juin 2014 suite à la controverse déclenchée par la divulgation des informations personnelles de la victime.

Celle-ci est membre du Mouvement égyptien anti-harcèlement, une organisation de la société civile qui cherche à sensibiliser l’opinion publique sur le harcèlement sexuel dont sont victimes de nombreux hommes et femmes à travers l’Egypte.

Dans un communiqué publié mercredi, le groupe a indiqué que le journal avait commis une « claire violation de la vie privée de survivantes de harcèlement sexuel ».

La publication avait eu lieu seulement quelques jours après la demande adressée aux journaux par le Syndicat égyptien des journalistes de cesser de publier les noms et les photos de victimes de harcèlement sexuel.

Le Mouvement anti-harcèlement a déclaré qu’al-Yaum al-Sabie avait « mis en danger  la vie des survivantes de harcèlement » en publiant des informations sur leur vie privée.

Suite à la décision de justice, le groupe a invité d’autres victimes de harcèlement sexuel dont les informations personnelles ont été divulguées à porter plainte contre les médias incriminés.

« Ensemble, nous avons gagné ce procès, et la jeune femme a reçu 10 000 livres égyptiennes [1 310 dollars] en dommages et intérêts – vous méritez la même chose, et nous vous aiderons », pouvait-on lire sur un message publié par le groupe sur Facebook. 

Plusieurs mouvements et campagnes de sensibilisation ont vu le jour ces dernières années afin de tenter de mettre un terme à ce qui représente, selon les militants, une culture endémique de harcèlement sexuel.

La plupart de ces groupes cherchent à éduquer la population sur la question et à recenser les incidents.

Cependant, dans un pays où plus de 90 % des femmes affirment avoir été agressées sexuellement au cours de leur vie, d’autres groupes prennent des mesures plus radicales, offrant notamment des cours de self-défense et organisant des rondes de surveillance dans les lieux publics.

L’un de ces groupes, Harassing the Harassers (Agresser l’agresseur) se compose de jeunes hommes et de femmes qui, vêtus de vestes voyantes, appréhendent les personnes accusées de harcèlement et peignent sur leur dos à la bombe aérosol la mention « Je suis un harceleur ».


Traduction de l'anglais (original).

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