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Israël approuve l’emprisonnement de « terroristes » à partir de 12 ans

Des groupes de défense des droits de l’homme ont condamné la mesure, affirmant que l’emprisonnement de mineurs aussi jeunes « les [privait] de la possibilité d’un avenir meilleur »
Un soldat israélien arrête un jeune garçon palestinien suite à des affrontements dans la ville d’Hébron, en Cisjordanie, le 20 juin 2014 (AFP)

Les responsables politiques israéliens ont approuvé l’emprisonnement d’enfants reconnus coupables d’« infractions terroristes » à partir de 12 ans, à la suite de plusieurs attaques commises par de jeunes Palestiniens, a déclaré le Parlement ce mercredi.

« Le "projet de loi sur la jeunesse", qui permettra aux autorités d’emprisonner un mineur reconnu coupable de crimes graves tels qu’un meurtre, une tentative de meurtre ou un homicide involontaire, même s’il ou elle est âgé(e) de moins de 14 ans, a été adopté en deuxième et troisième lecture [...] mardi soir », a indiqué un communiqué en anglais.

Ce dernier précisait également que la gravité des attaques de ces derniers mois « [exigeait] une approche plus agressive, y compris envers les mineurs ».

Le communiqué a repris les propos d’Anat Berko, députée du Likoud, parti de droite du Premier ministre Benjamin Netanyahou, et commanditaire du projet de loi, qui a déclaré que « pour ceux qui sont assassinés d’un coup de couteau dans le cœur, cela n’a pas d’importance si l’enfant est âgé de 12 ou 15 ans ».

Les violences qui touchent les territoires palestiniens et Israël depuis octobre ont tué au moins 218 Palestiniens, 34 Israéliens, deux Américains, un Érythréen et un Soudanais, selon un décompte de l’AFP.

Les autorités israéliennes soulignent que la plupart des Palestiniens tués commettaient des attaques au couteau, à l’arme à feu ou à la voiture-bélier, mais des activistes et de nombreuses familles d’agresseurs présumés ont contesté cette version.

Bon nombre des assaillants étaient des jeunes, y compris des adolescents. D’autres jeunes ont été abattus lors de protestations et d’affrontements avec les forces de sécurité.

La ministre de la Justice israélienne Ayelet Shaked a apporté son soutien total au projet de loi lorsque celui-ci a été présenté l’an dernier devant un comité ministériel.

« Les jeunes qui, comme Ahmed Manasra, se livrent au terrorisme et cherchent la mort de civils juifs ne bénéficieront pas de la clémence de la justice », a-t-elle affirmé dans des propos relayés par les médias.

Manasra, un Palestinien de 14 ans, a été reconnu coupable en mai de tentative de meurtre contre deux Israéliens suite à une attaque au couteau en octobre dernier. Âgé de 13 ans au moment des faits, il attend encore sa condamnation.

Avec un cousin de 15 ans, il a poignardé et grièvement blessé un homme de 20 ans et un garçon de 12 ans dans le quartier de colons juifs Pisgat Zeev, situé dans le secteur annexé de Jérusalem-Est.

Son cousin a été abattu par les forces de sécurité et Manasra a été heurté par une voiture lors de leur fuite.

Ahmed Manasra, un habitant de Jérusalem-Est, est le plus jeune Palestinien à être condamné par un tribunal civil israélien au cours du cycle actuel de violences.

Le groupe israélien de défense des droits de l’homme B’Tselem a critiqué le projet de loi et le traitement réservé par Israël aux jeunes palestiniens.

« Plutôt que de les envoyer en prison, Israël ferait mieux de les envoyer à l’école, où ils pourraient grandir dans la dignité et la liberté, et non sous l’occupation », a indiqué le groupe dans un communiqué publié ce mercredi.

Emprisonner des mineurs aussi jeunes « les prive de la possibilité d’un avenir meilleur. »

Le droit militaire, appliqué aux habitants palestiniens de la Cisjordanie occupée par Israël, permet déjà d’emprisonner des enfants de 12 ans.

Une Palestinienne de Cisjordanie âgée de 12 ans, reconnue coupable de tentative de meurtre par un tribunal militaire dans le cadre d’une négociation de peine et condamnée à une peine de quatre mois d’emprisonnement, a été libérée en avril.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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