Saoud al-Qahtani, suspecté d’avoir organisé le meurtre de Khashoggi, réapparaît sur les réseaux sociaux
Celui qui fut l’homme de confiance du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (MBS), aussi principal suspect dans le meurtre de Jamal Khashoggi, a été vu en public pour la première fois depuis l’assassinat du journaliste saoudien en 2018.
Des images de Saoud al-Qahtani assistant à une rencontre dans la ville portuaire de Djeddah, sur la mer Rouge, ont circulé sur les réseaux sociaux au cours du week-end, suscitant la condamnation de certains internautes et les éloges de ses partisans.
L’ex-directeur adjoint de l’Agence nationale du renseignement, démis de ses fonctions en octobre 2018 pour apaiser l’indignation internationale suscitée par l’affaire Khashoggi, était hébergé par Ahmed al-Obaikan, un promoteur immobilier et investisseur saoudien.
Al-Qhatani who was identified as the mastermind behind the assassination of Khashoggi is back having public a partances.
— Lina Alhathloul لينا الهذلول (@LinaAlhathloul) June 18, 2023
He is also the one who tortured my sister Loujain.
MBS welcoming Al-Assad and now rehabilitating Saud Al-Qahtani. ⌛️pic.twitter.com/eyRKbwuDXT
Traduction : « Al-Qhatani, identifié comme le cerveau de l’assassinat de Khashoggi, est de retour en public. C’est aussi lui qui a torturé ma sœur Loujain [al-Hathloul]. MBS accueille Assad et réhabilite maintenant Saoud al-Qahtani. »
Quand Ahmed al-Obaikan, son oncle et d’autres visiteurs ont accueilli Saoud al-Qahtani, ce dernier semblait s’appuyer sur une canne.
Les réseaux sociaux saoudiens pro-gouvernementaux ont salué son retour, le qualifiant de figure nationale « bien-aimée ».
Un compte saoudien de premier plan a appelé Elon Musk à rétablir le compte Twitter d’al-Qahtani, qualifiant son interdiction de « malheureuse » et affirmant qu’elle était « influencée par l’agenda de la gauche radicale et le Washington Post ».
Al-Qahtani a été suspendu de Twitter, accusé de manipuler la plateforme, un an après avoir été démis de ses fonctions pour son rôle présumé dans le meurtre de Khashoggi.
L’ancien responsable était à la tête du centre des médias de la cour royale et a supervisé une campagne sur les réseaux sociaux où des centaines de faux comptes faisaient la promotion du gouvernement saoudien.
« Au diable lui et les gens comme lui »
« Les premières vidéos et photos, qui sont apparues sur Twitter aujourd’hui, sont chéries par beaucoup, en particulier en Arabie saoudite. L’affection et le respect que lui témoignent les Saoudiens doivent être reconnus », a tweeté Abdullah al-Khurayyef, un internaute qui se présente comme un spécialiste de la gestion des médias numériques, suivi par 28 000 followers.
Hatice Cengiz, la fiancée de Khashoggi au moment de son meurtre, a tweeté : « Il semble qu’il soit dévasté mentalement et physiquement. C’est peu pour lui en retour de ce qu’il a fait contre les innocents. Au diable lui et les gens comme lui. »
Turki al-Shalhoub, un journaliste saoudien critique envers son gouvernement, a décrit al-Qahtani comme la « main sale » de Mohammed ben Salmane.
« Le criminel [Saoud al-Qahtani] a commis un crime qui a secoué le monde, apporté le malheur sur l’État et terni son image… Ce criminel meurtrier est toujours au travail et se déplace librement, tandis que ceux qui aimaient vraiment leur pays et défendaient les droits des citoyens sont ravagés par la détention ! », a-t-il tweeté.
Quand Mohammed ben Salmane est devenu prince héritier en 2017, al-Qahtani s’est imposé comme l’une des figures les plus puissantes d’Arabie saoudite.
Il aurait joué un rôle de premier plan dans la purge du Ritz Carlton en 2017 et aurait supervisé la torture de militantes des droits des femmes emprisonnées, dont Loujain al-Hathloul.
Il aurait également joué un rôle de premier plan dans la brève détention du Premier ministre libanais de l’époque, Saad Hariri, en 2017.
Al-Qahtani aurait depuis longtemps été irrité par les écrits critiques de Khashoggi. Peu de temps après la disparition du journaliste, des sources de renseignement américaines et turques ont commencé à l’identifier comme le meneur de l’opération meurtrière.
Escadron de la mort
Middle East Eye a révélé qu’al-Qahtani faisait partie de la structure de commandement de l’escadron de la mort saoudien, qui opérait sous la direction et la supervision de Mohammed ben Salmane.
Le prince héritier et al-Qahtani ont nié toute implication, Riyad décrivant l’assassinat comme une opération voyou ayant mal tourné.
Al-Qahtani s’est vu interdire d’entrée aux États-Unis, au Royaume-Uni et dans d’autres pays européens. Il fait partie des dix-sept Saoudiens sanctionnés par le Trésor américain pour le meurtre de Khashoggi, sur la base de rapports des renseignements selon lesquels il était impliqué dans l’opération.
En 2021, un tribunal saoudien a innocenté al-Qahtani d’actes répréhensibles. L’année dernière, un tribunal américain a rejeté une affaire intentée contre Mohammed ben Salmane et al-Qahtani pour le meurtre de Khashoggi, après que l’administration Biden eut conseillé d’accorder l’immunité au prince héritier car il était devenu Premier ministre.
Al-Qahtani était également l’une des deux personnes accusées dans une affaire judiciaire turque concernant le meurtre de Khashoggi. Mais l’affaire a été suspendue en avril 2022 après qu’un juge eut décidé que le procès serait transféré en Arabie saoudite.
« Plusieurs médias ont cité des sources affirmant qu’il était toujours dans les bonnes grâces de MBS et continuait à occuper un poste similaire à celui d’avant sa destitution officielle de la cour royale. En janvier 2019, le Washington Post a signalé qu’al-Qahtani avait été vu dans l’enceinte de la cour royale à Riyad », a écrit le média britannique en ligne Bellingcat dans une enquête parue en juillet 2019.
Traduit de l’anglais (original).
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