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Jérusalem : les colons israéliens s’emparent de terres appartenant à l’Église grecque orthodoxe

Accompagnés par un important détachement de police, les colons ont pris possession des lieux. Les Palestiniens qui ont tenté de s’interposer, eux, ont été molestés
Les forces israéliennes se déploient lors de la démolition de magasins palestiniens dans le quartier de Silwan, le 29 juin 2021 (AFP)
Par MEE

Mardi, des colons israéliens accompagnés par la police ont saisi un terrain appartenant à l’Église grecque orthodoxe, à Jérusalem-Est occupée.

Des habitants et des témoins ont déclaré aux médias locaux que des dizaines de colons avaient pris d’assaut un terrain de cinq dunums (5 000 m²) dans le quartier palestinien de Silwan, au sud de la vieille ville, tôt le matin. 

Les colons l’ont ensuite clôturé et ont installé des caméras de surveillance avec la protection de la police. 

Selon les témoignages, les habitants de Silwan qui se sont précipités sur les lieux afin d’enrayer la confiscation des terres ont été agressés par les forces de sécurité. Trois jeunes Palestiniens ont été arrêtés, selon les médias locaux.

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« Ils ont battu tout le monde, hommes, femmes et enfants », a déclaré le témoin Mohammed Sumerian au centre d’information de Wadi Hilweh. 

« Ils sont arrivés tôt le matin alors que les gens dormaient encore et ils ont pris la terre. »

Le terrain appartient au monastère grec orthodoxe de Silwan, qui fait partie du patriarcat grec orthodoxe de la ville, selon le centre d’information Wadi Hilweh, qui surveille les violations israéliennes dans la région. 

La famille Sumerian cultive et garde la terre depuis 70 ans dans le cadre d’un contrat de location avec le propriétaire, a indiqué le centre. 

Silwan, qui abrite plus de 60 000 Palestiniens et qui est stratégiquement situé au sud de la mosquée al-Aqsa, est la cible des volontés d’expansion des colons israéliens depuis des années. 

Des centaines de familles de Silwan sont menacées d’expulsion, soit par des poursuites intentées par de puissants groupes de colons, soit par des ordres d’expulsion administratifs de la municipalité de Jérusalem, dirigée par Israël, qui cherche à construire des parcs touristiques sur le thème des personnages bibliques.

Le contrôle par Israël de Jérusalem-Est, occupée depuis 1967, viole plusieurs principes du droit international, qui stipule notamment qu’une puissance occupante n’a aucune souveraineté sur le territoire qu’elle occupe et ne peut y apporter aucun changement permanent.

Critique de l’Église orthodoxe grecque

Les activistes craignent que les terres de Silwan appartenant à l’Église grecque orthodoxe puissent être saisies par les colons.

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L’Église a longtemps été critiquée par des groupes palestiniens pour ses relations avec des groupes de colons et pour des allégations de corruption et de fraude.  

En 1951, des terres appartenant à l’Église à Jérusalem-Ouest ont été louées au Fonds national juif pour une période de 99 ans. Aujourd’hui, la terre abrite la plupart des institutions de l’État israélien, y compris le Parlement, la Knesset.

En mars, la police et les colons israéliens ont pris le contrôle de certaines parties de l’hôtel historique Petra, qui fait l’objet d’une contestation judiciaire depuis plusieurs années entre le patriarche grec orthodoxe et le groupe de colons Ateret Cohanim. 

L’année dernière, le patriarche a suscité l’indignation après avoir révélé son intention de vendre environ 11 hectares de propriété de l’Église à deux sociétés israéliennes cherchant à relier une colonie de la région de Bethléem à Jérusalem. Les colonies israéliennes sont illégales au regard du droit international. 

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