Louis Vuitton sous le feu des critiques pour son keffieh « dégoûtant » à 700 dollars
La maison de mode Louis Vuitton s’est retrouvée sous le feu des critiques pour avoir commercialisé un foulard à 700 dollars fortement inspiré du keffieh traditionnel palestinien.
La société, qui est l’une des plus grandes marques de mode au monde et pèse environ 16 milliards de dollars, a été la cible de condamnations pour s’être appropriée la culture palestinienne à des fins commerciales tout en passant sous silence le symbolisme du keffieh dans la description de son produit.
Affiché au départ (la page a été supprimée depuis) sur le site web de Louis Vuitton, le foulard bleu est orné du logo « LV » emblématique de la marque. Décrit comme une « étole » – autre nom employé pour désigner un long foulard ou un châle –, il est « inspiré du keffieh classique » mais est également décrit comme un « accessoire intemporel » qui « donne un style décontracté ».
Traditionnellement porté par les agriculteurs et les bédouins du Levant, le keffieh est devenu au cours du siècle dernier un symbole de la résistance palestinienne au colonialisme et à l’occupation israélienne.
Traduction : « C’est tellement incorrect, à bien des égards. Le génocide palestinien n’est pas quelque chose dont vous pouvez tirer des profits ! @LouisVuitton. »
Louis Vuitton n’est pas la seule maison de mode à avoir utilisé le keffieh palestinien dans ses créations.
Fendi, une marque italienne de mode de luxe, vend sa propre version du foulard traditionnel au prix de 620 euros.
Appel au boycott
Alors que sur les réseaux sociaux, des activistes ont accusé les marques de mode d’insensibilité en raison du moment choisi pour commercialiser leurs produits, on ne sait pas clairement à quel moment les modèles inspirés du keffieh ont été initialement mis en vente.
« Le génocide palestinien n’est pas quelque chose dont vous pouvez tirer des profits », a tweeté une personne s’adressant à Louis Vuitton.
Une autre personne a également fustigé la marque : « Retirez cela de votre site immédiatement, c’est dégoûtant. »
Israël a tué au moins 243 Palestiniens de Gaza, dont 66 enfants, au cours d’une campagne de bombardements lancée en mai dans le territoire palestinien assiégé.
Il ne s’agit pas du premier tollé autour du foulard palestinien emblématique. Le mois dernier, les internautes ont été scandalisés de constater que la recherche Google portant sur le foulard « porté par les terroristes » donnait le keffieh en tête des résultats.
De nombreux internautes ont souligné l’ironie du fait qu’un symbole supposé du « terrorisme » puisse également devenir un produit commercial lucratif.
Traduction : « Donc les fonctions de recherche de Google classent le keffieh traditionnel palestinien comme un “symbole de terrorisme”, mais @LouisVuitton n’a aucune honte à se l’approprier culturellement. Je suppose que c’est un “accessoire cool” si les riches blancs le portent, c’est ça ? »
Alors que certains activistes ont appelé au boycott des marques concernées, d’autres ont exhorté les maisons de mode à publier un communiqué de soutien aux communautés palestiniennes.
Traduction : « @LouisVuitton @Fendi Il y a beaucoup de pression sur vous, les gars. Votre silence fait que tout cela semble vrai, pourquoi ne pas briser ce silence et clarifier tout ça ? Est-ce en soutien à la Palestine ou non ? Faites un commentaire avant de perdre plus de clients. #FreePalestine #Forever. »
Pour les Palestiniens, le keffieh est devenu synonyme de leur cause. Ce tissu traditionnellement à carreaux noirs et blancs est porté dans le monde entier par des activistes, des manifestants et même des célébrités en tant que symbole de solidarité avec le peuple palestinien.
Traduction : « @LouisVuitton se livre à une appropriation absolument dégoûtante de la culture d’une terre sous oppression tout en reprenant les couleurs des oppresseurs ! Et aucune info n’est donnée sur son histoire ! #PalestineWillBeFree. »
Alors que les maisons de mode vendent le keffieh pour plusieurs centaines de dollars, les fabricants palestiniens ne profitent pas de cette industrie luxe.
Les usines locales de keffiehs dans les territoires palestiniens occupés ont été obligées de fermer car le foulard a commencé à être produit ailleurs. Aujourd’hui, il ne reste plus qu’une seule fabrique de keffiehs en Palestine. Appartenant à la famille Herbawi, l’usine est en activité depuis 1961.
Middle East Eye a adressé une demande de commentaires à Louis Vuitton.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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