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Un médecin israélien dénonce les conditions « non conformes à la loi » dans un centre de détention

Dans une lettre adressée aux responsables israéliens, le médecin affirme que des détenus palestiniens ont été amputés à cause de leurs menottes et ont été forcés de déféquer dans des couches
Un homme arrêté par l’armée israélienne dans le nord de Gaza montre ses blessures aux poignets à l’hôpital al-Najjar à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 24 décembre 2023 (Said Khatib/AFP)
Par MEE

Un médecin d’un hôpital de campagne israélien où sont détenus des Palestiniens de Gaza a décrit en détail les conditions horribles qui y règnent, indiquant notamment que des détenus avaient dû être amputés d’un membre à la suite de blessures causées par la manière dont ils étaient menottés et étaient forcés de déféquer dans des couches.

Le médecin, dont le nom n’a pas été communiqué, travaille dans l’établissement de Sde Teiman, entre Gaza et Bersheeba, dans le désert du Néguev. Il raconte son expérience dans une lettre adressée au ministre israélien de la Défense, au ministre de la Santé et au conseiller juridique du gouvernement. La lettre a été rapportée jeudi par Haaretz.

Sde Teiman a été créé après le déclenchement de la guerre l’année dernière en tant que centre temporaire pour détenir les personnes accusées d’avoir participé à l’attaque du Hamas contre le sud d’Israël le 7 octobre.

Beaucoup de personnes arrêtées n’ont aucun lien avec le Hamas et ont été libérées après interrogatoire.

« Depuis les premiers jours de fonctionnement de l’établissement médical jusqu’à aujourd’hui, je suis confronté à des dilemmes éthiques difficiles », écrit le médecin. « Plus encore, je vous écris pour avertir que les caractéristiques des activités de l’établissement ne sont conformes à la loi dans aucun des articles relatifs à la santé des combattants emprisonnés. »

Le médecin écrit que l’hôpital de l’établissement ne reçoit pas un approvisionnement régulier en médicaments et en matériel.

« Depuis les premiers jours de fonctionnement de l’établissement médical jusqu’à aujourd’hui, je suis confronté à des dilemmes éthiques difficiles »

- Un médecin israélien

Il déclare également que tous les patients sont menottés aux pieds et aux mains toute la journée, les yeux bandés et nourris avec une paille, quel que soit leur niveau de dangerosité. Beaucoup sont obligés de déféquer dans une couche.

« Dans ces conditions, en pratique, même les patients jeunes et en bonne santé perdent du poids après environ une semaine ou deux d’hospitalisation », note-t-il.

La plupart des patients sont hospitalisés en raison de blessures survenues lors de leur arrestation et d’un enchaînement prolongé, ayant « nécessité des interventions chirurgicales répétées », selon le médecin.

Trois sources ont déclaré à Haaretz que l’année dernière, un détenu avait été amputé de la main après avoir été blessé par un menottage prolongé. L’armée israélienne a déclaré qu’après une première enquête, aucune investigation plus vaste n’avait été lancée car elle n’avait pas trouvé d’infraction pénale.

Un porte-parole militaire a déclaré que la méthode de menottage était conforme à la loi et adaptée « au niveau de dangerosité de chaque détenu ».

« Je viole mes engagements envers les patients »

Le médecin fait état d’une pénurie de médicaments pour les personnes souffrant de maladies chroniques et indique que certains détenus souffrent de crises d’épilepsie. Il affirme que les patients ne reçoivent pas un traitement approprié et sont souvent libérés trop tôt après avoir subi une opération ou intervention.

Il rapporte que l’hôpital est souvent géré par une équipe d’infirmières et un seul médecin, qui peut être un orthopédiste ou un gynécologue.

« Cela se termine par des complications et parfois même par la mort du patient », écrit-il.

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« Nous tous – les équipes médicales et vous, le niveau responsable de nous au sein du ministère de la Santé et du ministère de la Défense, [sommes] partenaires dans la violation de la loi israélienne, et peut-être pire pour moi en tant que médecin – je viole mes engagements fondamentaux envers les patients, où qu’ils soient, comme je l’ai juré lorsque j’ai obtenu mon diplôme il y a vingt ans. »

Les responsables israéliens qui ont reçu la lettre ont déclaré à Haaretz qu’ils prenaient les problèmes soulevés « très au sérieux » et ont suggéré qu’une enquête aurait probablement lieu.

Un porte-parole de l’armée a déclaré que celle-ci agissait « dans le cadre de la loi » relativement au traitement des détenus.

« Chaque procédure est documentée et supervisée, et est effectuée avec un soin extrême pour la dignité humaine des détenus, conformément aux principes du droit israélien et international », a assuré le porte-parole.

Il a ajouté que parmi les « suspects terroristes », certains étaient « très dangereux et avaient l’intention de nuire à tout Israélien, même au personnel médical ».

Un responsable du ministère de la Santé a déclaré que les soins médicaux fournis à Sde Teiman étaient « conformes aux règles et traités internationaux auxquels Israël est lié ».

Selon l’ONG israélienne de défense des droits de l’homme HaMoked, au 1er avril, 849 Palestiniens de Gaza étaient détenus dans les prisons israéliennes.

Traduit de l’anglais (original).

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