La loi qatarie sur les fake news est « répressive » et « formulée de manière vague » selon Amnesty

L’ONG de défense des droits de l’homme Amnesty International s’est dite inquiète pour la liberté d’expression au Qatar à la suite de la promulgation par l’émirat riche en gaz d’une nouvelle loi criminalisant la publication d’informations « fausses » ou « partiales », avec des sanctions pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison.
Amnesty International a déclaré lundi dans un communiqué que la nouvelle mesure, qui prévoit notamment une amende de plus de 25 000 dollars, était à la fois « répressive » et « libellée de manière vague ».
« Le Qatar a déjà une multitude de lois répressives, mais cette nouvelle législation porte un autre coup dur à la liberté d’expression dans le pays et constitue une violation flagrante du droit international relatif aux droits de l’homme », a déclaré Lynn Maalouf, directrice de la recherche au Moyen-Orient pour Amnesty International.
« Il est profondément troublant que l’émir du Qatar adopte une législation qui puisse être utilisée pour faire taire les critiques pacifiques. Les autorités qataries devraient abroger ces lois, conformément à leurs obligations juridiques internationales, et non pas en ajouter davantage. »
Selon Amnesty, la nouvelle loi vise à sanctionner « quiconque diffuse, publie ou republie des rumeurs, des déclarations ou des informations fausses ou partiales, ou encore une propagande incendiaire, dans le pays ou à l’étranger, dans l’intention de nuire aux intérêts nationaux, de semer la zizanie au sein de l’opinion publique ou de porter atteinte au système social ou au système public de l’État ».
Samedi, le journal qatari Al-Raya a été contraint de présenter des excuses pour avoir rendu compte avec précision du contenu de la nouvelle loi.
Le journal a exprimé ses regrets pour avoir publié l’article en question et « avoir provoqué des discussions », avant de le supprimer de son site web et de ses comptes sur les réseaux sociaux.
Les critiques contre le Qatar se sont multipliées en amont de la Coupe du monde de football de 2022 pour son traitement des travailleurs migrants.
Ce lundi, Human Rights Watch a exhorté Doha à abolir le système de la kafala (parrainage), qui, selon l’ONG, « facilite les abus à l’encontre des travailleurs migrants et leur exploitation ».
Au cours des deux dernières années, le Qatar a annoncé une série de réformes de sa législation du travail et a notamment procédé à la suppression des visas de sortie pour permettre aux travailleurs étrangers de quitter le pays plus librement.
Traduit de l’anglais (original).
Middle East Eye delivers independent and unrivalled coverage and analysis of the Middle East, North Africa and beyond. To learn more about republishing this content and the associated fees, please fill out this form. More about MEE can be found here.