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Daech empoche 100 millions de dollars par an grâce au pillage du patrimoine

Les membres du Conseil de sécurité ont évoqué la question de la destruction du patrimoine culturel en tant que crime de guerre
L’antique cité de Nimrud, au nord de l’Irak, est l’un des nombreux sites anciens qui ont été pillés et vandalisés par les combattants de l’Etat islamique (AFP)

NEW YORK – Le groupe de militants Etat islamique (EI) empoche 100 millions de dollars par an en revendant des antiquités volées lors de ses pillages de sites archéologiques et de musées à travers l’Irak et la Syrie, a indiqué lundi à Middle East Eye l’ambassadeur de l’ONU en Irak, Mohammed Alhakim.

« Interpol nous a donné le chiffre de 100 millions de dollars par an – c’est une source de revenus pour l’EI, et c’est un chiffre considérable », a indiqué Alhakim à MEE à l’issue d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU visant à mettre un terme aux enchères sur internet d’objets du patrimoine volés, entre autres transactions advenant sur le marché noir.

« C’est la première fois qu’a lieu une telle réunion à ce niveau sur la question de la culture et du patrimoine. Nous sommes allés au-delà des questions techniques et avons discuté de la destruction du patrimoine en tant que crime de guerre », a-t-il poursuivi. « C’est un point sur lequel toutes les nations s’accordent. »

L’EI contrôle de vastes pans de territoires à majorité sunnite de chaque côté de la frontière Irak-Syrie et s’est adonné au pillage de sites archéologiques et de collections muséales afin de récupérer des artéfacts qu’il expédie ensuite à l’étranger pour y être vendus illégalement, et ainsi remplir ses coffres de guerre.

Selon Mohammed Alhakim, l’Irak estime avoir perdu 2 700 artéfacts – petits et grands – qui ont été recensés dans une base de données tenue par Interpol, un réseau mondial de coopération policière. La Syrie a enregistré 1 300 objets perdus, a-t-il ajouté.

Mohammed Alhakim s’est entretenu avec MEE à l’issue d’une réunion de l’ONU tenue à portes closes à laquelle ont participé, entre autres, Irina Bokova, la directrice de l’agence culturelle des Nations unies, l’UNESCO, et Jürgen Stock, le secrétaire-général d’Interpol. La rencontre fait suite à une série de pillages et de destructions de sites du patrimoine culturel par l’EI au nord de l’Irak et au nord-ouest de la Syrie.

L’EI, qui s’est auto-proclamé califat dans certaines parties de l’Irak et de la Syrie, promeut une interprétation férocement puriste de l’islam sunnite et accuse les chiites, qui forment la majorité de la population irakienne, d’hérésie.

« Il s’agit d’un combat existentiel qui concerne chacun d’entre nous. C’est le noyau, le cœur de notre ADN en tant qu’êtres humains qui est en cause », a déclaré aux journalistes le délégué de la France à l’ONU, François Delattre.

« La discussion a porté sur l’échange de bonnes pratiques et sur la meilleure façon de relever nos manches et de lutter aussi bien que possible contre le fléau de l’éradication de la culture à travers le monde, et en particulier en Syrie et en Irak. »
 

Traduction de l'anglais (original).

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