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En Syrie, l’EI recule mais résiste

Les dernières attaques de l’EI menées mercredi dans le sud de la Syrie ont fait au moins 250 morts. Car si son territoire rétrécit, son pouvoir de nuisance reste intact
Un membre des forces de sécurité syriennes marche sur les lieux d'une attaque suicide à Soueïda (AFP)
Par MEE

Au moins 250 morts : le nouveau bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) sur les attaques menées mercredi par le groupe État islamique dans le sud de la Syrie montre combien les islamistes armés sont encore en capacité de contrer les coups des forces de Damas alliées aux Russes et ceux de la coalition.

Quels sont les territoires encore contrôlés par l’EI ?

Le groupe a été chassé de l'essentiel des vastes territoires qu'il avait conquis en 2014 en Irak et en Syrie. Alors qu’il avait réussi à mettre la main sur près de la moitié du pays, il ne contrôle plus, selon l’OSDH, que moins de 3 % du territoire.

Il ne conserve plus que quelques poches dans l'est du pays, le long de la frontière avec l'Irak et près du fleuve de l'Euphrate. Il est également présent dans des secteurs désertiques du centre, notamment dans la province de Homs.

Les combattants de l'EI sont également présents dans une zone désertique au nord-est de cette région à majorité druze, jusque-là relativement épargnée par le conflit.

Alors que l'EI avait réussi à mettre la main sur près de la moitié du pays, il ne contrôle plus, selon l’OSDH, que moins de 3 % du territoire (AFP)

Dans le sud-ouest, l'armée Khaled Ben al-Walid, faction ayant prêté allégeance à l'EI en 2016 contrôle quelques poches dans la province de Deraa, cible de raids d’Assad et son allié russe.

Des cellules sont également actives dans la province d'Idleb (nord-ouest) et dans le désert en Irak, à la frontière avec la Syrie.

Selon le commandant des forces françaises au sein de la coalition, le général François Parisot, les derniers combattants, « quelques centaines » ne tiennent plus qu'un territoire évalué à « trente kilomètres sur dix », dans la vallée de l'Euphrate, entre les villes de Hajin et de Boukamal, dans la province de Deir Ezzor (est).

Selon le commandant des forces françaises au sein de la coalition, le général François Parisot, les derniers combattants, « quelques centaines » ne tiennent plus qu'un territoire évalué à « trente kilomètres sur dix »

Même si, soutenu par deux alliés de taille, la Russie et l'Iran, Damas enchaîne les victoires depuis l'intervention militaire de Moscou fin 2015, près de 40 % du territoire syrien échappent toujours à Assad.

L’OSDH estime qu’en sécurisant Damas et ses environs pour la première fois depuis 2012, puis en lançant la reconquête de Deraa, les forces loyalistes contrôlent plus de 60 % du territoire syrien.

Les principales villes du pays (Damas, Alep, Homs, Hama et Deraa) lui sont désormais toutes acquises.

Quel est l’objectif de la coalition ?

Venir à bout de l’EI dans « deux ou trois mois », selon le général François Parisot. « Dans les prochaines semaines, nous espérons nous débarrasser de cette base », a ajouté le responsable militaire, qui représente la France auprès du commandement de la coalition internationale anti-EI sous direction américaine.

« Ce sera la fin de tout territoire possédé par Daesh ou contrôlé par Daesh », a-t-il ajouté. Une fois l'existence physique de l'ex-« califat » de l'EI en Syrie et en Irak complètement éliminée, les forces de la coalition internationale contre l'EI resteront sur place pour s'assurer que les combattants ne se réorganisent pas.

En coopération avec l'armée irakienne et les Forces démocratiques syriennes (FDS, coalition de combattants arabo-kurdes alliée des États-Unis en Syrie, « nous voulons nous assurer qu'ils ne pourront pas se regrouper à nouveau ». « Il y aura évidemment une transition, une transition lente », a-t-il ajouté. « Tout ceci ne se fera pas du jour au lendemain. Un combattant de l'EI est un combattant de trop. Nous voulons nous assurer que nous les tuons tous ».

Est-ce que l’éradication de l’EI est possible ? 

Si les projections militaires évoquent « la fin de l’EI », en octobre 2017, Samer Abboud, professeur associé d’études internationales à l’Université Arcadeia, aux États-Unis, qui soulignait combien « les combattants et les groupes armés en Syrie sont remarquablement malléables et capables de s’adapter à la situation militaire changeante », mettait en garde la « transformation » probable du groupe.

« Nous n’allons pas assister à l’élimination totale du groupe, mais à sa transformation en réponse aux circonstances militaires. Les objectifs ambitieux de construction du califat devraient être abandonnés au profit d’une approche différente du conflit et d’efforts visant à conserver une certaine pertinence, davantage axés sur l’endurance que sur l’établissement d’institutions ».

Il y a un, après la reprise de Mossoul à l’EI, Sihem Djebbi, chargée de conférence en Science politique et en Relations Internationales, enseignante à l'Université de Paris XIII Nord, à l'IEP de Paris, et à l'Université de Sienne, rappelait combien il est important d’appréhender la situation « sur le temps long, qui n’est celui ni des média, ni celui des représentants politiques et militaires, en particulier dans un contexte de conflit et d’instabilité structurelle, et de grande fluctuation des alliances et rapports de force, qu’ils soient locaux, régionaux, ou internationaux ».

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