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La France abasourdie par la « monstruosité » de l’attentat terroriste de Nice

Le président Hollande a condamné un « indéniable acte terroriste », qui a causé la mort d’au moins 84 personnes et fait une centaine de blessés
Le camion utilisé lors de l’attaque du 14 juillet à Nice (AFP)

« La France a été frappée le jour de sa fête nationale... le symbole de la liberté », a déclaré le président français François Hollande dans une allocution télévisée suite à l’attentat perpétré la nuit dernière à Nice. Un camion a foncé dans la foule qui finissait d’assister aux feux d’artifice du 14 juillet. Le bilan provisoire est de 84 personnes tuées, des centaines de blessés, dont dix-huit dans un état très grave.

Le conducteur a percuté les passants sur une distance de 2 kilomètres le long du bord de mer, laissant la célèbre promenade des Anglais jonchée de cadavres.


Des documents d’identité appartenant à un Niçois d’origine tunisienne de 31 ans, Mohamed Bouhlel, ont été trouvés à l’intérieur du camion, dont le chauffeur a été abattu par la police. L’homme était connu par les services de police mais pas par les services de renseignements et ne figuraient donc pas sur les dénommées fiches S (S pour « atteinte à la sûreté de l'État »).

« La France est horrifiée par ce qui s’est passé ; cette monstruosité qui utilise un camion pour tuer délibérément des dizaines de personnes venues simplement célébrer le 14 juillet », a déclaré François Hollande.

Le président français a affirmé que « le caractère terroriste » de cet acte « ne [pouvait] être nié » et a confirmé que plusieurs enfants avaient perdu la vie.

Dans une vidéo visionnée plus de 4 500 fois sur Facebook, un témoin, Tarubi Wahid Mosta, raconte la voix tremblante l’horreur qui s’est abattue sur la promenade, où il a notamment photographié une poupée abandonnée et une poussette.

« J’ai presque trébuché sur un cadavre, c’était horrible. On aurait dit un champ de bataille », a-t-il raconté.

Dans une série de publications sur Facebook, il a décrit le sentiment de désespoir face au carnage.

« Tous ces corps et leurs familles... ils ont passé des heures par terre tenant les mains froides des corps démembrés par le camion. Vous ne pouvez même pas leur parler ou les réconforter. »

Le véhicule est toujours sur les lieux de l’attaque, criblé de balles et les pneus crevés.

Une source policière a indiqué qu’il avait été loué dans la région quelques jours auparavant.

Il s’agit du troisième attentat terroriste de grande ampleur en France en moins de 18 mois. Les enquêteurs de la cellule anti-terrorisme ont été chargés de l’affaire.

Il y a seulement huit mois, le groupe État islamique perpétrait une attaque contre des bars, des restaurants, une salle de concert et le stade national à Paris, faisant 130 morts. Le 7 janvier 2015, c’étaient les locaux de Charlie Hebdo et un hypermarché casher qui étaient pris pour cible. Ces attentats avaient été revendiqués par le groupe État islamique (EI).

Hollande a annoncé que l’état d’urgence instauré après les attentats de novembre serait prolongé de trois mois alors que celui-ci devait être suspendu à compter du 26 juillet.

« Nous continuerons à frapper ceux qui nous attaquent sur notre sol », a-t-il averti.

François Hollande a également fait appel à la réserve opérationnelle (composée des anciens militaires) pour épauler les forces de l’armée nationale déployées sur le territoire français dans le cadre de l'opération anti-terroriste Sentinelle. 

L’EI a identifié la France à plusieurs reprises comme cible première en raison de son action militaire contre le groupe en Irak et en Syrie. Des centaines de ressortissants français sont partis rejoindre ses rangs au Moyen-Orient.

Un témoin de l’attentat de Nice nommé Nader a déclaré à BFM TV qu’il avait d’abord pensé que le chauffeur du camion avait « perdu le contrôle » du véhicule.

« Il s’est arrêté juste à côté de moi après avoir [écrasé] plein de monde. J’ai vu un type dans la rue, nous avons essayé de parler au conducteur pour qu’il arrête.

« Il avait l’air nerveux. Il y avait une fille sous le véhicule, il l’a écrasée. Le mec à côté de moi l’a extraite », a-t-il raconté en anglais.

Nader a indiqué avoir vu le chauffeur sortir un pistolet et commencer à tirer sur la police. « Ils l’on tué et sa tête a été projetée contre la fenêtre. »

Une source proche de l’enquête a précisé qu’une grenade « inactive » avait été trouvée à l’intérieur du camion, ainsi que « plusieurs faux fusils ».

Le Premier ministre Manuel Valls a affirmé que la France ne « serait pas déstabilisée » par ces attaques.

« Nous faisons face à une guerre que le terrorisme a lancée contre nous. L’objectif des terroristes est d’instiller la peur et la panique. La France ne se laissera pas déstabiliser.

« Les temps ont changé et nous devrions apprendre à vivre avec le terrorisme. Nous devons faire preuve de solidarité et de calme collectif. La France a été frappée en son âme le 14 juillet, notre jour national.

« Ils ont voulu attaquer l’unité de la nation française. La seule réponse digne de ce nom est que la France restera loyale à l’esprit du 14 juillet et à ses valeurs. »

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