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L’ancien chef du renseignement algérien demande justice pour le général Hassan

Dans une lettre aux journaux locaux, le général Mediène a dénoncé la condamnation de l’ancien chef de l’antiterrorisme, le général Abdelkader Aït-Ouarabi
Par cette lettre, le général Mediène s’exprime dans la presse la première fois (AFP)

L’ancien chef du renseignement militaire algérien (DRS), le général Mohamed Mediène, a envoyé une lettre ouverte aux journaux locaux dénonçant la condamnation de l’ancien chef de la lutte antiterroriste, le général Abdelkader Aït-Ouarabi, à cinq ans de prison.

Dans sa lettre ouverte, l’ancien chef des services secrets a demandé que justice soit faite pour son ancien subordonné, mieux connu sous le nom de général Hassan.

« Le plus urgent aujourd’hui est de réparer l’injustice à l’égard d’un officier qui a servi son pays avec passion et de restaurer l’honneur des hommes comme lui qui se sont consacrés à la défense de l’Algérie », a écrit le général Mediène dans sa lettre ouverte vendredi.

Le général Mediène, parti en retraite en septembre dernier après avoir dirigé le renseignement militaire du pays pendant 25 ans, a mis un terme à un long silence notoire en envoyant cette lettre.

Pour sa première déclaration à la presse, il a exprimé son soutien au général Hassan et aux agents de renseignement qui sont encore en service.

Jeudi, un tribunal militaire d’Oran a condamné le général Abdelkader Aït-Ouarabi à cinq ans de prison, principalement pour « destruction de documents et désobéissance à des ordres militaires », selon son avocat.

Mediène explique que c’est sous son autorité qu’Hassan avait mené l’opération qui a suscité les accusations d’infractions aux règles.

« En ce qui concerne l’opération à l’origine de l’accusation de violation des ordres généraux, j’affirme qu’il l’a traitée en respectant les procédures normales et a rendu des comptes en temps voulu », a indiqué Mediène.

« Après les résultats probants de la première phase de l’opération, je l’ai félicité, lui ainsi que ceux qui travaillent avec lui, et les ai encouragés à exploiter toutes les possibilités offertes par leur succès. »

Mediène conclut : « Je souhaite que l’immixtion des médias, même si elle constitue un précédent, ne soulève pas de commentaires susceptibles de fausser la finalité de cette lettre. »

Après avoir été écarté en septembre, l’ancien chef du DRS, qui est également connu sous le nom de général Toufik, s’est enfermé dans le mutisme. Certains partis d’opposition ont réagi avec véhémence à sa réapparition en public, dénonçant la lettre ouverte.

Parmi les premiers à réagir, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), un parti politique d’opposition, a fait valoir que l’initiative du général intervenait trop tard.

« L’intrusion médiatique du général Toufik ne fait plus mystère de l’actuelle guerre de clan au sommet de l’État », a déclaré le responsable de la communication du parti, Atmane Mazouz, dans un communiqué remis aux médias.

« Le moment choisi pour la publication de ce message est plus important que le contenu de la déclaration », a ajouté Mazouz.

Selon lui, les gens doivent condamner le laissez-faire du général puisqu’il a laissé ces événements se produire, ainsi qu’en raison de son soutien à des décennies d’injustice.

La publication vendredi de la lettre ouverte de l’ancien chef des services secrets est survenue après que le président algérien Abdelaziz Bouteflika s’est rendu en France jeudi pour subir des « contrôles médicaux de routine ».

L’hospitalisation du président (âgé de 79 ans), qui est au pouvoir depuis 1999 et est rentré en Algérie samedi après deux jours de tests médicaux, ravive les spéculations sur son état de santé réel.

Les rumeurs abondent sur sa capacité à assumer pleinement ses fonctions – des doutes émis par des partis politiques de l’opposition ainsi que par d’anciens membres du gouvernement.

Bouteflika, qui a été réélu pour un quatrième mandat consécutif en avril 2014, souffre d’un certain nombre de problèmes de santé.

En avril 2013, il a été cloué sur un fauteuil suite à un accident vasculaire cérébral qui l’a fait rester pendant près de trois mois dans un hôpital parisien.

Le mois dernier, suite à ces rumeurs, dix-neuf personnalités publiques ont publié une lettre ouverte demandant à rencontrer le président afin de s’assurer qu’il est celui qui gouverne véritablement le pays.

Le président ne leur a pas répondu.

 

Traduction de l’anglais (original) par VECTranslation.

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