Le cerveau des attentats de Paris : brute des cours d’école et spécialiste de l’évasion
Abdelhamid Abaaoud, le cerveau présumé des attentats de Paris ciblé par un assaut de la police française ce mercredi, était une brute des cours d’école qui avait récemment nargué l’Occident depuis une base de l’État islamique en Syrie.
Abaaoud, un Bruxellois de 28 ans d’origine marocaine, a été lié à une série de complots et d’efforts de recrutement en Europe au cours des deux dernières années et s’était vanté de la façon dont il avait échappé à son arrestation.
Se targuant de vivre sous le nez de la police belge, il était soupçonné jusqu’à aujourd’hui d’être en Syrie.
Par le passé, Abaaoud avait raconté qu’il s’en était sorti de peu lorsque la police avait examiné une photo de lui à un poste de contrôle européen.
« Les kouffar [infidèles] ont été aveuglés par Allah. J’ai même été arrêté par un agent qui m’a dévisagé pour me comparer à la photo, mais il m’a laissé passer en ne voyant pas la ressemblance ! », avait rapporté Abaaoud au magazine de l’Etat islamique Dabiq.
« Ce n’était rien d’autre qu’un cadeau d’Allah », avait-il confié lors de cette interview, plus tôt cette année.
La grande évasion
Il s’était également vanté d’avoir pu quitter l’Europe après que la police belge avait tué deux de ses complices lors du démantèlement d’une cellule de l’État islamique à Verviers, en janvier, peu après les attentats de Charlie Hebdo à Paris.
Raillant l’« image gonflée » des « services de renseignement des Croisés », il avait raconté : « Mon nom et ma photo étaient étalés partout et pourtant, j’ai pu rester dans leur patrie, planifier des opérations contre eux et partir en toute sécurité lorsque cela s’est avéré nécessaire. »
Dès l’année dernière, Abaaoud s’était fait connaître des forces de sécurité en apparaissant dans une vidéo de l’État islamique au volant d’une voiture chargée de cadavres.
Si son nom avait largement circulé après le raid de Verviers, il était toutefois soupçonné d’avoir fui vers la Syrie en février.
Abaaoud, né à Molenbeek, une commune défavorisée de Bruxelles qualifiée de « foyer » extrémiste, a été condamné par contumace à une peine de vingt ans d’emprisonnement en juillet pour avoir commandé un réseau de recrutement de l’État islamique.
Il est connu sous les noms de guerre d’Abou Omar Soussi, d’après le nom de sa maison familiale dans la région du sud-ouest du Maroc, et d’Abou Omar al-Baljiki, ou Abou Omar « le Belge ».
L’enfance d’Abaaoud a été aux dires de tous confortable. Le New York Times a rapporté qu’il a été élève au Collège Saint-Pierre d’Uccle, établissement catholique réputé de Bruxelles, mais qu’il y est resté un an seulement.
Un assistant du directeur du Collège Saint-Pierre a expliqué au journal qu’il avait échoué à ses examens. D’autres affirment qu’il a été renvoyé pour mauvais comportement.
« C’était un petit con », s’est souvenu un ancien camarade de classe bruxellois, qui a raconté au journal belge La Dernière Heure qu’Abaaoud harcelait ses condisciples et ses professeurs et s’était également attiré des ennuis pour des vols de portefeuilles.
Abaaoud connaîtrait Salah et Brahim Abdeslam, tous deux originaires de Molenbeek. Salah est recherché par la police suite aux attentats de Paris, tandis que Brahim est l’un des kamikazes qui s’est fait exploser dans la capitale française.
« Nos vies sont détruites »
Après le démantèlement de la cellule de Verviers, le père d’Abaaoud a confié que son fils avait ruiné la vie de sa famille.
En 2014, Abdelhamid a convaincu son frère cadet Younes, alors âgé de 13 ans, de le rejoindre en Syrie : le garçon a été surnommé « le plus jeune djihadiste du monde » par certains journaux.
« Pourquoi, au nom de Dieu, voudrait-il tuer des Belges innocents ? Notre famille doit tout à ce pays », avait confié Omar Abaaoud, dont la famille a quitté le Maroc pour la Belgique il y a quarante ans, en janvier suite au complot de Verviers.
« Abdelhamid a jeté la honte sur notre famille. Nos vies sont détruites [...] Je ne veux plus jamais le voir. Nous avions une belle vie, oui, même une vie fantastique ici. »
« Abdelhamid n’était pas un enfant difficile et c’était devenu un bon commerçant. Mais tout à coup, il est parti pour la Syrie. Je me suis demandé tous les jours pour quelle raison il s’était radicalisé à ce point. Je n’ai jamais reçu de réponse. »
Plus tôt cette année, des rapports avaient laissé entendre qu’Abaaoud avait été tué au combat en Syrie. « Nous prions pour qu’Abdelhamid soit vraiment mort », avait déclaré à l’époque sa sœur aînée Yasmina.
Traduction de l’anglais (original) par VECTranslation.
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