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« Tuons-le bordel ! » : quand Donald Trump voulait assassiner Bachar al-Assad

Selon un livre documentant les discussions quotidiennes à l'intérieur de la Maison-Blanche, Trump a demandé à James Mattis de mettre en place un plan pour tuer Assad
Après l'attaque chimique d'avril 2017 attribuée à Damas, Donald Trump aurait appelé le général Mattis et lui aurait dit qu'il souhaitait assassiner le président syrien (AFP)

Un nouveau livre explosif du journaliste d’investigation Bob Woodward – 450 pages d'anecdotes et de confidences accablantes – rapporte que le président américain Donald Trump aurait déclaré au secrétaire d'État à la Défense James Mattis qu’il souhaitait assassiner Bachar al-Assad, après une attaque chimique en Syrie en avril 2017, attribuée au président syrien.

« Tuons-le bordel ! Allons-y ! On leur rentre dedans et on les bute », aurait-dit Trump à Mattis au téléphone.

Mardi, le Washington Post a rapporté les détails du livre intitulé Fear : Trump in the White House, dont la sortie est annoncée aux États-Unis le 11 septembre. 

Donald Trump et le ministre de la Défense James Mattis le 13 mars 2017 (Reuters)

Citant des hauts responsables anonymes de la Maison-Blanche, Mattis aurait répondu à Trump qu'il irait « droit au but », mais aurait rapidement inversé le cap. Après avoir raccroché, le ministre se serait tourné vers un conseiller et aurait dit : « Nous n'allons rien faire de tout cela. Nous allons être beaucoup plus mesurés ».

Dans la soirée de mardi, Trump a tweeté un communiqué de presse de Mattis dans lequel il ne conteste pas cet épisode en particulier mais affirme n’avoir jamais prononcé « les mots méprisants » qui lui sont attribués à l’encontre du président, déplorant le recours aux sources anonymes qui affaiblit la crédibilité de ces écrits.

À l'issue d'une rencontre entre Donald Trump et son équipe de sécurité nationale à propos de la présence militaire sur la péninsule coréenne, le secrétaire d'État à la Défense, James Mattis, particulièrement exaspéré, aurait dit à des proches que le président se comportait comme un « élève de CM2 ou de 6e ».

Le 4 avril 2017, une attaque au gaz sarin a tué 87 personnes dans la province d'Idleb contrôlée par les rebelles, selon un rapport de l'ONU. L'ONU a accusé le gouvernement syrien d'en être l’instigateur. 

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« Le panel est convaincu que la République arabe syrienne est responsable de la diffusion de sarin à Khan Cheikhoun le 4 avril 2017 », a indiqué le rapport.

Les images diffusées immédiatement après l'attaque ont suscité une indignation mondiale et ont incité les États-Unis à tirer des dizaines de missiles de croisière sur une base aérienne syrienne où le gaz aurait été stocké.

Une traduction en français prévue au Seuil

Alliée de la Syrie, la Russie maintient que l’attaque au sarin a très probablement été provoquée par une bombe lancée directement sur le sol, et non par une frappe aérienne du gouvernement.

La Russie a repris mardi les frappes aériennes dans le nord-ouest de la Syrie avant l’attaque prévue par les forces progouvernementales dans la province d’Idleb.

« Le lecteur découvrira en détail comment les décisions qui affectent le monde entier sont prises »

- Les éditions du Seuil

Idleb est le dernier bastion d'un groupe d'environ 70 000 rebelles qui ont été rassemblés dans la province alors que le gouvernement syrien a progressivement repris le territoire revendiqué par les groupes d'opposition depuis le début d'un soulèvement contre le gouvernement d'Assad en 2011.

Si plusieurs ouvrages peu flatteurs pour le 45e président des États-Unis ont déjà été publiés, le sérieux et la réputation de Woodward, célèbre à travers le monde pour avoir révélé, avec Carl Bernstein, le scandale du Watergate qui a contraint Richard Nixon à la démission, donnent à celui-ci un écho particulier.

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« C'est juste un autre mauvais livre », a réagi Donald Trump dans un entretien au Daily Caller, dénonçant des histoires colportées par d'anciens membres de son équipe mécontents ou « tout simplement inventées par l'auteur ».

Les extraits publiés par plusieurs médias américains renvoient l'image d'une Maison-Blanche dysfonctionnelle dont les acteurs n'ont que peu d'estime pour l'occupant du Bureau ovale.

Les éditions du Seuil, maison d'édition française, ont acquis les droits du livre. 

Bob Woodward est célèbre pour avoir révélé, avec Carl Bernstein, le scandale du Watergate qui a contraint Richard Nixon à la démission (AFP)

« Son livre sera un récit totalement unique de la vie politique à la Maison-Blanche. Le lecteur découvrira en détail, grâce à ses sources exceptionnelles, ses notes prises pendant les réunions, ses journaux personnels et des témoignages de première main, comment les décisions qui affectent le monde entier sont prises », a assuré l'éditeur dans un communiqué.

« Woodward, grâce à son parcours et ses connexions, est le seul à pouvoir écrire un livre aussi documenté. Le premier tirage américain est de 550 000 exemplaires », a indiqué le Seuil.

L'ouvrage du journaliste aux deux prix Pulitzer sortira en français « le plus rapidement possible », a encore indiqué une porte-parole du Seuil. Le titre en français n'a pas encore été choisi, a-t-elle ajouté.

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