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France : la droite et la gauche se déchirent sur l’affaire Salimata

Alors qu’elle joue depuis dix ans en championnat de France, la basketteuse Salimata Sylla s’est vue exclue du terrain avant un match. En cause : le voile face auquel la fédération française a récemment demandé aux arbitres de se montrer fermes
Dans une vidéo publiée par Le Parisien, la sportive, qui joue depuis dix ans en championnat de France, raconte : « Aujourd’hui, on m’empêche de jouer en compétition parce que je porte un couvre-chef alors même qu’il est homologué. » (Instagram/@sali_7)
Dans une vidéo publiée par Le Parisien, la sportive, qui joue depuis dix ans en championnat de France, raconte : « Aujourd’hui, on m’empêche de jouer en compétition parce que je porte un couvre-chef alors même qu’il est homologué. » (Instagram/@sali_7)
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La gauche et la droite française s’affrontent à nouveau sur les réseaux sociaux sur un de leurs sujets favoris : le port du voile.

Au milieu : Salimata Sylla, 25 ans, joueuse de basket en Nationale 3 dans le club d’Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis.  

Début janvier, alors qu’elle s’apprête à commencer un match, son coach la prévient que l’arbitre ne l’autorisera pas à entrer sur le terrain.

Dans une vidéo publiée par Le Parisien, la sportive, qui joue depuis dix ans en championnat de France, raconte : « Aujourd’hui, on m’empêche de jouer en compétition parce que je porte un couvre-chef alors même qu’il est homologué. »

L’arbitre invoque l’article 4 du règlement de la Fédération française de basket selon lequel les « accessoires couvrant la tête […] sont considérés par la Fédération comme ‘’inappropriés au jeu’’ et sont donc interdits ».

Sur les réseaux sociaux, l’extrême droite, qui a déterré des publications Facebook de la joueuse partageant des posts de l’association caritative BarakaCity, (dissoute fin octobre par le gouvernement et dont le président Idriss Sihamedi a été condamné en septembre 2002 pour harcèlement à l’encontre d’un chroniqueuse de la radio RMC), a aussi attaqué Merwane Mehadji, le journaliste du Parisien ayant réalisé la vidéo avec Salimata Sylla, l’accusant d’être « un Frère musulman », d’avoir « travaillé au Qatar » ou d’être un « journaliste communautariste ».

Alors qu’Éric Ciotti, président des Républicains (droite), a affiché sur Twitter son « soutien à la Fédération française de basket-ball qui n’a pas cédé », Bastien Lachaud, député de La France insoumise (gauche radicale), s’est interrogé : « Qui peut croire œuvrer à l’émancipation en excluant et discriminant une jeune femme qui ne demande qu’à pratiquer paisiblement son sport comme tout le monde ? »

Sébastien Marie-Sainte, président du club de basket d’Aubervilliers, estime qu’il s’agit davantage d’une « chasse aux sorcières » que d’un « cas isolé ».

« Il y a une recrudescence de faits similaires recensés un peu partout en France », témoigne-t-il dans la vidéo du Parisien.

Dans un e-mail datant de décembre 2022 que s’est procuré le journal, la Fédération française de basket demande aux arbitres de « refuser » les joueuses portant un « bandana, bonnet ou voile ».

Alors que la France va accueillir les Jeux olympiques dans un an, Salimata Sylla confie avoir « l’impression d’être exclue ».

« Une partie des femmes et des jeunes filles qui ont juste envie de jouer au basket ne pourront pas jouer […] et ça c’est le plus triste. »

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