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Israël : un ancien chef du Mossad affirme que son pays impose un système d’apartheid en Cisjordanie

Tamir Pardo, ancien directeur des renseignements israéliens, a déclaré que les lourdes restrictions imposées par Israël aux Palestiniens s’apparentaient à une forme d’apartheid, devenant l’une des nombreuses personnalités à s’exprimer à ce sujet
Tamir Pardo a dirigé le Mossad de 2011 à 2016 (AFP)
Par MEE

Un ancien chef du Mossad, l’agence de renseignement israélienne, a déclaré qu’Israël imposait un système d’apartheid contre les Palestiniens en Cisjordanie occupée.

Tamir Pardo, qui a dirigé le Mossad de 2011 à 2016, a accordé mercredi une interview à Associated Press dans laquelle il a affirmé que le traitement des Palestiniens était similaire à la séparation raciale mise en place en Afrique du Sud dans le cadre d’un système qui a pris fin au début des années 1990.

« Il y a un État d’apartheid ici », a déclaré Pardo lors de l’interview. « Dans un territoire où deux personnes sont jugées selon deux systèmes juridiques, c’est un État d’apartheid. »

Pardo a développé en disant que les citoyens israéliens étaient libres de monter dans une voiture et conduire où bon leur semblait, à l’exception de la bande de Gaza sous blocus, alors que les Palestiniens n’avaient pas le droit d’entrer dans certaines zones et étaient obligés de passer par des check-points opérés par des soldats lourdement armés.

Réaffirmant ses propos, il a conclu que ses déclarations n’étaient « pas extrêmes » mais « factuelles ».

Les organisations de défense des droits de l’homme soutiennent depuis longtemps que la politique israélienne est discriminatoire à l’égard des Palestiniens.

En avril 2021, Human Rights Watch a déclaré que les autorités israéliennes se rendaient coupables de crimes contre l’humanité, d’apartheid et de persécutions, sur la base de politiques gouvernementales qui maintiennent la domination des Israéliens de confession juive sur les Palestiniens.

L’ONG a également documenté de graves violations des droits de l’homme commises contre les Palestiniens en Cisjordanie et à Jérusalem-Est occupées.

Un nombre croissant de dénonciations de l’apartheid

Tamir Pardo est l’une des dernières personnalités en date, y compris au sein des services de sécurité israéliens, à dénoncer l’apartheid instauré par leur pays à l’encontre des Palestiniens.

Le mois dernier, un ancien haut général de l’armée israélienne a déclaré que le traitement réservé par Israël aux Palestiniens en Cisjordanie occupée ressemblait à l’Allemagne nazie et constituait un « apartheid total ».

Amiram Levin, ancien chef du commandement nord de l’armée israélienne, a fait ces commentaires sur Kan, la chaîne publique du pays.

« Il n’y a pas eu de démocratie là-bas depuis 57 ans. Il y a un apartheid total », a affirmé Levin, faisant référence à la situation en Cisjordanie.

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Il a ajouté que l’armée israélienne était « forcée d’y exercer sa souveraineté » et qu’elle « pourrissait de l’intérieur ».

« Elle reste les bras croisés, regarde les colons émeutiers [sans rien faire] et commence à être un partenaire des crimes de guerre. Ce sont des processus profonds. »

Deux anciens ambassadeurs israéliens en Afrique du Sud ont également déclaré qu’Israël maintenait un « système juridique à deux niveaux » qui comporte « des inégalités inhérentes » et qu’« Israël s’est efforcé de changer à la fois la géographie et la démographie de la Cisjordanie à travers la construction de colonies, qui sont illégales au regard du droit international ».

Des membres de la Knesset ont également fait référence à l’apartheid mis en œuvre par Israël, tout comme l’ancien secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon.

Plusieurs ONG de défense des droits de l’homme, dont B’Tselem, Human Rights Watch et Amnesty International, ont déterminé ces dernières années que le terme « apartheid » s’appliquait à la situation en Israël et dans les territoires palestiniens occupés.

Israël occupe la Cisjordanie depuis la guerre israélo-arabe de 1967.

Le territoire est habité par quelque 2,9 millions de Palestiniens. Environ 475 000 colons juifs y vivent également dans des colonies approuvées par l’État israélien, mais illégales au regard du droit international.

Ces commentaires de l’ancien chef du Mossad font suite à sa récente condamnation du Premier ministre Benyamin Netanyahou et de la refonte du système judiciaire pilotée par son gouvernement, lequel, selon Pardo, est en train de devenir une dictature.

Traduit de l’anglais (original).

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