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Dans les fosses communes de Gaza, tant de Palestiniens non identifiés

Des morgues qui ne fonctionnent plus, des linceuls qui se font rares, des routes détruites qui empêchent les familles de venir identifier les corps : pour les autorités locales, la gestion des victimes au quotidien est de plus en plus compliquée
C’est la deuxième fois depuis le 7 octobre que les Palestiniens de Gaza sont contraints de procéder à des enterrements collectifs pour des personnes non identifiées (ministère palestinien de la Santé)
C’est la deuxième fois depuis le 7 octobre que les Palestiniens de Gaza sont contraints de procéder à des enterrements collectifs pour des personnes non identifiées (ministère palestinien de la Santé)

Des mères non identifiées, toujours agrippées à leurs enfants, figuraient parmi les 43 Palestiniens enterrés samedi 21 octobre dans une fosse commune dans la bande de Gaza assiégée.

Selon le bureau des médias du gouvernement local, les autorités et les citoyens ont eu des difficultés à identifier de nombreuses victimes des bombardements israéliens, ce qui les a obligés à enterrer ces victimes dans une fosse commune.

L’inhumation a eu lieu dans le quartier d’al-Tuffah à Gaza. De nombreux corps ont été décrits comme étant des « morceaux et membres éparpillés », selon le ministère de la Santé.

Traduction : « Pour la deuxième fois depuis l’agression [israélienne], un enterrement collectif de 43 personnes non identifiées a été organisé dans le cimetière d’urgence. »

Les bombardements intenses d’Israël sur Gaza au cours des quinze derniers jours ont tué plus de 4 651 personnes, dont 70 % sont des enfants, des femmes et des personnes âgées. Au cours de la même période, 1 400 personnes ont également été tuées en Israël.

Les bombardements israéliens ont dévasté les infrastructures civiles, rasant les immeubles résidentiels, laissant de nombreux cadavres déchirés et démembrés, difficiles à identifier.

Les autorités affirment que les restes des victimes ont été mélangés et que certains ont été blessés si grièvement qu’ils ne sont plus reconnaissables.

Parmi les corps enterrés samedi, figuraient des fœtus déchirés appartenant à des femmes tuées lors des frappes.

« Cimetière d’urgence »

C’est la deuxième fois depuis le 7 octobre que les Palestiniens de Gaza sont contraints de procéder à des enterrements collectifs pour des personnes non identifiées.

Depuis qu’Israël a coupé tout accès à la nourriture, à l’eau, à l’électricité, au carburant et aux aides le 9 octobre, les Palestiniens de Gaza ne peuvent plus stocker les corps des victimes dans les morgues, ces dernière ne fonctionnant plus. Dans certaines zones de Gaza, des camions de glaces ont été utilisés pour stocker les corps. Dans d’autres quartiers, les cadavres se sont entassés dans les rues.

Les autorités palestiniennes ont creusé des fosses communes pour accueillir les corps que les morgues ne peuvent plus conserver (AFP/Said Khatib)
Les autorités palestiniennes ont creusé des fosses communes pour accueillir les corps que les morgues ne peuvent plus conserver (AFP/Said Khatib)

Mais le nombre écrasant de victimes, associé au manque d’équipement, impliquait que les corps soient enterrés au plus vite.

Les décombres des bâtiments démolis posent également problème puisque les familles ne peuvent plus se rendre dans les hôpitaux pour identifier les morts en raison des routes bloquées et des bombardements continus.

Salam Marouf, le responsable du département médias du gouvernement, a déclaré que lors des enterrements, les autorités avaient essayé de rassembler autant que possible les familles.

« Nous avons pris la décision d’honorer les martyrs en les enterrant », a-t-il précisé dans un communiqué. « Leurs traits ont commencé à changer à [la morgue]. »

Pas de purification rituelle possible

Le premier « cimetière d’urgence » a été créé le 15 octobre. Les victimes pouvant être identifiées ont été supervisées par le ministère de la Santé, les autres ont été prises en charge par le ministère des Affaires religieuses des équipes médico-légales.

« L’occupation ne respecte pas la dignité humaine, ni les vivants ni les morts. Ils ont tué des gens dans leurs maisons sans avertissement. Israël ne respecte même pas les droits des gens après les avoir assassinés, leur droit à un enterrement digne de ce nom et en permettant à leurs proches de leur dire adieu et de les inhumer », a déclaré Salam Maarouf dans un précédent communiqué.

Avant les enterrements, les ministères prennent une photo de chaque personne et documentent leurs caractéristiques distinctives, afin que les familles puissent vérifier les photos et contacter le ministère de la Santé si elles reconnaissent les individus ultérieurement.

Chaque personne enterrée dans la fosse commune reçoit également un numéro et des documents, permettant aux membres de la famille de venir vérifier si leurs proches font partie des victimes.

Les linceuls blancs qui servent à envelopper les morts sont également rares en raison du nombre de personnes tuées au cours des quinze derniers jours.

Israël ayant coupé tout approvisionnement en eau à l’enclave assiégée, les corps ne peuvent pas être lavés et préparés pour l’enterrement conformément à la loi islamique (le ghusl, purification rituelle, est effectué pour nettoyer le corps avant l’inhumation).

Traduit de l’anglais (original).

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