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Guerre à Gaza : les noms de 7 028 Palestiniens tués par Israël dévoilés après la remise en question du bilan des victimes par Biden

Le ministère palestinien de la Santé à Gaza accuse l’administration américaine d’être « dépourvue de principes humains et de morale » pour avoir remis en question « sans vergogne » la validité des chiffres
Funérailles de Palestiniens tués lors de frappes israéliennes à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 24 octobre 2023 (Reuters)
Par MEE

Le ministère palestinien de la Santé a publié jeudi les noms de 7 028 personnes tuées par les frappes aériennes israéliennes dans la bande de Gaza, au lendemain de la remise en question du bilan des victimes depuis le début de la guerre le 7 octobre par le président américain Joe Biden.

Biden a déclaré aux journalistes à la Maison-Blanche qu’il n’avait « aucune confiance dans les chiffres utilisés par les Palestiniens » quant au nombre de personnes tuées par Israël jusqu’à présent. « Je suis sûr que des innocents ont été tués, et c’est le prix à payer quand on part en guerre », a-t-il ajouté.

En réponse, le ministère de la Santé à Gaza a publié un rapport de 210 pages détaillant les noms, âge, sexe et numéros d’identification de chaque personne tuée dans l’enclave côtière. Le ministère a indiqué qu’une version anglaise du rapport serait bientôt publiée.

Le porte-parole du ministère, Ashraf al-Qudra, a accusé l’administration américaine d’être « dépourvue de principes humains, de morale et de valeurs fondamentales en matière de droits de l’homme » pour avoir remis en question « sans vergogne » la validité du bilan des morts.

« Nous avons décidé d’annoncer, avec des détails et des noms, et devant le monde entier, la vérité sur la guerre génocidaire commise par l’occupation israélienne contre notre peuple », a-t-il déclaré.

À la date du 26 octobre à 15 heures, heure locale, 7 028 Palestiniens avaient été tués depuis le 7 octobre, dont 2 913 enfants, selon le rapport.

Au total, 3 129 femmes et 3 899 hommes ont perdu la vie. Le nombre de morts non identifiés s’élève à 218, lesquels ne sont pas inclus dans le bilan final.

Le rapport exclut également les personnes inhumées sans avoir été transportées à l’hôpital, celles pour lesquelles les hôpitaux n’ont pas pu terminer les procédures d’enregistrement, ainsi que les personnes portées disparues sous les décombres, qui sont au nombre d’environ 1 600, dont beaucoup seraient mortes.

Pour ces raisons, le ministère a indiqué que le nombre réel de victimes était probablement beaucoup plus élevé que ce qui était indiqué dans le rapport.

« Le président Biden devrait regarder certaines de ces vidéos et se demander si les enfants écrasés sortis des ruines de leurs maisons sont une invention ou un prix de guerre acceptable. Ils ne sont ni l’un ni l’autre »

- Nihad Awad, Conseil sur les relations américano-islamiques

« Nous confirmons que les portes du ministère de la Santé sont ouvertes à toutes les institutions », a ajouté Qudra dans un communiqué.

« Dites au monde que derrière chaque chiffre se cache l’histoire d’une personne dont le nom et l’identité sont connus. Notre peuple n’est pas des moins-que-rien qui peuvent être ignorés. »

Alors que Joe Biden remet en question l’exactitude du bilan des morts, le département d’État américain a récemment cité le ministère palestinien de la Santé à Gaza dans près de 20 « rapports de situation », a révélé le HuffPost.

Le Conseil sur les relations américano-islamiques (CAIR) a publié un communiqué décrivant les remarques de Biden comme « choquantes et déshumanisantes » et l’exhortant à s’excuser.

« D’innombrables vidéos sortant chaque jour de Gaza montrent des corps mutilés de femmes et d’enfants palestiniens – et des quartiers entiers rasés », a déclaré Nihad Awad, directeur exécutif de l’association.

« Le président Biden devrait regarder certaines de ces vidéos et se demander si les enfants écrasés sortis des ruines de leurs maisons sont une invention ou un prix de guerre acceptable. Ils ne sont ni l’un ni l’autre. »

De nombreux experts considèrent les chiffres fournis par le ministère palestinien comme fiables, compte tenu des accès dont il dispose, de ses sources et de l’exactitude de ses bilans antérieurs.

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Omar Shakir, directeur de Human Rights Watch pour Israël et la Palestine, a déclaré au Washington Post plus tôt cette semaine que les chiffres du ministère s’avéraient « généralement fiables » et que tout le monde les utilisait.

« Lorsque nous avons effectué nos propres vérifications des chiffres pour des frappes particulières, je n’ai connaissance d’aucun moment où il y ait eu un écart majeur », a-t-il précisé.

La guerre israélienne en cours contre Gaza a éclaté le 7 octobre après une attaque surprise menée par le Hamas palestinien dans le sud d’Israël. Selon les autorités israéliennes, environ 1 400 personnes ont été tuées en Israël lors de l’assaut, majoritairement des civils.

Au moins 220 autres personnes, soldats et civils, ont été faites prisonnières à Gaza. Le Hamas a libéré quatre otages jusqu’à présent et déclaré que 50 autres avaient été tués dans les frappes aériennes israéliennes.

Israël a répondu à l’assaut mené par le Hamas en lançant une campagne de bombardements incessante sur Gaza et en assiégeant complètement le territoire.

Les bombardements ont notamment tué des journalistes, médecins, secouristes, écrivains, artistes et footballeurs.

Parmi les cibles figurent des bâtiments résidentiels, des hôpitaux, des ambulances, des écoles, des universités, les sièges de médias, des mosquées, une église et des banques, entre autres infrastructures civiles.

Traduit de l’anglais (original).

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