Elias Rahbani : onze morceaux qui définissent la vie et l’héritage du musicien libanais
Le 4 janvier, le Liban a perdu l’un de ses derniers grands compositeurs du siècle dernier, Elias Rahbani, emporté par le COVID-19 à l’âge de 83 ans.
Frère cadet des défunts Assi et Mansour Rahbani, célèbre duo musical connu sous le nom de « Frères Rahbani », Elias, qui avait plus de dix ans de moins, avait entamé indépendamment sa propre carrière et était devenu l’une des personnalités de la pop libanaise.
Tout au long de sa prolifique carrière musicale, il composa et arrangea des chansons pour les plus grandes stars de la musique libanaise, parmi lesquelles Fairouz, Samira Toufic, Wadih el-Safih, Taroub, Majida el-Roumi et Melhem Barakat, et lança la carrière d’innombrables autres artistes.
Sa mort marque la fin d’une époque qui a déterminé le son de la musique libanaise moderne.
Au téléphone depuis Beyrouth, le compositeur et arrangeur libanais Ihsan al-Mounzer – vieil ami d’Elias, qui a collaboré avec lui sur plusieurs projets – évoque l’impact d’Elias Rahbani sur la scène musicale libanaise : « J’ai été particulièrement frappé par l’annonce de sa mort. Elias Rahbani était comme un grand frère pour moi.
« Quand j’étais en Italie, j’écoutais sa musique et la jouais dans les hôtels et les clubs. Je jouais au piano ses compositions Night Entertainer et Habibati et les gens dansaient sans cesse. »
Naissance d’une légende
Né en 1938 à Antélias, une ville côtière située à 5 kilomètres au nord de Beyrouth, Elias Rahbani étudie au Conservatoire libanais et sous la direction des musiciens français Michel Bourgeau et Bertrand Robillard.
Alors qu’il travaille comme conseiller musical à Radio Liban et compose des chansons en français et en anglais pour des artistes peu connus, il débute sa collaboration avec l’emblématique chanteuse et actrice libanaise Sabah, ce qui lance sa carrière. Rahbani travaillera beaucoup avec elle des années 1960 aux années 1980, lui écrivant nombre de ses plus grands succès.
À 31 ans, Rahbani a déjà composé des chansons devenues immédiatement des classiques dans la région, et qui demeurent une composante importante du répertoire libanais, notamment Sheftou Bel Anater (je l’ai vu sous les arches, 1964) interprétée par Sabah et El Oudal Mensiyye (la pièce oubliée, 1969) interprétée par Fairouz.
Véritable génie musical, Rahbani est l’un des pionniers de la musique alternative et underground au Liban, bien qu’il ait aussi travaillé avec des artistes mainstream célèbres. Au début de sa carrière, il expérimente les tout derniers instruments électroniques et est l’un des premiers à utiliser les synthétiseurs dans la musique arabe.
Il introduit également au Liban les tendances musicales internationales contemporaines, explorant des genres tels que le yéyé, le rock psychédélique, la pop des années 1960, le style franco-arabe, la musique latine, le beat et la chanson.
Dans les années 1960 et 1970, il écrit et produit certains des disques libanais les plus novateurs, collaborant fréquemment avec des artistes montants. Certains connaîtront une gloire éphémère, comme le groupe de rock psychédélique libano-arménien The News, tandis que d’autres réussiront à se faire un nom, comme Maya Casabianca, Manuel et Sammy Clark.
Outre ses chansons, Elias Rahbani compose des bandes originales pour plus d’une vingtaine de films égyptiens et libanais et écrit les thèmes de Allo Hayati et Diala, des séries télé libanaises populaires.
Premier dans le monde arabe à écrire des musiques pour des publicités radio et télévisées, ses jingles pour les piles Rayovac, les produits laitiers Tatra et le fromage Picon formeront une espèce de bande-son bizarre de la guerre civile libanaise, de la fin des années 1970 au début des années 1980, et restent ancrés dans la mémoire collective des Libanais.
Il écrira également un album de comptines pour enfants, chanté par ses jeunes fils, et composera même des hymnes pour les partis politiques du pays, qu’il partage ou non leurs idées.
Rahbani fait preuve d’innovation tout au long de sa carrière ; au début des années 1970, il sort sa novatrice série d’albums instrumentaux Mosaic of the Orient, disques devenus cultes dans les discothèques à l’international.
Le compositeur aurait écrit plus de 6 000 mélodies au cours de sa carrière – une estimation plausible, étant donné sa créativité foisonnante et la longévité de sa carrière. Cela ferait sans nul doute de lui le compositeur le plus prolifique de l’histoire du Liban.
Elias laisse derrière lui sa femme, Nina Khalil, et deux fils Gassan et Jad, qui travaillent tous deux dans la musique. Sa mort est pleurée à travers le Liban et le monde arabe.
« Elias Rahbani est une grande icône, irremplaçable dans le monde de la musique. Il a amené les tendances et saveurs orientalo-occidentales dans la musique, ainsi que beaucoup de beauté ; il a même créé de belles publicités », estime Ihsan al-Mounzer
Outre son énorme contribution à la discographie libanaise, Rahbani laisse en héritage plusieurs écoles de musique.
Middle East Eye a compilé une liste de onze morceaux, symboles de la vie et de l’héritage de cet illustre musicien libanais.
1. Shish Bourak et Leila Leila, Fawez (années 1960)
Parmi ses premières compositions dans les années 1960, les morceaux Shish Bourak et Leila Leila sont de bons exemples de la vague franco-arabe de l’époque, qui a été popularisée par des succès tels que Mustapha de Bob Azzam et L’Oriental d’Enrico Macias.
Ces compositions montrent l’identité musicale éclectique de Rahbani et son inspiration issue des dernières tendances musicales internationales.
Bien que Fawez, l’interprète de ce disque, n’ait sorti que ce single et soit peu connu aujourd’hui, la chanson elle-même voyagera au-delà des frontières du Liban, étant reprise par de nombreux artistes, notamment le célèbre chanteur yougoslave Mišo Kovač en 1968.
Elias Rahbani retravaille la chanson en 1972, réarrangeant une version instrumentale pour son album Mosaic of the Orient, Vol 1. La chanson fait encore l’objet de reprises dans les années 1980, avec les versions du chanteur libanais Tony Valière et du chanteur arménien Mateos.
2. Quand passent les Cigognes/ Non, je veux retourner, Manuel Manankichian (années 1960)
Au milieu des années 1960, Rahbani compose de nombreux singles pour l’artiste et acteur libano-arménien Manuel Manankichian, qui gagne alors en popularité en Arménie et fait des tournées en Union soviétique, où il sort des disques avec le label Melodia.
La face A de ce disque, Quand passent les cigognes, est typique de la chanson française populaire à cette époque grâce à des artistes comme Jacques Brel et Charles Aznavour, avec lesquels Manuel Manankichian aurait étudié la chanson à Paris à la fin des années 1960.
Sur la face B, on trouve la chanson explosive Non, je veux retourner, dans un style yéyé, une réponse à la vague de musique beat au Royaume-Uni de la part de la jeune génération branchée en France.
Parmi les singles que Rahbani a écrits pour Manuel Manankichian figurent La Guerre est Finie, qui a lancé la carrière du chanteur, et Tammy, que Rahbani a revisité dix ans plus tard avec une version arabe pour le chanteur pop libanais Sammy Clark.
3. From the Moon / Tell Me, The News (fin des années 1960)
Elias Rahbani collabore avec plusieurs artistes de la communauté arménienne du Liban, parmi lesquels le groupe de rock progressif The News. Les quatre membres de ce groupe sortent une série de singles dans les années 1960 et au début des années 1970 qui sont salués par la critique internationale, et effectuent des tournées en Europe.
Leurs singles seront plus tard réunis dans leur unique album, Old Wine New Bottles, sorti en 1975 sur le label libanais Voix De L’Orient. Rahbani arrangera l’ensemble de leurs chansons, notamment leur single pop rock de 1974, Teardrops, qui rencontre un certain succès au Liban. Leur single le plus intéressant, From the Moon, a été composé par Rahbani et sorti à la fin des années 1960.
De façon tout à fait inhabituelle, From the Moon n’a pas été repris sur leur album, contrairement à la face B Tell Me, peut-être parce que c’était la seule chanson à ne pas avoir été composée par le chanteur et guitariste du groupe John Taslakian, qui s’est fait connaître sous l’alias John Wilde.
Cette chanson est l’un des disques les plus expérimentaux et avant-gardistes de Rahbani avec ses guitares floues et son intro pleine de synthé Moog, ses sons de batterie très présents et ses chœurs psychédéliques, qui donnent l’impression d’avoir été enregistrés dans l’espace, psalmodiant : « We come from the moon… we’re looking for peace » (nous venons de la Lune… nous venons en paix).
Sortie de manière indépendante sous forme de 45 tours en nombre limité, From the Moon est un titre aujourd’hui recherché parmi les DJ et les collectionneurs de musique psychédélique et garage des années 1960, se vendant à plus de 600 dollars lorsqu’il apparaît sur les sites de revente.
Près de dix ans après sa sortie originale, cette chanson est apparue dans une version légèrement différente sur la face B du 33 tours disco de Rahbani, « Liza… Liza ».
4. Hully Dabkeh Ya Ba Off / Sola Cha Cha Cha, Sabah (1964)
Elias Rahbani a joué un rôle clé dans la carrière de la chanteuse et artiste emblématique Sabah, lui écrivant des dizaines de mélodies qui sont toujours jouées aujourd’hui dans le monde arabe.
Sabah a débuté sa carrière dans les années 1950 en se produisant dans des hôtels chics tels que Piscine Aley et Grand Sofar avec les stars Abdel Halim Hafez, Wadih al-Safi et Farid al-Atrache, entre autres. Dans les années 1960, elle s’était déjà fait un nom, participant aux numéros musicaux des Frères Rahbani au Festival international de Baalbek et apparaissant dans de nombreux films.
Elle a connu une immense gloire au Liban et dans le monde arabe, devenant l’une des chanteuses les plus acclamées de la région. Sortis en 1964, Hully Dabkeh Ya Ba Off et Sola Cha Cha Cha faisaient partie des premières compositions d’Elias Rahbani pour Sabah.
Outre les styles traditionnels comme la dabkeh, Sabah était ouverte aux chansons modernes aux rythmes plus saccadés, ce qui a cimenté sa réputation comme figure de la pop. Les deux faces de ce single sont un mélange de pop latine et de beat rythmé de dakbeh ; Sabah chante en français – combinaison inhabituelle et novatrice des styles à l’époque.
Aujourd’hui, ses chansons reviennent sur les pistes de danse du monde entier, jouées dans les boîtes de nuit et à la radio. La demande pour ce single a engendré une inflation de son prix sur le marché du disque.
5. Shayef Elbahr / El Oudal Mensiyye, Fairouz (1969)
Ce disque est un double-face de Fairouz qui comprend deux importants singles – la composition des frères Rahbani, Shayef Elbahr sur la face A et El Oudal Mensiyye, l’une des premières compositions de Rahbani pour la chanteuse, avec des paroles de ses frères Assi et Mansour.
C’est un bon exemple des différents styles qu’Elias et les frères Rahbani ont apportés à Fairouz.
Sortie au cours de la période où Rahbani verse dans la chanson française, yéyé et rock psychédélique, El Oudal Mensiyye est une ballade romantique, moderne et rêveuse au tempo moyen, illustration des multiples identités de sa carrière.
6. Mosaic of the Orient, Vol. 1 & Vol. 2, Elias Rahbani (1972 et 1974)
Commercialisée par le label musical libanais Voix De L’Orient dans les années 1970, Mosaic of the Orient est une collection de morceaux instrumentaux innovants, en deux volumes, dans lesquels Rahbani revisite certaines de ces vieilles chansons, ainsi que de nouvelles compositions.
Ces albums sortent au milieu des années 1970, au pic de l’électrification de la musique à travers le monde, alors que le rock fusionne avec de nombreux genres, amenant de nouveaux styles sur le devant de la scène tels que le jazz-fusion.
Ici, Rahbani continue son approche expérimentale de la musique, assemblant guitares électriques, synthétiseur, basse électrique et batterie avec des instruments orientaux tels que le ney, l’oud, et le tabla. La fusion de ces instruments avec des mélodies orientales crée un son unique et nouveau : la pop arabe psychédélique.
Ces deux albums sont enregistrés au Polysound, le studio du visionnaire ingénieur du son libanais Nabil Mumtaz. « Ils étaient de très proches amis. Ils ont passé énormément de temps à découvrir les sons ensemble », rapporte Jad Rahbani.
« Elias aimait apprendre tout ce qu’il y avait à savoir à propos du son, de la technique et de l’enregistrement. Il passait nuit après nuit avec Mumtaz à faire des essais, à enregistrer des fréquences et à perfectionner le son de la batterie. »
Les morceaux de ces deux albums ont été échantillonnés par des artistes contemporains ces dix dernières années : Dance from Maria a été samplé pour la première fois en 2011 par le rappeur américain Joell Ortiz sur sa chanson Finish What You Start.
Il a été samplé à nouveau sept ans plus tard par les Black Eyed Peas sur leurs chansons Ring the Alarm. Le groupe hip hop grec Terror X Crew a également échantillonné La Dance de Nadia en 2000.
7. Thème sentimental du film Habibati, Elias Rahbani (1973)
Tout au long de sa carrière, Elias aura écrit les bandes originales de 25 films libanais et égyptiens tels que Ahlan Bil Hob (bienvenue à l’amour), tourné en 1968 et réalisé par Mohammed Salman, Demi wa Dumoua’i wa Ibtisamati (mon sang, mes larmes, mon rire), tourné en 1973 et réalisé par Hussein Kamal et Ajmal Ayam Hayati (les plus beaux jours de ma vie) tourné en 1974 avec Hussein Fahmy et Naglaa Fathi.
Son thème pour le film de 1973 Habibati est l’un des morceaux instrumentaux les plus distinctifs de sa longue discographie. Réalisé par Henry Barakat, ce mélodrame romantique a été tourné au Liban avec les célèbres acteurs égyptiens Mahmoud Yassin et Faten Hamama.
Le thème composé et arrangé par Rahbani, et enregistré avec un grand orchestre qu’il dirigeait, a été très populaire au Liban et dans le monde arabe et a fait l’objet de reprises par des artistes tels que le guitariste égyptien Omar Khorshid.
8. Yay Yay Ya Nassini, Georgette Sayegh (1973)
Sorti au début des années 1970, Yay Yay Ya Nassini (toi qui m’as oubliée) est typique des succès pop libanais de Rahbani à l’époque.
Ce genre de pop arabe légère avec des synthétiseurs aux mélodies entraînantes domine le son de Rahbani dans les années 1970 et 1980, lorsqu’il est faiseur de stars.
Bien que sa carrière ait été de courte durée, Georgette Sayegh a chanté des chansons intemporelles qui restent ancrées dans la culture libanaise.
9. Kaan Enna Tahoun, Fairouz (1974)
Autre titre célèbre de Fairouz, Kan Enna Tahoun (nous avions un moulin), est composé par Rahbani dans le cadre de sa collaboration avec les frères Rahbani pour la pièce de théâtre de 1974 Loulou.
Il écrit plusieurs compositions pour cette pièce, notamment la seconde introduction Fi Ahwa al-Mafrak, Yalla Ya Ekhwan, Al Hob Al Hob et Raksat Samia.
Kan Enna Tahoun est copiée par la chanteuse turque Huri Sapan dans sa chanson Bir Sans Daha Ver.
Ce n’était pas la première chanson d’Elias à être interprétée par une artiste turque : en 1975, la célèbre chanteuse Ajda Pekkan a repris sa chanson Ka’an Izzaman, qui avait été écrite pour Fairouz.
10. Liza… Liza, par Elias Rahbani et son orchestre (1978)
D’une génération différente de ses frères aînés, Elias Rahbani était connu par ses neveux comme le jeune oncle moderne inspiré par les dernières tendances musicales.
Il est parmi les premiers au Liban à sortir un disque disco, réagissant à la vague musicale mondiale avec la sortie en 1978 du 45 tours Liza… Liza – un disque disco orchestral avec des chœurs féminins érotiques et une touche orientale.
Ce disque rencontre un certain succès international, il est joué dans les discothèques et dans les stations de radio à travers les États-Unis et est repris par le groupe canadien Body Heat en 1982, qui le remixe en version italo-disco.
Elias Rahbani sort plusieurs albums orchestraux dans les années 1970, comprenant des versions instrumentales allant de ballades easy listening aux thèmes TV funky et à la musique disco.
11. Wa’adouni Wnatarouni, Sabah (1982)
Après avoir enregistré presque exclusivement au studio Polysound de Nabil Mumtaz pendant les années 1970, Rahbani est contraint d’installer un studio dans le salon de son appartement d’Antélias au début des années 1980 lorsque se déplacer à Beyrouth devient trop dangereux à cause de la guerre civile.
Au milieu des années 1980, alors que les bombardements s’intensifient autour de l’immeuble, qui n’a pas d’abri anti-aérien, Rahbani et sa famille déménagent à proximité dans un chalet du complexe de Rimal Beach, se retirant dans le parking souterrain lors des bombardements. Ils louent un second chalet pour servir de studio et Elias continue à y travailler jusqu’à la fin de la guerre en 1991.
Malgré les défis logistiques et financiers posés par la guerre, Elias continue à produire de la musique, sortant des dizaines d’albums avec des artistes en devenir sur Cobra et Rahbania, deux labels qu’il a fondés avec son ami Charbel Karam.
Sortie en 1982, Wa’adouni Wnatarouni fait partie de la bande originale qu’Elias a composée et arrangée pour Wadi Shamsine, sa pièce de 1982 avec Sabah et un casting comprenant Ferial Karim, William Haswani, Najia Raidi, Maurice Matar, Louis Nader, Joseph Nassif, Elie Sneifer et Pascale Sakr.
Chanson au style disco européen des années 1980 et aux paroles arabes, sa mélodie entraînante a été écrite à l’origine par Rahbani comme jingle pour une pub télévisée pour Barilla. Sabah aimait la mélodie et lui a demandé de l’adapter pour elle.
Dans les années 1980, Rahbani compose de nombreuses chansons dans un style disco européen similaire, telles que Kezzabi pour Le Petit Prince, Lakini pour Issam Raggi et Bedna Nzour El 3alam pour Adonis Akl.
Ces productions à petit budget, qu’il a réalisées sur synthétiseur et enregistrées dans son studio à domicile, convenaient aux contraintes de la guerre.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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