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Israël reconnaît la souveraineté marocaine, les Sahraouis appellent à la solidarité des Palestiniens

Les activistes dressent des parallèles entre l’occupation de la Palestine et la lutte de la population au Sahara occidental
Des Sahraouis déplacés arrivent à un congrès du Polisario au camp de réfugiés de Dakhla (AFP)
Des Sahraouis déplacés arrivent à un congrès du Polisario au camp de réfugiés de Dakhla (AFP)

Les militants du Sahara occidental appellent à un nouvel élan de solidarité de la part des Palestiniens après la reconnaissance par Israël de la souveraineté du Maroc sur cette région contestée.

Lundi, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou aurait, selon le cabinet royal, informé le roi du Maroc, Mohammed VI, de cette décision par courrier et a déclaré qu’Israël entérinerait sa décision auprès de l’ONU et d’autres organisations internationales. 

Des partisans du Front Polisario tiennent une banderole indiquant « Toutes et tous pour la Palestine – Toutes et tous pour le Sahara occidental » lors d’une manifestation en marge de la clôture du Forum social mondial, le 30 mars 2013 à Tunis (AFP)
Des partisans du Front Polisario tiennent une banderole indiquant « Toutes et tous pour la Palestine – Toutes et tous pour le Sahara occidental » lors d’une manifestation en marge de la clôture du Forum social mondial, le 30 mars 2013 à Tunis (AFP)

Dressant des parallèles entre l’occupation israélienne de la Palestine et le sort des Sahraouis, les militants ont condamné cette décision et déclaré espérer que cela marquerait le début d’une solidarité accrue avec leur cause. 

Alors que des liens sont établis entre les deux luttes depuis des décennies, la direction palestinienne est restée proche de la position du gouvernement marocain.

Le Maroc a signé un accord de normalisation avec Israël tout comme plusieurs gouvernements arabes en 2020, lorsque les États-Unis sous la présidence de Donald Trump ont déclaré leur soutien à la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. L’administration Biden poursuit cette politique. 

« Malheureusement, nous avons vu certains partis palestiniens soutenir apparemment le Maroc après [l’accord de normalisation] avec Israël, malgré la poursuite de la politique expansionniste d’Israël », déplore Ahmed Ettanji, un activiste et journaliste basé au Sahara occidental, auprès de Middle East Eye

« Des luttes similaires »

Ahmed Ettanji estime que les Palestiniens et les Sahraouis « ont beaucoup à apprendre les uns des autres ».

« Les Palestiniens ont une longue histoire de résistance à l’occupation, tandis que les Sahraouis ont un fort sentiment d’identité nationale. En travaillant ensemble, nous pouvons construire un monde plus juste et plus équitable », ajoute-t-il.

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D’autres activistes soulignent que le gouvernement d’Israël et le Maroc utilisent des techniques similaires pour renforcer leur contrôle sur la population occupée.

« Il y a une similitude totale entre ce qui se passe au Sahara occidental et en Palestine, la seule différence est la géographie », affirme Mohammed Elbaikam, un activiste basé au Sahara occidental, à Middle East Eye

« Le Maroc s’appuie sur les mêmes outils et méthodes qu’Israël pour réprimer les Palestiniens, les occuper, les déplacer de leurs terres, leur voler leurs richesses et les contrôler », développe-t-il. 

Hugh Lovatt, chercheur au Conseil européen pour les relations internationales, explique qu’en tant que puissances occupantes, Israël et le Maroc exploitent illégalement les ressources naturelles des terres en Palestine et au Sahara occidental.   

« Dans les deux contextes, il existe d’autres similitudes, comme le processus reconnu d’annexion. Depuis des décennies, le Maroc a également adopté un certain nombre de politiques visant à déplacer les Sahraouis », indique-t-il.

Malgré les liens étroits entre le Front Polisario, un mouvement de libération nationale sahraoui, et les groupes de gauche palestiniens, le soutien public du Maroc à la cause palestinienne par le passé a conduit de nombreux dirigeants officiels de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) à ignorer la situation au Sahara occidental.

« Le Maroc s’appuie sur les mêmes outils et méthodes qu’Israël pour réprimer les Palestiniens, les occuper, les déplacer de leurs terres »

Mohammed Elbaikam, activiste

Aujourd’hui, les activistes au Sahara occidental espèrent que la reconnaissance par Israël de la souveraineté marocaine sur la région attirera davantage l’attention sur leur sort. 

Ibtihal Alaloul, employée d’une ONG palestinienne et activiste vivant en Suède, avait précédemment confié à MEE qu’il était décevant que les dirigeants palestiniens se soient alignés sur le Maroc sur la question du Sahara occidental pendant si longtemps.

« Si ce n’est pas les Palestiniens, alors quelle autre nation peut comprendre cette situation ? », demandait-elle. 

« C’est vraiment dommage qu’ils aient ce genre de relation vis-à-vis du Maroc », ajoutait-elle, affirmant qu’il était important que les Palestiniens réalisent que « nous ne pouvons pas être libérés sans soutenir d’autres causes ».

Logiciels espions

Le Maroc a déjà retenu l’attention pour avoir utilisé le logiciel espion israélien Pegasus produit par la société israélienne NSO Group

Une enquête menée par Amnesty International a révélé que le logiciel espion israélien a été utilisé contre d’éminents journalistes, activistes et dissidents marocains. 

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Des informations montrent également que le Maroc a acheté des drones armés à l’industrie aérospatiale appartenant à l’État israélien.

Ce drone, aussi qualifié de « drone suicide », présente une envergure de trois mètres et peut voler pendant sept heures et jusqu’à un millier de kilomètres, tout en transportant 20 kg d’explosifs. 

Selon les experts, les contrats d’armement aident le Maroc à consolider son contrôle sur le Sahara occidental.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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