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Records de chaleur et de sécheresse au Maroc

Le Maroc a été frappé en 2022 par sa pire sécheresse depuis des décennies, qui a alimenté une flambée des prix des denrées alimentaires et une inflation record
Un enfant s’accroupit sur la terre fissurée du barrage d’al-Massira dans le village d’Ouled Essi Masseoud, au sud de Casablanca, le 8 août 2022 : le Maroc connaît sa pire sécheresse depuis au moins quatre décennies (AFP/Fadel Senna)
Un enfant s’accroupit sur la terre fissurée du barrage d’al-Massira dans le village d’Ouled Essi Masseoud, au sud de Casablanca, le 8 août 2022 : le Maroc connaît sa pire sécheresse depuis au moins quatre décennies (AFP/Fadel Senna)

L’année 2022 a été « la plus chaude » enregistrée au Maroc depuis quatre décennies, conséquence du changement climatique, a annoncé mercredi la météorologie nationale.

« L’année 2022 est la plus chaude enregistrée au Maroc depuis 40 ans, au delà du record établi en 2020, en dépassant d’1,63 degré la température moyenne pour la période 1981-2010 », a précisé un responsable de la météo, à l’occasion de la présentation d’un rapport annuel sur le climat.

Le Maroc a été frappé de plein fouet en 2022 par sa pire sécheresse depuis des décennies, qui a alimenté une flambée des prix des denrées alimentaires et une inflation record.

Soumis de longue date aux variations climatiques, le pays maghrébin a subi l’an dernier un très sévère déficit pluviométrique (- 27 %) par rapport à la période 1981-2010.  

Plus grave encore, la saison annuelle agricole (septembre 2021-août 2022) a enregistré un déficit pluviométrique d’environ 46 %. 

Et les perspectives pour 2023 ne sont guère positives.

Le taux de remplissage des barrages plafonnait début mai à 32,4 % seulement, encore moins que l’an dernier à la même date, selon les derniers chiffres.

Une « chaleur extrême exceptionnellement précoce »

Le Maroc a également été frappé en avril, comme d’autres pays de la Méditerranée occidentale, par une vague de « chaleur extrême exceptionnellement précoce ».

Le World Weather Attribution (WWA), réseau mondial de scientifiques évaluant le lien entre les événements météorologiques extrêmes et le dérèglement climatique, a conclu dans un rapport publié le 5 mai que ce phénomène « aurait été quasi impossible dans le changement climatique ».

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Une masse d’air chaud et sec venue d’Afrique du nord a entraîné la semaine dernière des records absolus de températures pour un mois d’avril au Portugal et en Espagne continentale avec respectivement 36,9 et 38,8 degrés. Soit des niveaux dignes du mois de juillet.

Au Maroc, des records locaux ont été battus et les températures ont dépassé par endroits les 41 degrés tandis qu’en Algérie, elles ont franchi la barre des 40.

« Le changement climatique provoqué par l’humanité a multiplié par au moins 100 la probabilité de cette vague de chaleur record en Espagne, au Portugal, au Maroc et en Algérie » par rapport au contexte climatique pré-industriel et elle « aurait été quasi impossible sans le changement climatique », indique ce rapport du WWA.

Selon ce groupe de chercheurs, les températures enregistrées la semaine dernière dans cette zone ont été « supérieures de 3,5 degrés à ce qu’elles auraient dû être sans changement climatique ».

Lors d’une réunion, mardi, présidée par le roi Mohammed VI, le ministre de l’Équipement et de l’Eau Nizar Baraka a présenté un programme doté d’une enveloppe de 13 milliards d’euros pour accélérer la construction de nouveaux barrages et des stations de dessalement jusqu’en 2027. 

Avec seulement 600 mètres cubes d’eau par habitant et par an, le Maroc se situe largement sous le seuil de la pénurie hydrique.

À titre de comparaison, la disponibilité en eau était quatre fois supérieure à 2 600 m3 dans les années 1960.

La sécheresse devrait augmenter progressivement au Maroc jusqu’en 2050 sous l’effet d’une baisse de la pluviométrie (- 11 %) et d’une augmentation des températures (+ 1,3° C), selon le ministère de l’Agriculture. 

Elle entraînera une « diminution de la disponibilité en eau d’irrigation de plus de 25 % », prédit un rapport du ministère.

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