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Tunisie : la santé d’un responsable d’Ennahdha emprisonné se détériore rapidement

Sahbi Atig est l’un des nombreux dirigeants de l’opposition victimes de la sévère répression menée par le président Kais Saied
Sahbi Atig est membre du Conseil de la Choura pour le parti Ennahdha (Flickr/Ennahdha)
Sahbi Atig est membre du Conseil de la Choura pour le parti Ennahdha (Flickr/Ennahdha)
Par MEE

La santé d’un dirigeant du parti Ennahdha emprisonné en Tunisie se détériore rapidement après près d’un mois de grève de la faim, selon sa famille.

Sahbi Atig, membre du Conseil de la Choura, l’instance délibérative du parti Ennahdha, est en grève de la faim depuis vingt-cinq jours pour protester contre sa détention.

Il a été arrêté le 6 mai après avoir tenté de monter à bord d’un avion pour assister à une conférence en Turquie. Il est accusé de blanchiment d’argent et de faux témoignage.

L’épouse d’Atig, Zainab al-Marayhi, a déclaré au site al-Araby qu’avec un avocat, ils avaient rendu visite à son mari lundi 5 juin, mais les autorités ont écourté la visite, Atig ayant eu du mal à se lever et à parler. Selon elle, à un moment donné, il s’est évanoui.

« Mon mari a perdu environ vingt kilos et souffre de douleurs à l’estomac et au cœur. Il est détenu dans une pièce avec plusieurs prisonniers qui fument, ce qui aggrave son état de santé, et il a besoin d’un fauteuil roulant », a ajouté son épouse.

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Son mari est malgré tout « déterminé à poursuivre sa grève », en particulier en dépit des avertissements du médecin de la prison qui s’inquiète des graves conséquences sur sa santé en raison de sa maladie cardiaque.

Sahbi Atig est l’un des nombreux dirigeants de l’opposition victimes de la répression menée par le président Kais Saied. Rached Ghannouchi, leader d’Ennahdha, a été condamné lundi 15 mai à un an de prison pour « apologie du terrorisme ».

Kais Saied, un ancien professeur de droit constitutionnel, a été démocratiquement élu président en 2019 avec le vœu de combattre la corruption et d’en finir avec le chaos politique.

Mais en 2021, il a dissous le Parlement et a commencé à consolider son pouvoir. Il a arrêté des journalistes, des militants et des opposants politiques, dans ce qu’Amnesty International a qualifié de « chasse aux sorcières à motivation politique ».

Malgré ses promesses d’enrayer le déclin, Saied a orchestré une montée en flèche de l’inflation et une pénurie des produits de base. Au début de cette année, il a rejeté un prêt du FMI qui, selon les économistes, est nécessaire pour empêcher l’effondrement économique du pays, affirmant que le prêteur émettait des « diktats de l’étranger ».

Les États-Unis et leurs partenaires occidentaux ont hésité entre réprimander et soutenir Saied.

Les États-Unis ont réduit l’aide militaire à la Tunisie à la suite à la dissolution du Parlement, mais les liens en matière de défense se sont maintenus depuis. Dans le même temps, Washington a réduit l’aide financière aux groupes de la société civile et à la promotion des droits de l’homme.

Traduit de l’anglais (original).

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