Syrie : des hôpitaux détruits et des dizaines de morts lors du dernier bombardement d’Idleb
Des civils du nord-ouest de la Syrie ont déclaré vouloir « désespérément quitter le pays » tandis que les forces gouvernementales pro-syriennes continuent de bombarder des installations médicales dans la province d’Idleb, sous contrôle des rebelles.
Au moins 77 civils, dont des enfants, ont été tués au cours des sept derniers jours et le bombardement a déplacé plus de 150 000 civils, selon la Syrian Expatriates Medical Association (SEMA), une organisation humanitaire basée en Turquie.
Trois hôpitaux ont été bombardés. Par conséquent, les petits établissements de santé peinent à faire face à l’afflux de blessés, ont rapporté des groupes de surveillance.
La SEMA et d’autres groupes de surveillance ont constaté que les coordonnées des hôpitaux détruits la semaine dernière avaient été partagées avec les militaires impliqués dans les combats.
Khaled Haji Mohammed, 29 ans, père de deux enfants, a perdu sa mère lors d’une attaque contre un hôpital dimanche.
Sa mère avait été transférée à l’hôpital de Kafranbel après avoir été blessée lors d’une attaque du gouvernement la semaine dernière à Lataminah.
« Je pensais que ce serait plus sûr pour elle d’être à l’hôpital mais il a été attaqué et elle est morte dans sa chambre d’hôpital », témoigne Mohammed à Middle East Eye.
« Son décès était la volonté de Dieu, mais pourquoi cibler nos hôpitaux et tuer les patients ? Je ne sais ni comment ni où je vais l’enterrer. Les bombes pourraient même viser le cimetière. »
Les hôpitaux « paralysés »
La SEMA a relevé par ailleurs que six installations médicales qu’elle soutenait ont été mises hors d’usage cette semaine, de nombreux hôpitaux et écoles ayant suspendu leurs opérations en raison des hostilités.
Le docteur Fares al-Jonde, ministre de la Santé de l’opposition syrienne, notent que les infrastructures médicales du nord de la Syrie ont été « quasiment paralysées » par le bombardement.
« Cinq hôpitaux sont fermés et de plus en plus de patients se rendent au centre médical de la frontière turque », souligne le médecin à MEE.
« Les médecins et le personnel médical ont continué à travailler alors que des bombes barils et des frappes aériennes survolaient leurs têtes. Ils ont dit qu’ils n’arrêteraient pas et qu’ils seraient prêts à mourir pour garder leurs patients en vie. »
Mustafa Karkas, qui a fui Deraa, a été contraint de fuir à nouveau de la ville de Maarat al-Nouman, où il a cherché refuge.
Mustafa partage aujourd’hui une tente avec d’autres familles déplacées dans les montagnes de Harem, près de la frontière syrienne avec la Turquie.
« Je veux désespérément quitter ce pays, mais je n’ai nulle part où aller. Nous ne pouvons pas aller plus loin qu’ici », confie Mustafa à MEE.
Traduction : « La seule survivante… Khadija, 2 ans, est désormais seule au monde après avoir perdu toute sa famille aujourd’hui. Voici son histoire »
« Les attaques sont incessantes et nous pouvions plus entendre des explosions tout autour de nous… Des familles comme la mienne sont en train d’être massacrées. Pourquoi personne ne fait rien pour arrêter cela ? », ajoute-t-il.
« Nous sommes dans une position très difficile, à l’instar d’autres familles ici, déplacées de différents endroits. Mais ils nous chassent même sous nos tentes. »
« Destruction systématique »
Cette dernière escalade intervient alors que les forces syriennes, soutenues par leurs homologues russes, intensifient leur campagne pour prendre le contrôle de la dernière zone contrôlée par les rebelles.
Le professeur Scott Lucas, maître de conférences à l’Université de Birmingham, explique à MEE que « le ciblage des établissements de santé fait partie de la destruction systématique des infrastructures dans les zones d’opposition. »
Il estime que la destruction des hôpitaux est une tactique psychologique visant à briser toute résistance à une prise de contrôle par le gouvernement.
« Si les gens ne sont pas sûrs d’être sauvés et soignés en raison des bombardements et du pilonnage – ou que leur corps puisse être retrouvé –, leur volonté de résister pourrait être brisée. »
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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