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France-Algérie : Macron veut poursuivre « l’apaisement des mémoires » avec les harkis

Travail de mémoire, geste financier, réparation : la France rend hommage aux auxiliaires algériens de l’armée française en présentant de nouvelles mesures, à l’occasion de la journée nationale des harkis
Le gouvernement compte lancer plusieurs initiatives mémorielles portant sur la reconnaissance du sort des harkis dont une grande exposition nationale sur leur engagement. Sur la photo, des vétérans harkis participent à la cérémonie aux Invalides, le 25 septembre 2018, journée nationale d’hommage aux harkis (AFP)
Par MEE

Dix jours après avoir reconnu la responsabilité de la France dans un système entraînant des actes de torture et ayant notamment abouti à la mort de l’opposant communiste Maurice Audin en 1957 à Alger, le gouvernement français s’attaque à un deuxième dossier en faveur de « l’apaisement des mémoires » : la reconnaissance envers les harkis, ces auxiliaires algériens de l’armée française. 

Des décisions seront dévoilées au cours d’une cérémonie qui se déroule ce mardi aux Invalides pour rendre hommage aux harkis. Inspirées d’un rapport intitulé « Aux harkis, la France reconnaissante », remis fin juin par un groupe de travail, ces décisions viennent « parachever » la reconnaissance envers cette communauté. 

Le rapport dresse une liste de 56 propositions axées sur la reconnaissance de la responsabilité de l’État français, les enjeux de mémoire et les réparations envers les harkis.

« Sur tout le territoire, la République se souvient de leur engagement et de leur courage. Elle proclame sa reconnaissance pleine et entière à ces combattants. Elle se souvient des tragédies vécues par les harkis et leurs familles lorsque les armes se sont tues en Algérie », a déclaré sur son compte twitter, Geneviève Darrieussecq, secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées. 

Parmi les plus importantes mesures, figure le déblocage d’une enveloppe de 40 millions d’euros destinée à venir en aide aux enfants des combattants harkis de deuxième génération qui vivent en grande précarité

Parmi les plus importantes mesures annoncées, figure le déblocage d’une enveloppe de 40 millions d’euros destinée à venir en aide aux enfants des combattants harkis de deuxième génération qui vivent en grande précarité. Sur les quelque 150 000 Algériens recrutés par l’armée française comme auxiliaires durant la guerre d’Algérie, environ 60 000 sont parvenus à partir pour la métropole avec les « pieds-noirs ». Mais leur accueil s’est fait dans des conditions précaires (camps, hameaux de forestage et cités urbaines), sans réelles perspectives d’intégration pour eux-mêmes ni leurs enfants.

Un dispositif de solidarité de 29 millions d’euros sera aussi créé « pour les fils et filles de harkis qui connaissent les situations les plus difficiles du fait de cette histoire si singulière » a annoncé la secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées. 

Geneviève Darrieussecq, secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées, lors de la cérémonie aux Invalides, le 25 septembre 2018, journée nationale d’hommage aux harkis (AFP)

Autre mesure annoncée par Geneviève Darrieussecq : une augmentation de 400 euros des allocations des harkis de première génération et de l’allocation viagère versée à leurs veuves. Cette mesure concerne 9 000 à 10 000 personnes.

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En plus des mesures financières, le gouvernement français annonce le lancement de plusieurs initiatives mémorielles portant sur la reconnaissance des harkis. 

Après avoir promu d’anciens combattants harkis et des représentants d’associations de harkis dans les ordres de la Légion d’honneur, Emmanuel Macron « présidera une cérémonie d’hommage exceptionnel dans les prochains mois » en hommage aux harkis, a annoncé Geneviève Darrieussecq. 

Des mesures « insuffisantes »

Suite à l'annonce de ces mesures, les réactions sur les réseaux sociaux ont été mitigées. Certains internautes ont souligné la participation des harkis « aux crime contre l'humanité », en les décrivant comme « traîtres » : 

D’autres internautes ont salué ce geste de « devoir de mémoire », et ont rappelé que les harkis sont aussi victimes des « mêmes discriminations que tout arabe et/ou musulman de France ». 

 

Du coté de la communauté, certains membres se réjouissent de cette reconnaissance mais la jugent « insuffisante ». Pour Kader Hocine, fondateur de la Fédération nationale des harkis rapatriés d’Algérie, ce geste « aurait dû être fait beaucoup plus tôt », comme il l’a déclaré au micro d’Europe1 : « Après avoir été désarmés et abandonnés, même la Légion d’honneur, ce n’est pas assez haut pour nous, mais c’est quand même important ».

« Ces annonces ne nous conviennent pas du tout », a indiqué mardi à l’AFP Mohamed Badi, du Comité national de liaison des harkis. « Avec les autres présidents d’associations, nous voulons désormais aller devant la Cour européenne des droits de l’homme pour une loi de reconnaissance et une réparation [financière] correcte. Cette journée est de l’enfumage pour faire oublier les raisons de notre mécontentement total. »

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