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La guerre des sièges en Syrie : les principaux faits

Alors que la guerre syrienne a sombré dans une série de luttes pour le territoire, le siège est devenu une tactique de guerre employée par toutes les parties
Des convois humanitaires atteignent des zones assiégées de Syrie (AFP)

En près de cinq années de conflit en Syrie, le siège est devenu une arme de guerre essentielle employée principalement par le régime, mais aussi par les forces rebelles et le groupe État islamique (EI). Voici quelques questions et réponses sur les sièges en Syrie :

Combien de personnes sont en état de siège ?

Les Nations unies ont signalé le mois dernier qu’environ 486 700 personnes en Syrie vivaient en état de siège, plus de la moitié d’entre elles dans des zones assiégées par le régime.

Elles sont parmi les 4,6 millions de personnes dans les zones et endroits dits « difficiles à atteindre », soumises à des restrictions qui limitent drastiquement leur accès aux services et à l’aide humanitaire, selon l’ONU.

D’autres organisations, telles que Siege Watch, ont rapporté à Middle East Eye que le nombre réel de personnes assiégées est beaucoup plus élevé – plus d’un million en état de siège et bien plus faisant face à des difficultés. Médecins Sans Frontières (MSF) estime ce nombre entre un et deux millions.

Quels sont les principales zones en état de siège ?

Sièges du gouvernement

Les zones assiégées par le gouvernement sont principalement regroupées autour de la capitale, Damas, les forces du régime encerclant les villes voisines qui sont contrôlées par les rebelles.

Parmi les zones les plus touchées figurent Douma, Arbin et Zamalka dans la Ghouta orientale et Mouadimiyat al-Cham et Daraya dans la Ghouta occidentale.

Un peu plus loin dans la province de Damas, il y a Zabadani et Madaya, laquelle a récemment capté l’attention internationale après les rapports sur la famine qui y règne.

Médecins Sans Frontières a indiqué que les habitants meurent encore de faim malgré les dernières expéditions d’aide.

Les militants accusent le gouvernement d’utiliser les sièges pour forcer les rebelles à déposer les armes.

Dans certains cas, les sièges ont été levés ou temporairement assouplis au cours de trêves. Par exemple, à Mouadimiyat al-Cham, le siège qui a commencé en 2013 a été assoupli l’année suivante après une trêve.

Mais la région a été reclassée comme assiégée en janvier 2016 par l’ONU après que le gouvernement a durci une fois de plus les restrictions, provoquant des pénuries alimentaires.

Sièges rebelles

Les rebelles ont également utilisé la tactique du siège, les plus infâmes étant ceux des villages chiites de Nubol et Zahraa dans la province d’Alep, et de Fuaa et Kefraya dans la province d’Idlib.

Ils ont cherché à lier le sort de Fuaa et Kefraya à celui de Zabadani et Madaya, insistant sur la demande que toute aide aux villages contrôlés par le gouvernement soit jumelée à l’aide aux villes contrôlées par les rebelles.

Les rebelles islamistes, dont le Front al-Nosra, affilié à al-Qaïda, assiègent également la ville kurde d’Afrin dans la province d’Alep depuis 2014, devant leur incapacité à la reprendre aux forces kurdes.

Sièges du groupe État islamique

Depuis janvier 2015, l’EI assiège la ville orientale de Deir Ezzor où vivent plus de 200 000 personnes.

Le groupe contrôle la plupart de la zone dans la province environnante, mais le gouvernement s’accroche à certaines parties de cette capitale provinciale.

Contrairement aux zones rebelles assiégées par le gouvernement, ce dernier a été en mesure de fournir une aide aux zones qu’il contrôle à Deir Ezzor et dans d’autres villes comme Fuaa et Kefraya en parachutant des provisions.

La Russie a également acheminé de l’aide par avion à Deir Ezzor, faisant atterrir les provisions sur la base militaire adjacente encore contrôlée par le régime.

Quelles villes ont reçu de l’aide ?

De l’aide a été acheminée de façon sporadique dans la plupart des zones en état de siège, mais les organisations humanitaires indiquent que cet accès au coup par coup est insuffisant.

Les associations humanitaires ont pénétré à Madaya, Fuaa et Kefraya plusieurs fois en janvier, mais l’ONG Médecins Sans Frontières a déclaré la semaine dernière que seize autres personnes étaient mortes à Madaya malgré l’aide supplémentaire.

L’organisation de ces acheminements est un processus délicat et complexe, des convois sont souvent annulés à la dernière minute lorsque les autorisations sont retirées ou que des combats éclatent.

L’ONU a indiqué que ses demandes adressées au gouvernement pour fournir une aide aux populations sont restées sans réponse à hauteur de 75 % environ au cours de l’année écoulée.

Que dit-on à propos des sièges ?

Le Conseil de sécurité de l’ONU a demandé à plusieurs reprises un accès humanitaire sans entrave à travers la Syrie et la levée de tous les sièges, notamment dans sa récente résolution 2254 de décembre 2015.

Les responsables de l’ONU ont dernièrement qualifié ce qu’il se passe à Madaya de « crime de guerre ». Cependant, les associations ont accusé l’ONU d’avoir minimisé la situation l’an dernier et d’avoir contribué à la situation des personnes affectées.

Le principal groupe de coordination de l’opposition syrienne a exigé la mise en œuvre de la résolution 2254 avant de s’engager dans les négociations de paix à Genève.

« Il nous faut voir la levée des sièges », a déclaré mardi un porte-parole du groupe.

Le gouvernement syrien et son allié russe ont rejeté cette demande, la qualifiant de « condition préalable » invalide.

 

Traduction de l’anglais (original) par VECTranslation.

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