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Le prince héritier saoudien qualifie le guide suprême iranien d’« Hitler du Moyen-Orient »

Mohammed ben Salmane établit une comparaison directe dans une interview accordée au New York Times où il défend également la rafle contre ses rivaux accusés de « corruption »
Mohammed ben Salmane a déclaré que l’expansion iranienne devait être combattue (AFP)
Par MEE

Dans une interview accordée ce jeudi au New York Times, le puissant prince héritier d’Arabie saoudite a qualifié le guide suprême iranien de « nouvel Hitler » du Moyen-Orient, intensifiant brutalement la guerre des mots entre les deux grands rivaux.

Mohammed ben Salmane, qui est également ministre saoudien de la Défense, a déclaré que l’expansion de la république islamique dirigée par l’ayatollah Ali Khamenei devait être combattue.

« Mais nous avons appris de l’Europe que l’apaisement ne fonctionne pas. Nous ne voulons pas que le nouvel Hitler de l’Iran refasse au Moyen-Orient ce qui s’est passé en Europe », a-t-il déclaré selon les propos relayés par le journal.

« L’apaisement ne fonctionne pas. Nous ne voulons pas que le nouvel Hitler de l’Iran refasse au Moyen-Orient ce qui s’est passé en Europe »

– Mohammed ben Salmane

Mohammed ben Salmane a affirmé qu’il avait le soutien de Donald Trump, saluant le président américain pour avoir été « la bonne personne au bon moment » et pour avoir soutenu l’opposition saoudienne à l’Iran.

Le prince héritier a également défendu la décision d’arrêter plusieurs dizaines de princes et de milliardaires saoudiens dans le cadre de ce que le gouvernement décrit comme une opération de répression anticorruption. 

Middle East Eye a rapporté que de nombreuses personnes arrêtées plus tôt ce mois-ci ont été battues et torturées après leur arrestation, notamment Miteb ben Abdallah, le fils du défunt roi Abdallah.

Khamenei a été décrit par ben Salmane comme l’« Hitler » du Moyen-Orient (AFP)

Le New York Times a cité séparément des responsables américains et un médecin saoudien, selon lesquels dix-sept personnes au total avaient besoin d’un traitement hospitalier après avoir été interrogées.

Un grand nombre des personnes arrêtées sont détenues au Ritz-Carlton de Riyad. Beaucoup se sont vu proposer leur remise en liberté en échange d’une contrepartie qui pouvait atteindre 70 % de leur fortune.

Mohammed ben Salmane, dont le père Salmane a succédé à Abdallah sur le trône en 2015, a défendu l’opération de répression dans son interview accordée au New York Times, affirmant qu’il était « absurde » de suggérer qu’il ne s’agissait de rien de plus qu’une prise de pouvoir. 

« Mon père a vu que nous ne pouvions pas rester dans le G20 et nous développer avec ce niveau de corruption. Début 2015, l’un des premiers ordres qu’il a formulés à son équipe consistait à collecter toutes les informations portant sur la corruption – au sommet. »

« Cette équipe a travaillé pendant deux ans jusqu’à ce qu’elle ait pu recueillir les informations les plus précises, avant de présenter environ 200 noms. »

« Nous leur montrons tous les documents que nous avons en notre possession, et dès qu’ils les voient, 95 % d’entre eux acceptent un accord » – qui consiste à transférer de l’argent ou des actifs au Trésor saoudien.

À LIRE : EXCLUSIF : le fils du défunt roi parmi les victimes de torture en Arabie saoudite

« Environ 1 % d’entre eux sont en mesure de prouver qu’ils sont en règle et, dès lors, l’affaire qui les concerne est classée, a assuré Mohammed ben Salmane. Environ 4 % affirment ne pas être corrompus et veulent aller jusqu’aux tribunaux avec leurs avocats. » 

Le prince héritier a estimé que les accords pouvaient s’élever à environ 100 milliards de dollars remis au Trésor. 

Mohammed ben Salmane a refusé d’évoquer la démission soudaine à Riyad du Premier ministre libanais Saad Hariri, ni le séjour de deux semaines de ce dernier dans la capitale saoudienne qui, selon Hariri, ne lui a pas été imposé. Depuis, Hariri est retourné au Liban et a suspendu sa démission en l’attente de pourparlers.

Le prince héritier a toutefois insisté auprès du New York Times sur le fait qu’au bout du compte, Hariri allait cesser de couvrir politiquement un gouvernement libanais essentiellement contrôlé par le Hezbollah libanais, lequel est soutenu par Téhéran.

Le Hezbollah a parlé d’un acte de guerre des autorités saoudiennes, des accusations démenties par ces dernières.

Le prince héritier a insisté sur le fait que la guerre menée par l’Arabie saoudite au Yémen était en train d’être remportée par le gouvernement pro-saoudien d’Abd Rabbo Mansour Hadi, qui contrôle désormais 85 % du pays, a-t-il affirmé.

Les Houthis conservent cependant les principaux centres de population. Selon les estimations, 10 000 personnes ont perdu la vie au cours du conflit.

Le journal n’a pas cité Mohammed ben Salmane au sujet du blocus imposé par l’Arabie saoudite contre le Yémen, qui, selon l’ONU et des organisations d’aide humanitaire, aggrave l’insécurité alimentaire et les maladies dont souffrent déjà des millions de Yéménites.

Il n’a pas non plus été question du blocus économique sur le Qatar, que l’Arabie saoudite accuse de soutenir le terrorisme et l’Iran.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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