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Pour Haftar, parler à Martin Kobler est « une perte de temps »

Dans un entretien au quotidien français le Journal du dimanche, le maréchal Haftar fait le point sur quelques dossiers et s’en prend notamment à Martin Kobler, l’envoyé spécial de l’ONU en Libye
Le maréchal Khalifa Haftar accuse le Qatar, la Turquie et le Soudan d'aider les groupes armés qu'il combat (capture d'écran)
Par MEE

Assis dans son fauteuil au milieu du marbre et des dorures, le maréchal Haftar, commandant de l’Armée nationale libyenne (ANL) et rival de Fayez al-Sarraj, soutenu par la communauté internationale, donne ce dimanche dans Le Journal du dimanche un entretien où il évoque plusieurs dossiers.


Maréchal Haftar : "Nous entretenons de bonnes... par lejdd

Selon lui, l’armée contrôle 95 % du territoire libyen, « l’ensemble de la région Est, l’ensemble de la région Sud et la plus grande partie de l’Ouest ». Contre le groupe État islamique (EI), le maréchal Haftar en est persuadé : « Nous allons bientôt remporter la victoire. Je ne pense pas que cela nous prendra beaucoup de temps. »

Officiellement, les villes tombées aux mains de l’EI – dont Syrte et Benghazi – ont été libérées mais il reste encore des poches de résistance. « Le peu qui reste de ces groupes terroristes est entièrement encerclé et il n’y a plus aucun moyen de les soutenir », ajoute-t-il.

À propos du croissant pétrolier, dont il a saisi les ports en septembre dernier, il explique que « toutes les sources pétrolières sont entre les mains des forces armées libyennes qui les protègent entièrement ».

Le maréchal dément par ailleurs les rumeurs qui lui prêtent l’ambition de s’emparer de Tripoli (où se trouve le Conseil d’État) : « Tripoli est une ville comme une autre. L’armée est celle de la Libye dans son intégralité. Nous ne faisons pas de différence entre les villes libyennes. »

Il explique : « Nous ne voulons pas dévier de notre but principal, combattre al-Qaïda, l’État islamique et les anciens du Groupe islamique combattant en Libye (GICL) que contrôle toujours Abdelhakim Belhadj. »

Dans cet entretien, le maréchal s’en prend à la communauté internationale, représentée entre autres par l’envoyé spécial des Nations unies en Libye, Martin Kobler, qui selon lui, « ne comprend pas la réalité de [la] situation ».

« Elle dispose d’informations erronées et s’appuie là-dessus pour prendre des décisions inapplicables, mauvaises, qui par conséquent, sont refusées par certains et acceptées par d’autres », précise-t-il. « C’est aux Libyens de décider ce qui est bon pour eux. La communauté internationale ne devrait que soutenir nos décisions. »

Et d’ajouter : « J’ai effectivement déclaré que rencontrer Kobler était désormais une perte de temps » ou encore, « Les Libyens n’aiment pas Kobler ».

« Quant à Sarraj (…), je peux lui parler à tout moment, mais à une condition : que sa tripotée de courtisans se taise », conclut-il en précisant que le peu de personnes qui soutiennent le Gouvernement d’union nationale (GNA) « ne sont intéressées que par l’argent ».  

« Embargo injuste »

L’homme que l’on dit soutenu par les Égypte et les Émirats arabes unis, évoque également ses relations avec la Russie dont il s’est beaucoup rapproché ces derniers mois.

« Nous sommes liés à la Russie par des relations historiques. Et ces relations comprennent naturellement des contrats et des accords qui nous lient. Nous nous attendons à l’activation de ces accords et contrats afin que l’armée puisse en bénéficier. Nous espérons aussi de la Russie qu’elle participe à la levée de l’embargo injuste qui nous est imposés. »

Le maréchal accuse d’ailleurs directement le Qatar, la Turquie et le Soudan de financer les groupes armés qu’il combat et de leur fournir de l’aide « par voie maritime terrestre et aérienne ».

« Chaque jour, des bateaux arrivent en provenance de Misrata. Ils transportent des armes des hommes, des munitions et de fortes sommes d’argent destinées à financer la corruption. »

Il s’attarde enfin longuement sur sa relation avec la France, un pays « ami ».

« Elle fait partie des pays qui se sont dressés à nos côtés. Elle nous a réellement aidés comme aucun autre pays ne l’a fait. Elle nous a fourni des informations, de la reconnaissance militaire et des experts dans le domaine de la sécurité qui nous ont beaucoup aidés. »

Il laisse entendre que ce soutien sera récompensé l’attribution de marchés lorsque la Libye passera « à l’étape de la reconstruction ». « Dans un futur proche, nous aurons à réaliser des projets d’infrastructure et de nombreux investissements. Nous sommes ouverts au monde, bien évidemment à la France, et aux pays qui ont un savoir-faire de pointe et des industries, dont nous pourrions bénéficier. »

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