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Syrie-Iran-Israël : le Golan occupé, théâtre d’une nouvelle guerre

La tension est à son paroxysme ce jeudi entre la Syrie, l’Iran et Israël après des tirs de roquettes attribués aux forces iraniennes al-Qods vers des positions israéliennes, et une riposte contre des cibles iraniennes en territoire syrien
Drapeau israélien hissé sur le mont Bental, sur le plateau du Golan annexé par Israël (AFP)

Après des semaines de crispations grandissantes, les premières lignes militaires sur la partie du Golan occupé par Israël ont essuyé un barrage d'une vingtaine de roquettes de type Fajr ou Grad, déclenché, selon l'armée israélienne, par les forces iraniennes de l'autre côté de la ligne de démarcation en Syrie.

Les tensions récentes ont été avivées par les incertitudes autour de l'accord nucléaire conclu en 2015 par les grandes puissances avec l'Iran et dénoncé mardi soir par le président américain Donald Trump.

Les tirs n'ont pas fait de victimes, quatre des projectiles ont été interceptés par les systèmes de défense antiaériens, et les autres sont retombés en dehors d'Israël, a précisé l'armée. 

https://twitter.com/Syria_Hezb_Iran/status/994365458919944193?ref_src=twsrc%5Etfw

Traduction : « Le Dôme de fer de l’armée israélienne n’arrive pas à intercepter les missiles syriens ciblant des colonies israéliennes au Golan »

La chaîne libanaise al-Mayadeen, proche de Damas, détaille les dix objectifs militaires ciblés par ces frappes qui répondent aux dernières attaques israéliennes contre des positions militaires près de la ville de Baas, dans le secteur de Kuneitra, situé sur la partie non occupée par Israël du Golan, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), selon lequel « aucune victime civile n'est à déplorer pour l'instant ». 

En réponse aux frappes qui l’ont ciblée dans le Golan occupé, l'armée israélienne a lancé une de ses plus importantes opérations aériennes des dernières années « et certainement la plus importante contre des cibles iraniennes », a souligné un porte-parole, le lieutenant-colonel Jonathan Conricus. Ce dernier a précisé qu’Israël avait informé la Russie de ses intentions.

L'aviation a frappé, selon la version israélienne, le véhicule d'où étaient parties les roquettes ainsi que des dizaines de cibles militaires iraniennes, sites de renseignement, de logistique, de stockage, postes d'observation etc. Le porte-parole de l'armée israélienne a également indiqué à RFI que des éléments de la force al-Qods des Gardiens de la révolution en Syrie ont été très durement touchés et qu'il faudra du temps aux Iraniens pour se ressaisir. 

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Les appareils israéliens ont essuyé des dizaines de tirs de la défense antiaérienne syrienne, mais tous sont rentrés à la base après avoir atteint tous les objectifs retenus, a affirmé le lieutenant-colonel Jonathan Conricus.

Un correspondant de l'AFP a rapporté de fortes détonations à Damas. La télévision a retransmis en direct des images de la capitale syrienne montrant des projectiles lumineux dans le ciel et plusieurs missiles détruits, selon elle, par les systèmes antiaériens syriens.

Certains missiles israéliens ont touché des bases militaires ainsi qu'un dépôt d'armes et un radar militaire, a rapporté l'agence officielle syrienne Sana sans préciser leurs emplacements. Les batteries antiaériennes syriennes ont abattu des dizaines de missiles israéliens, a-t-elle affirmé.

Le directeur de l'OSDH a indiqué à l'AFP que les missiles israéliens avaient touché des bases « qui appartiendraient au Hezbollah libanais au sud-ouest de la ville de Homs, ainsi que Maadamiyat al-Cham à l'ouest de Damas, où se trouvent des combattants iraniens ainsi que du Hezbollah et de la quatrième brigade [de l'armée syrienne] ». « Nous avons frappé presque toutes les infrastructures iraniennes en Syrie », a dit le ministre israélien de la Défense Avidor Lieberman. « J'espère que cet épisode est clos et qu'ils ont compris », a-t-il ajouté.

« Nous avons frappé presque toutes les infrastructures iraniennes en Syrie »

- Avidor Lieberman, ministre israélien de la Défense

Rien ne permet de dire si ces évènements constituent simplement un accès de fièvre plus fort que les autres, ou s'ils marquent le début d'une escalade redoutée depuis des semaines, dans un contexte d'animosité à la suite de plusieurs opérations attribuées à l'armée israélienne contre des intérêts iraniens en Syrie. « Nous ne cherchons pas l'escalade », a assuré le lieutenant-colonel Conricus, tout en prévenant que toute nouvelle tentative iranienne de s'en prendre à Israël appellerait une réponse vigoureuse.

Jeudi matin, la Russie a appelé à « la retenue » après ces frappes, selon les propos du vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov, qui a fait part de sa « préoccupation ». « Nous avons établi des contacts avec chaque partie, nous les appelons toutes à la retenue », a indiqué aux agences de presse russes le haut diplomate, ajoutant : « Bien sûr, cela suscite pour tout le monde de la préoccupation ». De son côté, Paris a appelé « désescalade » entre Israël et l’Iran. 

Répondant à une question, dans un entretien accordé cette semaine au journal grec Kathimerini, sur l’éventualité d’une troisième guerre mondiale déclenchée à partir de son pays, le président syrien Bachar al-Assad a affirmé que « non, pour la seule raison qu'il y a heureusement le sage leadership de la Russie ».

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