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Syrie : nouvelles frappes à Alep, réunion d’urgence à l’ONU

Samantha Powers, la représentante permanente des États-Unis à l'ONU, a qualifié l'attitude de la Russie de « barbare » pendant la réunion d'urgence du Conseil de sécurité
Les forces du gouvernement syrien au milieu des destructions dans le camp palestinien de Handarat, au nord d’Alep, repris aux rebelles (AFP)
Dimanche, les avions de combat syriens et russes ont pilonné l’est d’Alep, tenu par les rebelles, avant une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU consacrée au déferlement de violence sur la ville dévastée, sans précédent depuis des années.
 
Dans la nuit de samedi à dimanche, des habitants et un organe de surveillance ont rapporté des raids aériens intensifs sur l’est de la ville, assiégé, que les forces du gouvernement ont promis de reprendre aux rebelles.
 
Au moins 101 personnes, la plupart des civils, ont été tuées dans les bombardements russes et syriens à l’est d’Alep depuis que l’armée a annoncé une opération pour jeudi, a relevé l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) qui a également recensé dix-sept enfants parmi les victimes de l’attaque, qui incluait aussi des tirs de missiles, des attaques de bombes-barils et de tirs d’artillerie.
 
Dans la nuit de samedi, des habitants ont raconté qu’une pluie de bombes à fragmentation était tombée sur les parties est de la ville, où on estime que 250 000 personnes vivent assiégées par le gouvernement.

Traduction : Cela n'arrête pas, des bombes à fragmentation tombent de manière incessante et inconcevable, dans le but de faire autant de dégâts humains que possible, et c'est ce qui se passe !" #Alep aujourd'hui

« Des bombes à fragmentation sont tombées toute la nuit. Je n’ai pas pu dormir jusqu’à 4h du matin », raconte Ahmed Hajar, 62 ans, sorti pour chercher du pain dans le quartier d’al-Kalasseh.

« Aujourd’hui, les rues de mon quartier sont remplies de bombes à fragmentation qui n’ont pas explosé. Une personne a été tuée en l’agitant, ce qui a provoqué une explosion », ajoute-t-il. « Il a été déchiqueté, c’était une scène horrible. »

Le gouvernement syrien avance

Les officiels européens ont dénoncé une « violation de la loi internationale », ce qui a déclenché une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU. Cette réunion doit aborder l’escalade de violence que le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a qualifié d’ « épouvantable ».

Mais entre Moscou et Washington qui se renvoient la responsabilité de l’échec du cessez-le-feu, personne n’est en mesure de dire à quels résultats peut aboutir cette réunion. 

Lors de la réunion, la représentante permanente des États-Unis à l'ONU, Samantha Powers, a qualifié l'attitude de la Russie de « barbare » en demandant à Moscou de maîtriser son allié, le président Bachar al-Assad, et de stopper les frappes aériennes.

« Au lieu de rechercher la paix, la Russie et Assad font la guerre », a ajouté Samantha Powers. « L'engagement militaire russe aux côtés du régime de Damas relève de la barbarie et non pas de la lutte contre le terrorisme. »

« Les souffrances indiscriminées causées à des civils innocents sont une violation inacceptable du droit humanitaire international », ont déclaré la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini et le commissaire européen chargé des Affaires humanitaires, Christos Stylianides.

Pour Washington et ses alliés européens, il revient au gouvernement syrien et à la Russie, son alliée, de sauver la trêve qui s’était effondrée la semaine dernière.

« Il appartient à la Russie de prouver qu'elle est disposée et qu'elle est capable de prendre des mesures exceptionnelles pour sauver les efforts diplomatiques » en vue de rétablir une trêve en Syrie, a souligné un communiqué commun entre Les États-Unis, l'Union européenne, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Italie.

De son côté, le ministre syrien des Affaires étrangères s’est dit confiant en la « victoire » avec l’aide de « véritables amis » dont la Russie, l’Iran, et le Hezbollah au Liban. « Notre foi en la victoire grandit de plus en plus maintenant que l’Armée syrienne arabe avance à grands pas dans sa guerre contre le terrorisme », a-t-il dit à l’ONU ?

Avancée majeur pour les forces d’Assad, au nord

Les pays occidentaux et les organisations d’aide humanitaire se disent inquiets pour la vie de plus de 250 000 civils vraisemblablement piégés dans la zone d’Alep.

L’armée syrienne et ses milices alliées ont pris, samedi, le contrôle de zones au nord d’Alep. Parmi elles, le camp de Handarat, une percée majeure pour les forces du président syrien Bachar al-Assad. Le camp de réfugiés palestiniens, qui surplombe une des routes principales entrant à Alep, et était resté pendant des années aux mains des rebelles.

L’échec du rétablissement de la paix et la décision d’Assad de lancer une attaque sans merci sur la dernière grande zone urbaine tenue par les rebelles semble marquer un tournant dans le conflit enlisé depuis des années. Assad et ses alliés semblent plus déterminés que jamais à écraser la rébellion qui dure maintenant depuis six ans, par la force.

Selon les habitants, les frappes sur l’est d’Alep ont été plus intenses que jamais, avec des bombes encore plus puissantes. Des représentants des rebelles ont précisé que les frappes aériennes intensives de samedi ont touché au moins quatre zones parmi celles que détiennent les rebelles. Ils pensent également que les frappes ont pour la plupart, été menées par les avions de combat russes. Des vidéos des lieux des explosions montrent des cratères de plusieurs mètres de large et de profondeur.

Des images vidéos dramatiques prises par Bilal Abdul Kareem, collaborateur de MEE, actuellement à Alep, montrent une frappe aérienne samedi tombant juste derrière une base des Casque blancs, la défense civile de la ville.

De nouvelles armes fournies par les alliés

En réponse à l’échec de la trêve et à l’offensive du gouvernement appuyée par les Russes, les rebelles syriens attendent quant à eux de nouvelles armes lourdes de la part de leurs soutiens étrangers, mais rien qui ne représente toutefois un changement majeur dans l’aide apportée, a précisé samedi un chef rebelle.

Le colonel Fares al-Bayousch, qui dirige la division du nord de l’Armée syrienne libre (ASL) a déclaré à Reuters qu’il attendait de nouveaux lance-roquettes fabriqués en Russie, et de l’artillerie. « Il n’y a toutefois eu aucun signe de la part des États étrangers qui montre leur accord pour nous fournir les missiles antiaériens que nous demandons depuis longtemps. »

Les pays opposés à Assad, comme l’Arabie saoudite, la Turquie et les États-Unis, ont acheminé depuis des années de l’aide militaire aux rebelles se battant sous la bannière de l’Armée syrienne libre. Dans certains cas, les combattants ont notamment pu avoir des missiles TOW, antichars, fabriqués aux États-Unis.

Les rebelles se sont longtemps plaints toutefois que l’aide étrangère n’était pas adaptée pour affronter efficacement Damas.

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