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Crise ukrainienne : Israël craindrait que les sanctions américaines aient des répercussions sur ses opérations en Syrie

Les liens étroits entretenus par Israël avec les États-Unis pourraient compromettre sa coordination avec Moscou dans le cadre des opérations en Syrie, rapporte Walla!News, citant des responsables anonymes
Des soldats israéliens participent à un exercice militaire près de la frontière avec la Syrie, sur le plateau du Golan annexé par Israël, le 18 août 2021 (AFP)
Des soldats israéliens participent à un exercice militaire près de la frontière avec la Syrie, sur le plateau du Golan annexé par Israël, le 18 août 2021 (AFP)
Par MEE à WASHINGTON, États-Unis

D’après le mediaWalla!News, des responsables israéliens ont exprimé leur inquiétude face aux sanctions américaines contre la Russie, en réponse à une potentielle invasion de l’Ukraine,  qui pourraient nuire aux intérêts sécuritaires d’Israël en Syrie.

Citant des sources anonymes, le site d’information indique que les liens étroits entretenus par Israël avec les États-Unis pourraient compromettre sa coordination avec Moscou dans le cadre des opérations en Syrie.

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« Les sanctions américaines contre la Russie mettent Israël dans une position très embarrassante », aurait ainsi déclaré un responsable. « Les États-Unis sont un allié stable de longue date, mais Israël a besoin de la Russie compte tenu des circonstances au Moyen-Orient. »

Ces dernières années, Israël a lancé des centaines de frappes aériennes sur son voisin en guerre, visant à empêcher l’Iran de profiter du chaos qui sévit depuis dix ans.

Le président américain Joe Biden a publié lundi un décret imposant des sanctions aux deux républiques séparatistes de l’est de l’Ukraine soutenues par la Russie, après que le président russe Vladimir Poutine a reconnu leur indépendance vis-à-vis de Kiev. 

Jonathan Finer, principal adjoint du conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, a employé mardi le terme d’« invasion » pour décrire le déploiement de troupes russes dans les deux régions séparatistes pro-russes d’Ukraine.

Dans une allocution prononcée plus tard dans la journée de mardi, Biden a également utilise ce qualificatif et annoncé de nouvelles sanctions de grande ampleur à l’encontre de Moscou en représailles aux manœuvres de Poutine.

« Les sanctions américaines contre la Russie mettent Israël dans une position très embarrassante »

- Un responsable israélien

Israël n’a pas encore commenté officiellement les sanctions émises par Washington. Interrogé quant à savoir si Israël allait suivre les États-Unis et sanctionner la Russie, le ministre israélien des Affaires étrangères Yair Lapid a déclaré dimanche que son pays « réfléchir[ait] à la voie à suivre ».

Le conflit ukrainien place Israël dans une position délicate, puisqu’il est un allié proche et de longue date des États-Unis, mais entretient également de bonnes relations avec la Russie et l’Ukraine.

Plusieurs responsables israéliens ont indiqué lundi que s’ils devaient choisir entre la Russie et les États-Unis, ils seraient contraints de se ranger du côté de Washington.

« Notre cœur penche vers les États-Unis », a déclaré à Channel 12 Nachman Shai, ministre des Affaires de la diaspora, avant d’ajouter qu’Israël s’efforçait de ne pas « prendre une position publique claire, avec le grand espoir de voir cette crise se terminer sans tirs, sans victimes et sans confrontation militaire ».

La Russie « profondément préoccupée » par les frappes israéliennes

La Russie et Israël cherchent à gérer la situation en Syrie et ont établi en 2015 une ligne directe pour éviter les confrontations dans l’espace aérien syrien. 

Eran Lerman, ancien directeur adjoint du Conseil national de sécurité israélien, a précédemment déclaré à MEE qu’Israël était « déterminé à ne rien faire qui puisse causer la mort de Russes sur le sol syrien », et qu’une partie de ce processus consistait à s’assurer à l’avance que les avions russes ne se trouvent pas dans les zones visées par Israël.

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Toutefois, la Russie a récemment exprimé sa « profonde préoccupation » face aux frappes israéliennes actuelles sur le territoire syrien, affirmant qu’elles pourraient aggraver les tensions dans la région et représenter un danger pour les vols commerciaux.

« La poursuite des frappes israéliennes contre des cibles à l’intérieur de la Syrie suscite une profonde préoccupation », a déclaré au début du mois Maria Zakharova, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, citée par l’agence de presse TASS.

« Une fois encore, nous demandons avec insistance à la partie israélienne de s’abstenir d’un tel recours à la force », a-t-elle poursuivi.

La Russie a également annoncé récemment l’exécution de patrouilles conjointes avec l’armée de l’air syrienne sur l’espace aérien longeant les frontières de la Syrie, y compris dans la région du plateau du Golan occupée par Israël, suscitant des spéculations selon lesquelles Israël hésiterait davantage à frapper la Syrie.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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