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L’Égypte veut une zone tampon aérienne à la frontière avec la Libye

Des médias libyens affirment que l’armée de l’air égyptienne a effectué mercredi des frappes aériennes à sept kilomètres à l’intérieur du territoire libyen faisant quatre morts parmi les garde-frontières de Haftar
Un avion de combat égyptien de retour après des frappes en Libye en février 2016 (AFP/Ministère égyptien de la Défense)
Un avion de combat égyptien de retour après des frappes en Libye en février 2016 (AFP/Ministère égyptien de la Défense)
Par MEE

L’Égypte cherche à établir sur sa frontière occidentale une zone tampon aérienne d’au moins quinze kilomètres à l’intérieur de la Libye pour empêcher les flux d’armement et arrêter la contrebande à l’intérieur du territoire égyptien, selon le site Arabi21.

L’expert militaire Adel Abdel Kafi a déclaré au site internet que la zone tampon s’étendrait de 15 à 20 kilomètres et qu’elle serait mise en œuvre unilatéralement, sans coordination avec les forces du maréchal Khalifa Haftar, dont les forces contrôlent actuellement la frontière libyenne.

Adel Abdel Kafi a déclaré que la zone tampon serait maintenue via une surveillance aérienne continue, de sorte que toute personne entrant dans la zone pourrait potentiellement être ciblée par des militaires ou des hélicoptères.

Des chaînes de télévision et des sites internet libyens affirment que l’armée de l’air égyptienne a effectué mercredi des frappes aériennes à sept kilomètres à l’intérieur du territoire libyen, visant six véhicules militaires et faisant quatre morts parmi les garde-frontières de Haftar.

Traduction : « Une vidéo montre les dégâts du bombardement par l’aviation égyptienne contre des cibles militaires libyennes à la frontière entre la Libye et l’Égypte. »

Ce n’est pas la première fois que l’Égypte intervient en territoire libyen.

En 2015, après la diffusion d’une vidéo montrant l’assassinat de 21 Égyptiens de confession chrétienne copte par le groupe État islamique, Le Caire avait reconnu pour la première fois avoir bombardé le positions (camps d’entraînement, arsenaux) de l’organisation en Libye, à proximité de la frontière égyptienne.

Une « menace terroriste largement surestimée »

L’armée égyptienne avait récidivé en 2017, après une nouvelle attaque contre un bus transportant des coptes dans laquelle 29 personnes avaient été tuées, puis en 2020 contre un convoi d’une vingtaine de véhicules accusés de transporter « des terroristes et des armes ».

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En novembre 2021, sur la base de « documents confidentiel défense », le média d’investigation Disclose révélait que l’Égypte avait dévoyé, avec la complicité de Paris, des renseignements fournis par la France au nom de la lutte antiterroriste pour cibler des trafiquants à la frontière égypto-libyenne, en particulier sur une vaste zone allant de l’oasis de Siwa (au sud) aux villes du delta du Nil.

« C’est là que se concentrent les pick-up de contrebandiers qui franchissent la frontière libyenne en direction du Caire, d’Alexandrie ou de la vallée du Nil. Des véhicules tout-terrain conduits le plus souvent par des jeunes âgés de 18 à 30 ans, des civils qui peuvent transporter des cigarettes, de la drogue ou des armes, mais aussi du maquillage, de l’essence ou encore du riz et des céréales », rapporte Disclose.

Selon Jalel Harchaoui, chercheur au sein de l’ONG suisse Global Initiative Against Transnational Organized Crime, la « menace terroriste venant de Libye est largement surestimée par l’armée égyptienne afin d’obtenir du soutien sur la scène internationale ».

« Depuis 2017, aucun groupe armé n’est implanté dans la partie Est de la Libye. Il n’y a quasiment aucun élément permettant d’affirmer que l’EI ou d’autres groupes utilisent le trafic de drogue pour financer leurs opérations en Libye », conclut également un rapport de l'Institut européen pour la paix publié en mai 2020.

Traduit partiellement de l’anglais (original).

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