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La Tunisie en discussion avec les Émirats et l’Arabie pour renflouer ses caisses

L’agence de notation Moody’s a dégradé d’un cran la note souveraine de la Tunisie, prévenant que si d’importants financements n’étaient pas sécurisés, le pays s’exposerait à un risque de défaut de paiement 
La crise économique tunisienne se caractérise par une croissance en berne depuis dix ans – de 0,6 % par an en moyenne – et une forte inflation de 6 % par an (AFP/Fethi Belaïd)
La crise économique tunisienne se caractérise par une croissance en berne depuis dix ans – de 0,6 % par an en moyenne – et une forte inflation de 6 % par an (AFP/Fethi Belaïd)
Par AFP

La Tunisie est en discussion avec les Émirats arabes unis (EAU) et l’Arabie saoudite pour renflouer les caisses de l’État qui se tarissent sous l’impact d’une double crise économique et politique, selon un responsable de la Banque centrale, cité par des médias locaux.

Dans des propos rapportés récemment par deux radios privées, Mosaïque FM et Shems FM, et confirmés lundi à l’AFP par un responsable de la Banque centrale de Tunisie sous couvert de l’anonymat, Abdelkarim Lassoued, chargé des financements et paiements extérieurs au sein de cette institution, a fait état de « discussions avancées avec l’Arabie saoudite et les Émirats pour renflouer les ressources de l’État ».

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M. Lassoued n’a pas précisé le montant de l’aide financière sur laquelle portent les discussions, ni sous quelle forme elle serait attribuée. 

La crise économique tunisienne, caractérisée par une croissance en berne depuis dix ans – de 0,6 % par an en moyenne – et une forte inflation de 6 % par an, a été frappée de plein fouet par la pandémie de coronavirus qui a mis le pays à l’arrêt et l’a privé de cruciales recettes touristiques.

La crise a été aggravée par le coup de force du président Kais Saied qui, invoquant un « péril imminent » menaçant le pays en raison d’une impasse politique, s’est arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet en limogeant le gouvernement et en suspendant le Parlement dominé par le parti d’inspiration islamiste Ennahdha.

Ces mesures ont été dénoncées par l’opposition et des ONG comme une dérive autoritaire et suscitent des inquiétudes au sein de la communauté internationale pour la pérennité de la démocratie en Tunisie, berceau du Printemps arabe en 2011.

« Un tarissement aigu des ressources financières extérieures »

M. Saied a reçu le soutien des Émirats et de l’Arabie saoudite, deux pays en première ligne de la lutte contre l’islam politique dont Ennahdha est l’émanation en Tunisie.

Le Conseil d’administration de la Banque Centrale de Tunisie a exprimé sa préoccupation début octobre concernant « le tarissement aigu des ressources financières extérieures, face aux besoins importants pour boucler le budget de l’État pour l’année 2021 ».

À la mi-octobre, l’agence de notation Moody’s a dégradé d’un cran la note souveraine du pays, qui est passée de B3 à Caa1, signifiant que la confiance accordée aux finances tunisiennes diminue.

« Si d’importants financements ne sont pas sécurisés […] il existe un risque de défaut de paiement » du pays, a par ailleurs prévenu Moody’s.

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