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Après la découverte d’un immense champ de gaz en mer Noire, la Turquie en position de force en Méditerranée orientale

Selon le président turc Recep Tayyip Erdoğan, ce gisement comprendrait 320 milliards de mètres cubes de gaz. Mais des sources à Ankara ont évoqué jusqu’à 800 milliards de mètres cubes
Le président turc Recep Tayyip Erdoğan salue le départ du navire de forage turc Fatih pour la mer Noire, au cours d’une cérémonie à Istanbul (Reuters)
Le président turc Recep Tayyip Erdoğan salue le départ du navire de forage turc Fatih pour la mer Noire, au cours d’une cérémonie à Istanbul (Reuters)
Par Ragip Soylu à Ankara, TURQUIE

La Turquie a officiellement annoncé la découverte d’une importante réserve de gaz naturel en mer Noire, laquelle pourrait satisfaire les besoins en gaz du pays pendant près de sept ans.

Dans une allocation télévisée regardée avec grand intérêt dans tout le pays, le président turc Recep Tayyip Erdoğan a révélé que cette réserve de gaz faisait 320 milliards de mètres cubes et constituait la plus grande découverte dans l’histoire de la Turquie. 

Erdoğan a déclaré que son gouvernement prévoyait d’exploiter ce gaz en 2023, pour marquer le 100e anniversaire de la République turque.

« L’énergie joue un rôle important dans l’indépendance nationale. Notre avenir s’éclaircit avec la découverte de ce gisement de gaz. Nous laisserons un meilleur pays aux générations à venir », a affirmé le président Erdoğan.

Il a ajouté que cette réserve tient son nom, Sakarya, du troisième fleuve de Turquie qui se jette la mer Noire, aussi site de la bataille qui a scellé le sort de la guerre d’indépendance en août 1921.

« Nous nous attendons à découvrir davantage d’énergie dans des puits près de Sakarya », a annoncé Erdoğan.

Depuis 2010, le gouvernement turc s’est doté de trois navires de forage et deux navires sismiques pour mener des programmes d’exploration et de forages énergétiques.

La recherche de ressources énergétiques par Ankara en Méditerranée orientale suscite des frictions avec ses voisins.

La Turquie a consommé environ 45 milliards de mètres cubes de gaz en 2019, importés pour près de 99 %, selon les rapports du gouvernement. Les importations coûteraient 12 à 13 milliards de dollars chaque année. 

Le ministre des Finances turc Berat Albayrak, qui s’est joint à l’annonce d’Erdoğan en direct depuis le navire de forage Fatih, qui a découvert le gisement, a déclaré que ces nouvelles réserves serviraient à atténuer l’actuel déficit de la Turquie.

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D’après le ministre de l’Énergie Fatih Dönmez, des premières évaluations indiquaient que des puits à proximité contiendraient davantage de réserves. Des sources à Ankara ont suggéré que les réserves de gaz pourraient atteindre 800 milliards de mètres cubes. 

Un responsable turc a confié à Middle East Eye que cette découverte de gaz placerait la Turquie en position favorable dans de futures négociations concernant les importations de gaz avec la Russie, l’Iran et les États-Unis.

« Cela aura également un impact sur la Méditerranée orientale car il va à terme éclipser le gisement de gaz Leviathan en Israël », a déclaré ce responsable. « Pour le gaz israélien, le meilleur chemin passe par la Turquie. Et les plans grecs consistant à utiliser le gaz contre la Turquie dans un front régional va échouer. » 

En comparaison, le gisement de gaz israélien du Leviathan contient 620 milliards de mètres cubes de gaz et le gisement égyptien Zohr contient 850 milliards de mètres cubes.

La Turquie a récemment diversifié ses sources d’énergie, réduisant la part du gaz russe dans ses importations de 52 % à 33 % au cours des trois dernières années. La Turquie a acheté davantage de gaz naturel liquéfié américain et qatari pour remplacer ses importations russes et iraniennes. 

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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