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Des réfugiés quittant la Turquie pour la Grèce attaqués en mer

Une vidéo semble montrer des garde-côtes grecs en train d’essayer de faire chavirer une embarcation bondée avant de s’en prendre aux réfugiés avec un bâton
Des réfugiés afghans arrivent sur l’île grecque de Lesbos sur un bateau transportant 58 personnes (AFP)

Des embarcations transportant des réfugiés quittant la Turquie pour la Grèce auraient été attaquées par des hommes armés et des garde-côtes grecs dans au moins deux incidents distincts, selon des ONG humanitaires et des responsables turcs. 

Ces derniers affirment qu’un enfant s’est noyé et qu’un autre réfugié aurait été abattu lundi, tandis que des milliers de personnes tentent d’atteindre la Grèce depuis que la Turquie a annoncé qu’elle ne les retiendrait plus

Traduction : « Des images diffusées par le gouvernement turc montrent les garde-côtes grecs tentant de faire couler un bateau de réfugiés ce matin, au large de Bodrum. »

Lundi, les autorités turques ont diffusé une vidéo qui montre selon eux les garde-côtes grecs tenter de couler un bateau au large du district de Bodrum en Turquie, situé à moins de 20 kilomètres de l’île grecque de Kos. 

« Des garde-côtes grecs ont effectué des manœuvres visant à faire sombrer le bateau pneumatique en route pour la Grèce transportant des migrants en situation irrégulière », ont déclaré les garde-côtes turcs dans un communiqué.

« Ils ont ensuite ouvert le feu. Plus tard, les migrants en situation irrégulière dans le bateau pneumatique ont été frappés avec de longs bâtons utilisés pour les manœuvres. »

La première victime de l’impasse actuelle aux frontières européennes est un enfant, mort lorsqu’un bateau transportant 48 personnes a chaviré, ont indiqué les garde-côtes grecs lundi matin. 

Traduction : « “Dégagez”, hurlent des habitants : les jeunes enfants sur le bateau venant de Turquie sont sidérés, tous les passagers sont silencieux. La police et les garde-côtes se contentent de regarder. »

Des sources au sein de la sécurité turque ont déclaré à Reuters qu’un réfugié syrien avait été tué à la frontière terrestre avec la Grèce, où les garde-frontières grecs ont utilisé des gaz lacrymogènes pour repousser les réfugiés tentant d’entrer dans le pays. Les autorités grecques démentent, qualifiant ces informations de « fake news ». 

La Turquie indique que 10 000 réfugiés et migrants se sont dirigés vers ses frontières depuis qu’elle a annoncé qu’elle ne les empêcherait pas de partir pour l’Europe, comme elle le faisait depuis la signature d’un accord avec l’Union européenne en 2016

Le président turc Recep Tayyip Erdoğan a déclaré lundi que la Turquie ne se « sacrifierait plus unilatéralement » en accueillant les réfugiés à la place de l’Europe.

L’association d’aide aux migrants Alarm Phone a en outre déclaré dimanche qu’un bateau était tombé dans une embuscade tendue par des hommes cagoulés qui tentaient de détruire son moteur. L’ONG a signalé d’autres embarcations laissées à la dérive par les garde-côtes grecs et turcs à proximité. 

Dans un communiqué, Alarm Phone a accusé les deux pays de jouer « un jeu dangereux avec la vie des gens ». 

« L’Europe édicte une politique de la “porte fermée”, appliquée par le gouvernement de droite en Grèce qui envoie la police anti-émeute et les forces spéciales pour dissuader des personnes fuyant la guerre, le conflit et la faim et qui cherche à suspendre temporairement leur droit à demander l’asile et à les expulser immédiatement dans leur pays d’origine », a déclaré l’ONG. 

Traduction : « *ÇA SE PASSE MAINTENANT*
Un bateau transportant 49 personnes (dont 18 enfants) a été attaqué deux fois par une vedette avec des hommes cagoulés de noir près de #Mitilini à la frontière entre Skala Mistegnon et Panagiouda. Le moteur a été détruit lors de la première attaque et ils rament désormais à mains nues. »

L’agence de l’ONU pour les réfugiés, le HCR, a déclaré avoir enregistré l’arrivée de 1 200 personnes sur les îles égéennes de l’est de la Grèce et a appelé « au calme et à l’apaisement des tensions aux frontières de la Turquie avec l’Union européenne ».

« Tous les États ont le droit de contrôler leurs frontières et de gérer les mouvements irréguliers, mais ils doivent dans le même temps se retenir d’utiliser une force excessive ou disproportionnée et entretenir des systèmes pour gérer les demandes d’asile de manière ordonnée. »

Le HCR a également souligné la nécessité d’un soutien pour les 950 000 Syriens déplacés par une offensive du gouvernement dans le nord-est de la Syrie dans la province d’Idleb, dernier bastion rebelle après neuf ans de guerre civile. La Turquie garde sa frontière avec la Syrie fermée depuis que les violences se sont intensifiées en décembre. 

Les combats entre l’armée turque et les forces du président syrien Bachar al-Assad soutenues par la Russie se poursuivent depuis que 33 soldats turcs ont été tués à Idleb jeudi. La Turquie avait prévenu la Syrie qu’elle exercerait des représailles après la reconquête par les forces du gouvernement syrien de plusieurs avant-postes turcs établis dans le cadre d’un accord de démilitarisation signé en 2018. 

Le ministre turc de la Défense Hulusi Akar a déclaré mardi que la Turquie avait depuis détruit des dizaines de chars, d’hélicoptères et d’obusiers, ajoutant que 2 212 soldats du gouvernement avaient été « neutralisés ».

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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