Aller au contenu principal

En France, l’Union des démocrates musulmans est la surprise des européennes

Le parti, qui vise à rassembler les musulmans de France et à lutter contre l’islamophobie, a fait un bon score dans certains quartiers français
Un électeur tient sa carte électorale pour voter aux élections européennes au bureau de vote de la mairie du Touquet, dans le nord-ouest de la France, le 26 mai 2019 (AFP)
Par MEE

« Vous avez été 28 448 à vous exprimer sur tout le territoire national en dépassant ainsi haut la main les listes antimusulmanes […] ». C’est par ces mots que Nagib Azergui, tête de liste de l’Union des démocrates musulmans français (UDMF), a félicité ses électeurs.

Fondé en 2012, l’UDMF se revendique d’une gauche anti-impérialiste, anticolonialiste, dont le but principal est de rassembler les musulmans de France et de lutter contre l’islamophobie.

Alors que le parti a participé à plusieurs élections locales et nationales depuis 2014, le résultat qu’il a obtenu lors des élections européennes de ce dimanche a surpris.

S’il n’a réuni que 0,13 % au niveau national, dans certains quartiers, notamment dans le département des Yvelines, en banlieue parisienne, il a concurrencé certains partis traditionnels.

« Avec 16,74 % de voix dans le quartier du Val-Fourré à Mantes-la-Jolie, la liste de l’Union des démocrates musulmans menée par Nagib Azergui fait quasiment jeu égal avec la France insoumise. Il totalise 6,77 % sur l’ensemble de la ville », commente le quotidien français Le Parisien.

L’UDMF, qui veut jouer un rôle au niveau européen et promouvoir « une Europe au service des peuples […] face à une Europe aujourd’hui entre les mains des lobbyistes mettant en concurrence les populations entre elles », se prépare désormais pour les élections municipales qui auront lieu en France en 2020.

« Je peux d’ores et déjà vous annoncer que de nombreuses communes représenteront l’UDMF aux prochaines municipales », a affirmé Nagib Azergui dans un communiqué publié par le parti.

Les réactions face à ce score n’ont pas tardé. Le délégué départemental du Rassemblement national (ex-Front national) en Seine-et-Marne, Aymeric Durox, a ainsi jugé le résultat de l’UDMF « hallucinant », prédisant « des municipalités aux mains des islamistes en 2020 ».

En France, le terme islamiste et son corollaire, celui d’islam politique, ont une connotation généralement négative. En avril dernier, le président Emmanuel Macron a promis « d’être intraitable », à l’égard de tous ceux qui, « au nom d’une religion, poursuivent un projet d’islam politique qui veut faire sécession avec notre République ».

D’autres internautes ont accusé les électeurs de ce parti de vouloir « une France musulmane sans laïcité ».

Nagib Azergui a répondu à ces critiques en évoquant les obstacles que son parti a dû surmonter, notamment des propos islamophobes dans certains médias ou encore le recouvrement ou l’arrachage de ses affiches officielles.

https://www.facebook.com/524640677579649/posts/2303908486319517/

Le fondateur de l’UDMF a déclaré dans une interview accordée au média LeMuslimPost que son parti ne cherchait pas à « insister sur une spécificité musulmane » et qu’il était « laïque, respectant les lois de la République ».

Il a précisé que son objectif était bien, cependant, de « répondre à une nécessité face à la banalisation de la haine du musulman qui va à l’encontre du vivre-ensemble et d’agir ensemble ».

Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].