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Manifestations contre le maréchal Sissi en Égypte

Des vidéos postées sur les réseaux montrent des manifestants au centre du Caire et dans d’autres villes d’Égypte réclamer le départ du président Abdel Fattah al-Sissi. Une première depuis l’été sanglant du coup d’État militaire de juillet 2013
Par MEE

« Le peuple veut faire tomber le régime » [ الشعب يريد إسقاط النضام ], le célèbre slogan des manifestations qui ont secoué l’Égypte et tout le monde arabe en 2011, a fait son retour sur la place Tahrir, au centre du Caire hier, vendredi 20 septembre.

Des vidéos postées sur les réseaux sociaux montrent des manifestations de quelques centaines d’Égyptiens au Caire, mais aussi dans d’autres villes, à Alexandrie, à Suez, réclamant la fin du régime du président Abdel Fattah al-Sissi.

Les manifestations en Égypte avaient été réprimées dans le sang, lors du coup d’État de juillet 2013, où Sissi avait renversé le premier président démocratiquement élu d’Égypte, Mohamed Morsi, décédé en prison il y a à peine deux mois, le 17 juin 2019.

https://twitter.com/ZaidBenjamin5/status/1175117236148682752?s=20

Si le nombre de manifestants que l’on voit à travers les vidéos postées sur les réseaux sociaux ne semble pas être spectaculaire, le courage physique de ceux qui sont descendus dans la rue pour réclamer le départ du maréchal Sissi serait à relever, étant donné que l’armée et les services de sécurité égyptiens n’avaient pas hésité à tirer sur les manifestants qui protestaient contre le coup d’État militaire à l’été 2013, faisant des centaines de victimes.

En Égypte, personne n’a encore oublié le massacre de la place Rabia al-Adawiya, le 14 août 2013, au Caire, où les forces de sécurité ont tué près de mille personnes et blessé près de 4 000 selon les rapports des organisations de droits de l’homme.

La terreur que fait subir le régime militaire d’Abdel Fattah al-Sissi aux opposants politiques ou militants des droits de l’homme et journalistes est largement documentée dans de nombreux rapports d’ONG humanitaires égyptiennes et internationales qui font état de plus de 50 000 prisonniers politiques, dont l’écrasante majorité sont des Frères musulmans.

C’est donc dans cette atmosphère de sombre dictature militaire que des manifestants sont sortis vendredi et ont repris les slogans du printemps arabe de 2011.

Un correspondant de Middle East Eye au Caire affirme que près de 200 manifestants marchant vers Tahrir ont été « violemment dispersés », tard dans la soirée de vendredi.

« Il n’y a pas eu de morts, mais j’ai vu environ 20 à 25 personnes être arrêtées et embarquées dans les fourgons de police. Certains ont été libérés plus tard. En ce moment, le centre-ville est rempli de policiers anti-émeute et en civil », a décrit le correspondant de MEE, dont le nom ne sera pas cité à cause des restrictions contre les journalistes en Égypte.

La police a utilisé des grenades lacrymogènes pour disperser les manifestants de la place Tahrir et des dizaines de personnes ont été interpellées.

La plupart des magasins du centre-ville du Caire, qui habituellement restent ouverts très tard pendant la nuit, étaient fermées vendredi  soir.

Depuis plusieurs jours, les hashtags anti-Sissi s’étaient multipliés. Des appels à manifester avaient été lancés par un magnat de l’immobilier et acteur égyptien Mohamed Ali, qui avait posté des vidéos décrivant de manière explicite des actes de corruption attribués au président Sissi et à la classe au pouvoir en Égypte.

Photo postée sur Facebook par le magnat de l'immobilier en exil Mohamed Ali, en juillet 2018. (Facebook/Mohamed Ali)
Photo postée sur Facebook par le magnat de l'immobilier en exil Mohamed Ali, en juillet 2018 (Facebook/Mohamed Ali)

Mohamed Ali, âgé de 43 ans, est en exil en Espagne. Il accuse les hauts responsables du pays d’avoir détourné des sommes colossales des fonds publics à leurs fins personnelles.

Dans une vidéo qu’il a postée très tôt samedi 21 septembre au matin, il a ouvertement appelé à un coup d’État militaire contre le maréchal Sissi, en demandant au ministre de la Défense égyptien, Mohamed Zaki, de renverser Sissi.

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