Libye : les autorités rivales annoncent des élections prochaines et l’arrêt des combats
Les autorités rivales en Libye ont annoncé ce vendredi l’organisation d’élections et la cessation de tous les combats sur le territoire.
Fayez al-Sarraj, chef du Conseil présidentiel du Gouvernement d’union nationale (GNA), basé à Tripoli et reconnu par l’ONU, a appelé à la tenue d’« élections présidentielles et parlementaires en mars prochain sur une base constitutionnelle qui bénéficie du consensus de tous les Libyens », selon un communiqué publié sur Facebook.
De son côté, Aguila Saleh, président du Parlement, basé dans l’est du pays, a lui annoncé dans un communiqué distinct des élections, sans avancer de date, et demandé à « toutes les parties » d’observer « un cessez-le-feu immédiat et l’arrêt de tous les combats sur tout le territoire libyen ».
Dans sa déclaration, le GNA a précisé que le cessez-le-feu était conditionnel à la démilitarisation des villes stratégiques de Syrte et al-Djoufrah.
Dans son communiqué diffusé par la Mission d’appui des Nations unies en Libye (MANUL), Aguila Saleh ne mentionne cependant pas la démilitarisation de Syrte et al-Djoufrah, mais propose l'installation d’un nouveau gouvernement à Syrte, ville natale de l’ex-dictateur Mouammar Kadhafi puis bastion du groupe État islamique (EI).
Les administrations ont également appelé à la fin du blocus pétrolier imposé par des forces rivales depuis le début de cette année.
La MANUL a salué ces deux déclarations et appelé à l’expulsion de toutes les forces étrangères et mercenaires en Libye.
Une crise qui dure depuis près de dix ans
La Libye a été plongée dans le chaos lorsqu’un soulèvement soutenu par l’OTAN en 2011 a renversé le dictateur de longue date Mouammar Kadhafi, qui a ensuite été tué.
Le pays a depuis été divisé entre des administrations rivales basées à l’Est et à l’Ouest, chacune soutenue par des groupes armés et des gouvernements étrangers.
Les deux autorités rivales sont en guerre pratiquement depuis la formation du gouvernement de Sarraj en décembre 2015.
Le général rebelle Khalifa Haftar, commandant de l’autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL), a lancé une offensive en avril 2019 pour tenter de capturer Tripoli.
Cependant, son offensive s’est effondrée en juin lorsque les combattants du GNA, soutenus par des forces déployées par la Turquie, ont remporté une série de victoires, chassant les hommes de Haftar de la périphérie de la capitale et d’autres villes de l’Ouest.
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, qui, avec notamment les Émirats arabes unis et la Russie, soutenait les forces de Haftar et envisageait encore récemment de déployer des troupes dans le pays, a salué l’annonce, la qualifiant d’« étape importante sur la voie d’un règlement politique ».
« Difficile »
Plusieurs tentatives, parrainées par l’ONU et des acteurs internationaux, dont ceux impliqués directement dans le conflit libyen, n’ont pas réussi à faire aboutir à un cessez-le-feu durable ces dernières années.
Même si la Libye d’après-Kadhafi n’est toujours pas dotée d’une nouvelle Constitution, des « élections parlementaires sont en théorie possibles », mais en pratique il serait difficile de réaliser des élections « pluralistes » et dans un climat « serein », estime auprès de l’AFP Jalel Harchaoui, chercheur à l’Institut Clingendael de La Haye.
« Saleh demande un nouveau Conseil présidentiel depuis plusieurs mois […] Cela, couplé avec un emplacement à Syrte, participerait à un processus qui permettrait petit à petit de transformer Syrte en une capitale administrative », selon lui.
La question est de savoir si les annonces des deux rivaux seront « pleinement réalisables. […] Selon toute vraisemblance, la mise en œuvre sera difficile », affirme le spécialiste.
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